La Syrie s’apprête à une trêve qui pourrait tenir. Assad demeure, les Etats-Unis d’Obama exclus du jeu. 

Le Président Vladimir Poutine a annoncé que le gouvernement syrien et les rebelles ont signé un accord de trêve et sont sur le point d’entamer des négociations de paix. Cet accord mis en oeuvre à minuit, jeudi 29 décembre, exclut l’Etat Islamique et l’ex-Front al Nusra (Jabhat Fatteh al-Sham) ainsi que tous les gs qui leur sont liés. Il n’a pas dit,en revanche, quels groupes rebelles couvre l’accord.

« Nous attendons cet événement depuis longtemps et travaillons très dur, a déclaré Poutine lors d’une rencontre avec les ministres de la défense et des affaires étrangères. Il déclare que les deux camps ont signé trois documents :

Le premier document couvre les conditions de cessez-le-feu ; le second est un train de mesures visant à observer le cessez-le-feu et le troisième est une déclaration de préparation à entamer des négociations de paix sur l’Etat des lieux en Syrie et la fin du conflit.

Poutine a souligné que l’accord syrien reste fragile et qu’il requiert une attention très spéciale et de la patience,ainsi qu’un contact constant entre les partenaires.

Le Ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusoglu a déclaré plus tôt, que la Turquie et la Russie agiront comme les garants du plan en vigueur. Ces deux pays soutiennent des camps opposés dans le conflit, qui fait rage depuis plus de cinq ans. Si c’est vrai, si l’accord de trêve est respecté, cela pourrait mettre fin à six as de guerre civile qui ont tué plus de 430.000 personnes et chassé de leurs maisons plus de 11 millions de réfugiés.

 

 

 

 

Les sources de Debkafile ajoutent : l’initiative russo-turque, avec la cooptation presque certaine de l’Iran, amène la guerre en Syrie plus proche qu’elle ne l’a jamais été de sa fin, au bout de cinq longues années de conflit et de bain de sang. Son succès est actuellement mis à l’épreuve et cela se poursuivra à travers les discussions de paix au Kazakhstan.

Vladimir Poutine en a pris le pari en étoffant l’intervention militaire directe de la Russie dans ce conflit brutal, il y a seize mois et en utilisant ses forces aériennes pour renverser la tendance en faveur d’une victoire de Bachar Al Assad – qui était clairement en fin de partie au moment de l’intervention russe.

C’est soit une simple coïncidence du calendrier, soit mûrement ébauché, mais l’annonce de Poutine d’une trêve en Syrie a atterri sur une scène internationale mouvementée. Le Président américain Barack Hussein Obama et un groupe de Sénateurs soupesaient mercredi un appel à de nouvelles sanctions contre la Russie afin de la punir pour une ingérence supposée de hackers dans la campagne présidentielle américaine, bien que de nombreux cyber-experts occidentaux remarquent l’absence de preuves concrètes pour en attestersans la moindre contestation possible.

Au bout du compte, le Secrétaire d’Etat sortant John Kerry a livré son dernier coup d’adieu anti-israélien, dans une longue tirade abracadabrantesque d’une longue heure et dix-sept minutes entièrement consacrée à l’insaisissable paix palestino-israélienne [à l’heure même où Poutine mettait une touche finale à son arrangement syrien, qui a au moins le mérite de ne pas patiner dans le vide].

Le contenu du discours de Kerry et l’amertume de la tonalité employée soulignent fortement à quel point l’Administration Obama est restée totalement déconnectée des réalités du Moyen-Orient et de ses dernières évolutions, dans un reflux majeur de toute influence américaine sur les événements centraux de ce monde.

Quatre points importants ressortent de l’annonce du cessez-le-feu de Poutine en Syrie  :

1. La Syrie ne peut pas célébré de paix finale -ni même une fin totale des hostilités. Même si les 62.000 combattants des sept principaux groupes rebelles et des forces gouvernementales déposaient vraiment les armes à partir de jeudi minuit, la guerre contre les groupes djihadistes les plus importants, l’Etat Islamique et la succursale d’Al Qaïda en Syrie, le Jabhat Fatteh al Sham, se poursuivra.

Face à cela, la situation des groupes djihadistes subit une transformation vers le pire, puisque l’armée du gouvernement syrien et ses soutiens vont maintenant avoir les mains libres pour se focaliser uniquement sur l’objectif de les écraser pour de bon. De l’autre côté, certaines franges des groupes rebelles peuvent aussi rejeter la trêve et les négociations de paix sur la table [où ils n’ont pas grand chose à gagner puisqu’Assad a toutes les cartes en main, sauf les gesticulations d’Assad contre les Kurdes] et ils peuvent préférer continuer le combat dans les rangdes groupes islamistes les plus ultra-radicaux, emportant leurs armes avec eux.

2.  L’Administration Trump entrante à Washington se présente avec de sérieux défis,en matière d’influence mondiale, à cause du succès du Président russe dans l’arrêt des combats dans toutes les parties de Syrie, après la percée et la victoire du gouvernement appuyé par la Russie à Alep. La Russie, par ses exploits s’est élevée à un nouveau statut stratégique renforcé au Moyen-Orient.

Le Ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a déclaré jeudi, que l’Administration Trump serait la bienvenue si elle se joignait au processus de paix en Syrie, dès sa prise de fonction le 20 janvier.

C’est une invitation pleine de condescendance envers les Etats-Unis d’arriver à un événement historique d’avancée vers la paix comme un nouveau joueur et pas en tant que super-puissance globale. Donald Trump devrait probablement ne pas accepter ce rôle subalterne contenu dans l’invitation, à moins que Poutine et lui ne passe un arrangement tranquille par avance pour mieux répartir les rôles.

3.  La présence continue des forces syriennes en Syrie reste une question importante, en relation avec la participation d’armées étrangères combattant à sa place sur son territoire. Poutine a indiqué qu’il était prêt à une réduction partielle des forces militaires russes, jeudi, quand il a rencontré ses ministres de la défense et des affaires étrangères, afin de se concerter sur les prochaines mesures à prendre en Syrie.On cite le Ministre russe de la Défense Andreï Shoïgu disant : La Russie est prête à diminuer son déploiement en Syrie, qui comprend plusieurs dizaines d’avions à voilure fixe,aux côtés d’hélicoptères, de navires et de soldats des forces spéciales.

« Toutes les conditions sont réunies pour la réduction du regroupement des forces russes en Syrie », a déclaré Shoïgu, sans en dire plus sur l’étendue de la réduction de cette force, quelles forces seraient retirées.

Les Russes montrent ainsi le chemin pour que Téhéran commence à retirer ses propres forces et celles du Hezbollah, ainsi que ses milices chiites de Syrie, une exigence que la Turquie a également faite, en tant que co-garante avec la Russie de la trêve en Syrie. L’Iran devrait probablement prétendre n’avoir rien entendu de ces messages, au moins durant les premières phases du processus de désescalade de la guerre en Syrie.

4. La question ne se pose même plus de savoir si Assad demeure au pouvoir à Damas. L’exigence d’Obama à ce propos n’a jamais coïncidé avec l’agenda de la situation sur le terrain ou n’a jamais été réaliste.

 

DEBKAfile Reportage Spécial 29 Décembre 2016, 4:47 PM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

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