Le Président Abdel Fattah al Sissi ravive rapidement le rôle de l’Egypte en tant que dirigeant du monde arabe, en avançant lentement mais sûrement, vers une forme de nouveau leadership au Moyen-Orient, malgré les blocages dus à la politique du « pilotage par l’arrière » sous le Président Barack Obama.

Longtemps snobé par Obama, après son coup militaire de 2013contre le gouvernement islamiste de Morsi, Sissi s’est éloigné de la politique d’alliance exclusive de son prédécesseur militaire Hosni Moubarak avec Washington. Il a négocié de nouveaux achats d’armes avec Moscou et tiré parti de l’annulation de la vente de quatre bateaux de guerre Mistral à la Russie pour les acheter, ainsi que de nouveaux avions de combat Rafale à prix cassés.

Selon tous les critères égyptiens, don achèvement de l’expansion du trafic par le Canal de Suez constitue une victoire économique majeure.


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Le Président Abdul Fatah Sisi lors de l’inauguration du nouveau bras du Canal de Suez. / Reuters

 

Sissi est sur le point d’étouffer complètement le Hamas à Gaza, cette branche armée qui trouve son origine chez les Frères Musulmans. L’armée égyptienne a inondé les tunnels de contrebande à partir du Sinaï, par lesquels l’Iran armait le Hamas et grâce auxquels le trafic de contrebande remplissait ses coffres. Dans une coopération tacite avec Israël, il a sérieusement réduit ce trafic à travers le passage égyptien vers Gaza. Et il fait tout ce qu’il peut pour briser la mainmise du Hamas, en annonçant qu’il veut que la loi de l’Autorité Palestinienne revienne s’imposer à Gaza.

La semaine dernière à l’ONU, il a appelé à un règlement arabe complet des questions avec Israël, reconnaissant de fait la nouvelle alliance tactie des Etats sunnites du Moyen-Orient contre les Mollahs chiites d’Iran.

En effet, malgré leurs déclarations publiques de soutien, ce n’est un secret pour personne que tous les alliés américains de la région craignent que « l’accord » d’Obama sur les armes nucléaires n’a fait qu’apporter une nouvelle puissance insoupçonnée à l’Iran.

Néanmoins, Al-Sissi a lancé un bouquet de roses en direction de Washington, en insistant sur le fait que les relations « s’améliorent » après avoir admis un « véritable test » d’endurance et de force durant les deux dernières années. Il a aussi tenté de désarmer ses détracteurs sur le plan des droits de l’homme, en libérant  deux journalistes d’Al-Jazeera, que son régime a accusé d’agir en tant qu’agents des islamistes – sans que ce soit totalement immérité, étant donnée la longue histoire de cette agence de presse en tant que porte-parole d’Osama Ben Laden.

Sissi poursuit une campagne impitoyable contre les extrémistes islamistes, face à une insurrection croissante dans la Péninsule du Sinaï, désormais liée à Daesh. Et, pour la première fois de mémoire vivante, la frontière ouest de l’Egypte avec la Libye chaotique est aussi confrontée à une insurrection islamiste. Les terroristes se sont avérés capables de mener des bombardements et des attentats contre la police, même jusqu’au Caire. Sissi a répliqué par la liquidation de centaines de suspects de terrorisme et toute une série de procès – mis en cause par les groupes occidentaux des droits de l’homme- condamnant son prédécesseur Morsi et d’autres dirigeants de Frères Musulmans à mort.

Sissi n’en a pas moins des réponses pour les questions du moment les plus critiques du Moyen-Orient, comme par exemple, que faire en Syrie. Il fait allusion à son alignement avec ceux – dont certains viennent juste de changer de position, comme la Chancelière Angela Merkel – qui souhaitent inclure le Président Assad dans un gouvernement provisoire. Il reconnaît que l’Occident et les Arabes ont un grave dilemme, face à la domination de plus en plus écrasante des opposants au régime syrien par les terroristes musulmans, dont, en premier lieu : Daesh.

L’Administration Obama reste toujours paralysée, coincée, indécise, au moins pour le moment, autour du raisonnement que toute solution en Syrie commence par le départ d’Assad, puisque c’est de son refus de toute concession aux manifestants alors encore pacifistes, que la guerre civile sanglante d’une durée de plus de quatre ans a pris son essor.

Le Caire et Washington rencontrent encore des divergences, lorsque Sissi explique qu’un accord israélo-arabe révolutionnerait la situation au Moyen-Orient, exhortant à la relance des discussions israélo-palestiniennes selon la formule du Premier Ministre Netanyahu exempte de toute précondition. Mais Kerry fait pression sur le Président palestinien Mahmoud Abbas, qui s’accroche encore difficilement au pouvoir après avoir annoncé son départ en retraite, d’attendre les résultats de « l’accord » iranien d’Obama.

Cependant, les visions toujours empathiques envers les frères musulmans, parmi les conseillers les plus proches d’Obama n’aident en rien à éventuel réalignement américano-égyptien.

Lundi 28 Septembre 2015 | Posté par WorldTribune.com

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Sol W. Sanders

worldtribune.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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