Accueil Israel Rahel Zini: ”J’ai commencé à raconter la Shoah en Israël”

Rahel Zini: ”J’ai commencé à raconter la Shoah en Israël”

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Rahel Zini est rescapée d’Auschwitz. A 96 ans, on peut dire qu’elle a pris sa revanche sur le nazisme: mariée au Rav Meïr Zini, z”l, elle est la mère du non moins célèbre Rav Eliahou Zini de Haïfa, ou encore la grand-mère du Colonel David Zini, officier réputé de Tsahal. Mère de six enfants, elle compte désormais une descendance de plus de 120 petits-enfants et arrière-petits-enfants!

Il y a une dizaine d’années, Rahel Zini et son mari se sont installés en Israël, après avoir vécu en Algérie pendant les années de la guerre puis en France pendant 40 ans. Ce n’est qu’une fois en Israël que la parole de cette rescapée de l’horreur de la Shoah s’est libérée.

Cette année, Rahel Zini a été choisie pour allumer l’un des six flambeaux, à la mémoire des six millions de Juifs assassinés pendant la Shoah, lors de la cérémonie du Yom Hashoah ve Hagvoura à la Knesset.  

 

Le P’tit Hebdo: Quand avez-vous commencé à raconter votre histoire de rescapée d’Auschwitz?

Rahel Zini: Lorsque nous vivions en Algérie puis en France, je n’ai jamais raconté ce que j’avais vécu. Il est vrai que dans ces années d’après-guerre, la parole n’était pas libérée et je n’ai jamais voulu décrire les souffrances par lesquelles ma famille et moi étions passées. Ce n’est qu’une fois en Israël que j’ai enfin décidé de partager mon histoire. Pendant des années, j’ai reçu des élèves de lycée chez moi pour leur transmettre mon vécu pendant la Shoah.

Lph: Pourquoi, à votre avis, le fait d’être en Israël vous a incitée à vous livrer?

R.Z.: Je pense que c’est parce qu’Israël est un pays différent des autres. Et mon expérience ici me l’a confirmé chaque jour. Je voudrais vous raconter deux anecdotes pour illustrer ce sentiment. Lors d’une des visites de lycéens que j’évoquais, lorsque le groupe est reparti, je vois une des jeunes filles présentes faire demi-tour et revenir vers moi. Je lui demande si elle a oublié quelque chose, elle me répond alors: ”oui, je voulais vous embrasser”! J’en ai été très émue.
L’autre témoignage que je voudrais vous livrer s’est passé avec un chauffeur de taxi. Lorsqu’il vient pour me prendre, je lui explique qu’étant une personne âgée, il allait devoir m’aider à ouvrir et fermer la portière, à sortir ma canne et qu’il devrait aussi m’aider à marcher jusqu’à ma porte. Il s’est mis à rire: ”Qu’est-ce que vous vous imaginez? Que je ne sais pas m’occuper des personnes âgées! Evidemment, je vous aiderai jusqu’à votre porte”. Arrivée chez moi, je lui demande combien je lui dois et il me répond: ”Ce que vous voulez. Et si vous ne me donnez rien, ce sera bien aussi”.
Dans quel pays au monde, peut-on trouver de telles personnes? C’est parce que nous vivons dans ce beau pays, au milieu d’un peuple incroyable, que je me suis sentie en devoir et à l’aise pour raconter mon histoire.

Lph: Que ressentez-vous à l’approche du 70e anniversaire de l’Etat d’Israël?

R.Z.: Je suis née en Tchécoslovaquie devenue malheureusement hongroise. Mon père était avocat, ma mère était d’une famille aisée. Nous vivions dans un château, dans un village de 350 personnes, entourés d’amis chrétiens. Nous avions même le téléphone, la radio et une voiture! Nous étions des Juifs assimilés. En 1943, mon père était menacé d’être arrêté malgré son statut d’avocat réputé. Un ami à lui, qui vivait dans un kibboutz, lui avait proposé de le rejoindre. Mais il n’a pas voulu, il disait qu’au carrefour des trois continents, on dormirait jamais tranquilles… Quelques mois plus tard, il a été emprisonné, nous n’avions plus de nouvelles pendant six mois. Il a été réquisitionné avec tous les hommes valides du ghetto. Ma mère, ma sœur enceinte de six mois et moi avons été déportées vers Auschwitz. Ce n’est que grâce à une suite de miracles au milieu d’atroces souffrances, de la faim et de la peur, que nous avons pu nous en sortir.

Israël a toujours été en nous. Depuis le départ. D’ailleurs lorsque nous vivions à Paris, mon mari envoyait ses élèves en Israël. Ils y ont construit une synagogue à Pisgat Zeev. Je peux dire qu’en réalité, nous sommes israéliens depuis 70 ans!

 

Lph: C’est pour vous une joie de voir l’ambassade américaine arriver à Jérusalem?

R.Z.: C’est très bien, mais quel plan de paix nous proposera-t-on en échange? Devrons-nous encore faire des concessions? Encore entendre parler de deux Etats?

 

Lph: Vous n’y croyez pas?

R.Z.: Non. Nous ne devons pas laisser se créer un Etat palestinien. Après Auschwitz, j’ai vécu douze ans en Algérie pendant la guerre. J’ai vu ma voisine arabe prête à donner son collier en or pour la cause terroriste alors qu’elle n’avait rien à manger. Alors je ne compte que sur notre peuple magnifique, notre gouvernement et sur le bonheur et la fierté de vivre sur cette terre.

 

Propos recueillis par Avraham Azoulay

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