Angela Merkel et François Hollande <i>,</i> mercredi, à Minsk.

INFOGRAPHIE – Le texte négocié entre dirigeants allemand, français, ukrainien et russe prévoit notamment un cessez-le-feu et une zone démilitarisée en Ukraine.

 

Après seize heures de négociations particulièrement ardues,Angela Merkel et François Hollande ont arraché aux dirigeants russe et ukrainien une «déclaration de soutien» à un accord de règlement du conflit. Le principal mérite de ce texte, en tout cas pour les Européens, qui veulent éviter «une guerre totale», est le cessez-le-feu qui doit entrer en vigueur dimanche et fait espérer un répit dans l’escalade militaire. Pour le reste, il s’agit d’un accord fragile et incomplet, qui fait la part belle aux intérêts de la Russie en Ukraine. Les deux parrains européens du processus de paix, la chancelière allemande et le président français, ne s’y sont pas trompés. L’accord de cessez-le-feu «ne garantit pas une paix durable… Tout peut encore se décider dans un sens ou dans un autre», prévient François Hollande. «C’est une lueur d’espoir, mais pas moins, pas plus», a renchéri Angela Merkel, qui attend encore «que les paroles soient suivies par des actes».

Inspiré du premier accord de Minsk, signé le 5 septembre 2014 mais jamais appliqué, le nouveau texte n’évoque ni la fédéralisation ni la neutralité de l’Ukraine, dont Kiev avait fait des lignes rouges. Il respecte l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Mais il héberge en son sein une bombe à retardement: le contrôle de la frontière russo-ukrainienne.

Sous la pression de Vladimir Poutine, qui aurait insisté toute la nuit pour que soit prise en compte cette exigence, il a été reporté aux calendes grecques. C’est-à-dire qu’il ne devrait pas intervenir avant la fin de l’année 2015, une fois que toutes les autres questions – retrait des troupes et des armes lourdes, élections locales, discussions sur le statut – auront été réglées. «L’ordre des priorités a été inversé par rapport à “Minsk 1”. Et comme la responsabilité de l’ordre public, dans l’accord, incombe aux milices locales, cela signifie de facto la fin de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Les Russes ont obtenu un contrôle total sur l’est du pays», explique une source proche des négociateurs ukrainiens. Sans contrôle, les frontières entre le Donbass et la Russie risquent en effet d’être «effacées» par Moscou et par les séparatistes. Ces derniers ont d’ailleurs réservé un accueil triomphal au plan de paix. Pour le leader de la «république de Donetsk» Alexandre Zakhartchenko, c’est «une grande victoire».

Ce nouveau cessez-le-feu sera-t-il plus solide que le précédent, qui n’avait même pas tenu plusieurs jours? Vladimir Poutine, poussé à la table des négociations par les menaces américaines de livrer des armes à l’Ukraine, l’utilisera-t-il comme une pause dans la guerre? Un répit lui permettant, en l’absence de contrôle aux frontières, de renforcer les séparatistes en troupes et en armes avant de les lancer à l’assaut de nouvelles portions du territoire ukrainien? Paraphé par les séparatistes et des représentants ukrainiens, le texte de l’accord n’a pas été signé par la partie russe. Et si l’on en croit Kiev, une cinquantaine de chars et d’autres équipements lourds, notamment des lance-roquettes, ont pénétré en Ukraine depuis la Russie en plein milieu des négociations.

Si le cessez-le-feu est respecté, l’Est ukrainien pourrait devenir un «conflit gelé», comme la Transnistrie en Moldavie, comme l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en Géorgie. Un «statut» qui affaiblit le gouvernement central et empêche tout rapprochement avec des alliances internationales comme l’Otan, la principale ligne rouge de Moscou. S’il est si défavorable aux Ukrainiens, pourquoi Petro Porochenko a-t-il endossé la «déclaration de soutien» à l’accord de Minsk? Sans doute parce qu’il n’avait pas le choix. Sur le terrain, c’est Vladimir Poutine qui est en position de force. Mise en difficulté par la suprématie militaire des séparatistes et des forces russes, l’armée ukrainienne n’a plus les moyens de résister seule. Sa survie, comme l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dépend désormais du soutien que lui apporteront – ou pas – les Occidentaux. Or, Barack Obama attend de voir si le cessez-le-feu est respecté avant de prendre une décision concernant une éventuelle livraison d’armes. Les responsables ukrainiens n’avaient pas intérêt à jouer les fauteurs de troubles.

L’avenir du cessez-le-feu et de l’accord «Minsk 2» ne dépend pas seulement de Vladimir Poutine mais aussi des Occidentaux. «Si le texte est lu comme une promesse de paix qui mérite la fin des pressions et l’allégement des sanctions, l’apaisement sur le terrain ne fera pas long feu. Si au contraire les Occidentaux restent fermes vis-à-vis de Poutine tout en aidant les Ukrainiens, l’histoire peut-être différente», affirme une source proche des négociateurs ukrainiens.

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

4 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

[…] et leur autonomie comme peuples. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle en est arrivéMinks2. À ce jour Kiev se résiste à cette concertation assurant un statut particulier pour cette […]

[…] et leur autonomie comme peuples. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle en est arrivé Minks2. À ce jour Kiev se résiste à cette concertation assurant un statut particulier pour cette […]

[…] et leur autonomie comme peuples. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle en est arrivé Minks2. À ce jour Kiev se résiste à cette concertation assurant un statut particulier pour cette […]

[…] et leur autonomie comme peuples. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle en est arrivé Minks2. À ce jour Kiev se résiste à cette concertation assurant un statut particulier pour cette […]