Sète: il y a 75 ans, l’Exodus menait 4500 réfugiés juifs vers..

11 juillet 1947

Exodus 1947 — WikipédiaCe jour-là, le tour de France passe à Sète. Or, le même jour, le « Président Warfield », vieux navire américain (construit en 1928), battant pavillon du Honduras embarque près de 4500 émigrants clandestins pour la Palestine.
Cette nuit là, môle Saint-Louis ? «L’Exodus 47» s’appelle encore le «President Warfield» (lire ci-desous) et à bord les rescapés de la Shoah – s’ils savent qu’ils ne sont pas les bienvenus pour Londres, mandataire de la Palestine- n’imaginent pas l’accueil que leur réservent les Britanniques, 30 ans après la Déclaration Balfour et alors que le monde vient de découvrir la shoah, plus de 6 millions des juifs d’Europe exterminés par les nazis, leurs alliés et leurs complices des pays occupés.
Oublié ce qu’écrivait le 2 novembre 1917 le ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni. «Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour la réalisation de cet objectif…» Pression des pays arabes : désormais Londres tente au contraire d’interdire le territoire aux immigrants juifs. Et pour l’heure, Ernest Bevin, lointain successeur d’Arthur Balfour, est attendu à Paris dans le cadre des négociations du plan Marshall…

18 juillet 1947

L'Exodus 1947 - Photographie | Encyclopédie multimédia de la ShoahAu large de Haïfa, le navire est encerclé par 5 bâtiments de la Royal Navy : il déploie son nom »Exodus 47 » et hisse le drapeau sioniste. Jeune capitaine courageux de 24 ans, Ike Aronowicz fait larguer les amarres pour ce qui deviendra une tragique odyssée. Bientôt encerclé par les destroyers britanniques puis éperonné en vue de la «Terre promise», l’Exodus 47 est finalement pris à l’abordage par les commandos qui gazent et matraquent les passagers avant d’ouvrir le feu face à leur résistance. 3 morts et près de 200 blessés. Sous contrôle, le navire est conduit à Haïfa.

19 juillet 1947

Les 1600 hommes, les 1784 femmes et les 955 enfants, débarqués à Haifa sont embarqués sur 3 « bateaux-cages », «  les émigrants devant être renvoyés vers les eaux où ils n’étaient embarqués ». 

«Auschwitz flottant» titre en une le quotidien marseillais Rouge Midi, le 30 juillet, 70 personnes choisissant à l’escale de débarquer en France, à Port de Bouc.

Dès la fin de 1944, la France était devenue une plaque tournante de l’action semi-clandestine pour l’immigration juive, pour combattre le Livre Blanc édicté par les Britanniques.

23 juillet 1947

Le Conseil des ministres français déclarent :
« Tout en reconnaissant que les émigrants sont passés sur son territoire, notre pays n’ aucune responsabilité dans leur départ. Si les bateaux touchent un de nos ports ; les passagers ne seront pas contraints de descendre à terre et des secours immédiats seront fournis à ceux qui voudraient demeurer sur notre sol. »
Ils vont y rester 20 jours !
« Port-de-Bouc est assommé de chaleur. Là-bas, dans la rade, sous les ponts surchauffés, dans les cales aux hublots, vissés, il y a 629 hommes, 654 femmes, 516 enfants à bord de l’Ocean-Vigour ; 601 hommes, 550 femmes, 443 enfants à bord de l’Empire-Rival ; 291 hommes, 259 femmes, 405 enfants sur le Runnymede-Park. »
Mais les « encagés » refusent toujours de débarquer
« A 18 heures, le 22 août, le Runnymede-Park, l’Ocean-Vigour, l’Empire-Rival lèvent l’ancre et font route vers la haute mer, par vent arrière. »

Le 23 août 1947

Le Foreign Office publie ce communiqué :
« Le gouvernement de Sa Majesté a demandé au gouvernement français de réadmettre en France par chemin de fer et à partir de la zone britannique d’Allemagne les 4500 émigrants illégaux dont la destination actuelle est Hambourg. Le gouvernement de Sa Majesté est bien conscient des considérations humanitaires qui ont motivé la décision du gouvernement français de ne pas coopérer à obliger ces émigrants à débarquer à Port-de-Bouc… »

Le 9 septembre 1947

Les 3 navires-cages sont à Hambourg et, l’un après l’autre, les émigrants clandestins sont débarqués de force :
« Des escouades armées embarquaient sans cesse au pas de course et plongeaient dans les cales. D’autres couraient le long des poutrelles du hangar en déroulant des lances à eau. On entendit quelques hurlements. (…)
Et là-bas, à 11 heures du matin, le 9 septembre, le temps était à peu près clair. C’est alors que nous avons vu les troupes du Sherwood Forester s’ébranler en files silencieuses, casquées, la matraque d’un côté, le gauche protégé par un brassard de caoutchouc les cernant jusqu’au coude. Des hommes portant des échelles et de fortes cisailles d’acier les précédaient. Les parachutistes, le fusil à la main, patrouillaient sur le pont.
Il n’y avait pas encore de communiqué officiel. Nous savions pourtant que les prisonniers du Runnymede-Park avaient décidé de tenir à bord et de s’accrocher à ce fond de cale gluant plutôt que de débarquer sans contrainte, au cœur même du pays qu’ils cherchaient vainement à fuir. »
L’affaire de l’Exodus joue ainsi  un rôle majeur dans le revirement diplomatique de sympathie envers les réfugiés et dans le vote du  plan de partage de la Palestine qui est soumis aux Nations Unies, le 29 Novembre 1947.

Jforum avec www.ladepeche.fr et à lire J.F. Armorin, Les Juifs quittent l’Europe, La jeune Parque. 1948

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