Sergei Skripal speaks to his lawyer from behind bars seen on a screen of a monitor outside a courtroom in Moscow on Wednesday, Aug. 9, 2006. Skripal a retired Russian colonel recruited by British intelligence in the mid-1990s was sentenced Wednesday by a military court in Moscow to 13 years imprisonment for spying, officials said. (AP Photo/Misha Japaridze)

Arrêté en Russie, il avait été renvoyé vers l’Angleterre dans le cadre d’un échange d’espions digne de la Guerre froide.

Comme au temps de la Guerre froide, un ex-espion russe au service de Sa Majesté, arrêté en Russie puis libéré lors d’un échange d’espions en 2010, aurait été mystérieusement empoisonné, ont rapporté lundi 5 mars de nombreux médias britanniques.

Cette affaire a immédiatement fait ressurgir le souvenir de l’affaire Litvinenko, du nom d’un ex-agent du FSB (services secrets russes) et opposant à Vladimir Poutine, empoisonné en 2006 à Londres au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique.

Un puissant opiacé

Cette fois, un homme d’une soixantaine d’années a été hospitalisé dimanche « dans un état critique » à Salisbury dans sud de l’Angleterre, a annoncé la police du Wiltshire, sans donner son identité, de même qu’une femme d’une trentaine d’années qui se trouvait avec lui. Ils ont été retrouvés inconscients sur un banc, dans un centre commercial de Salisbury.

« Les deux personnes, dont nous pensons qu’elles se connaissent, ne présentaient aucune blessure visible ». « Elles sont traitées pour une exposition présumée à une substance toxique », a précisé la police. L’homme aurait été empoisonné au fentanyl, un puissant opiacé, avance le quotidien The Guardian.

Selon la BBC, il s’agit de Sergueï Skripal, un ex-colonel du renseignement militaire russe. Accusé d’espionnage au profit du Royaume-Uni, il avait été condamné à 13 ans de prison en Russie en 2006. Il avait été payé 100.000 dollars pour fournir au MI6, le renseignement britannique, les noms des agents russes présents en Europe, selon la BBC.

Le spectre de l’affaire Litvinenko

Avec trois autres agents russes, il avait ensuite fait l’objet d’un échange en 2010 contre dix agents du Kremlin expulsés par Washington, dont Anna Chapman, une jeune femme d’affaires russe surnommée la « nouvelle Mata Hari » à New York. Cet échange, au terme duquel il s’était réfugié en Angleterre, était le plus important depuis la fin de la guerre froide.

Cette affaire évoque celle de l’empoisonnement d’Alexandre Litvinenko qui avait fui la Russie pour Londres avec sa famille en octobre 2000. Il y avait rejoint le milliardaire Boris Berezovski, farouche ennemi de Vladimir Poutine, lui-même décédé dans des circonstances non élucidées en mars 2013.

Alexandre Litvinenko collaborait avec les services secrets britannique et enquêtait sur d’éventuels liens entre le Kremlin et des réseaux mafieux. Selon les conclusions de l’enquête menée par la justice britannique après sa mort, il avait été empoisonné alors qu’il prenait un thé avec Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun, deux ressortissants russes, au Millenium Hotel, dans le centre de Londres.

Une mort suspecte dans les années 1970

« Le fait que Litvinenko ait été empoisonné par du polonium-210 fabriqué dans un réacteur nucléaire suggère que messieurs Lougovoï et Kotvoun agissaient pour le compte d’un État plutôt que d’une organisation criminelle », avait souligné le juge Robert Owen, chargé de l’enquête.

Une autre affaire de meurtre survenue à Londres sur fond de guerre froide, n’a elle jamais été résolue. Le 7 septembre 1978, l’écrivain dissident bulgare Guéorgui Markov avait été piqué par le parapluie qu’avait laissé tombé un homme, alors qu’il remontait le Waterloo bridge. Pris d’une forte fièvre le soir même, Guéorgui Markov était décédé quatre jours plus tard à l’hôpital sans avoir été interrogé par la police. Lors de l’autopsie, une capsule pleine d’un poison fort, le ricine, avait été découverte dans la jambe de la victime.

En 2002, Oleg Kalouguine, un ex-général du KGB, a affirmé que les soviétiques avaient fourni l’arme du crime sur demande du dictateur bulgare Todor Jivkov. Une enquête judiciaire ouverte en Bulgarie a été classée sans suite en 2013 en raison du délai de prescription.

AFP

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