Qui était Varian Fry (1917-1967)? Vidéo

Qui est Varian Fry, cet Américain qui a sauvé des milliers de vies durant la Seconde Guerre mondiale ?

Netflix vient de débuter à Marseille le tournage de « Transatlantique », une série événement consacrée au journaliste américain Varian Fry. “Juste” méconnu, il organisa depuis Marseille la fuite de milliers de juifs, intellectuels, artistes et opposants au nazisme.

Varian Fry est né le 15 octobre 1917 à New York. En 1935, il est correspondant à Berlin pour le journal américain The Living Age, et c’est dans la ville allemande qu’il est confronté pour la première fois à la violence des nazis envers les juifs.

Le jeune journaliste est profondément choqué par ce pogrom et participe à des levées de fonds destinés à soutenir les mouvements antinazis. De retour aux États-Unis, il tente d’alerter l’opinion sur la situation en Europe mais ses articles n’ont que peu d’écho.

Une liste de 200 noms de personnes à sauver des nazis

En vertu de l’article 19 de l’Armistice signée le 22 juin 1940, “le Gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants allemands désignés par le Gouvernement du Reich et qui se trouvent en France, de même que dans les possessions françaises, les colonies, les territoires sous protectorat et sous mandat.”

Est alors créé à New York l’Emergency Rescue Committee (ERC), un organisme d’assistance dont l’objectif est de porter secours aux intellectuels, artistes et militants antinazis menacés d’être livrés aux autorités allemandes. La Première Dame des États-Unis Eleanor Roosevelt obtient du département d’État américain l’octroie de 200 visas d’entrée réservés à des réfugiés.

Varian Fry arrive à Marseille en août 1940 avec 3.000 dollars en poche et une liste de 200 noms. Son séjour ne doit durer que 3 mois, il dure finalement un an. Et la liste originelle s’enrichit à mesure que les mois passent.

Le centre américain de secours : de la légalité à la clandestinité

Lorsqu’il arrive à Marseille, Varian Fry s’installe à l’hôtel Splendide où il contacte les personnes dont le nom est sur sa liste. Mais très vite les demandes d’aide affluent. Le journaliste américain n’agit pas seul, se constituent peu à peu autour de lui des réseaux clandestins. Outre son plus proche collaborateur le militant socialiste et résistant français Daniel Bénédite, Varian Fry bénéficie notamment de l’aide de Miriam Davenport, de l’acteur américain Charles Fawcett et des français Jean Gemähling et Charles Wolff. L’administration française, pas plus que le consulat américain, ne lui facilite la tâche.

L’organisation s’enfonce un peu plus dans la clandestinité. Grâce notamment au soutien financier de la mondaine Mary Jayne Gold et de la mécène et collectionneuse Peggy Guggenheim, proche de nombreux artistes, Varian Fry fonde le centre américain de secours (le CAS), établissement où les méthodes légales et illégales se côtoient. Des réfugiés parviennent à fuir par la mer ou par voie terrestre, à l’aide de faux papiers et de faux visas.

Chaque jour, plus de soixante personnes viennent demander de l’aide auprès du CAS. “Il n’y avait aucun moyen de savoir qui était vraiment en danger et qui ne l’était pas. Nous ne pouvions que deviner et la seule méthode sûre pour cela était d’accorder à chaque réfugié tout le bénéfice du doute. Faute de quoi, nous aurions pu refuser d’aider quelqu’un qui était vraiment en danger et apprendre par la suite qu’il avait été transporté à Dachau ou à Buchenwald parce que nous l’avions refoulé.”, expliquera Varian Fry quelques années plus tard.

La villa Air-Bel ou “Château Espère Visa”

Grâce au réseau de Varian Fry, la villa Air-Bel, vaste propriété de 18 pièces entourée d’un grand jardin située dans le quartier de la Pomme à Marseille, devient le refuge de nombre d’intellectuels, artistes et opposants politiques. S’y côtoient notamment l’écrivain André Breton, considéré comme un anarchiste par le régime de Vichy, qui vit dans la villa avec son épouse Jacqueline Lamba et leur fille Aube, le peintre Hans Bellmer, Benjamin Péret, Victor Brauner, Frédéric Delanglade, Óscar Domínguez, Max Ernst, Tristan Tzara, Wifredo Lam, André Masson, Victor Serge, Marc Chagall, Marcel Duchamp et beaucoup d’autres.

Les artistes surréalistes décident de créer un jeu de cartes sur le modèle du célèbre Tarot de Marseille, qu’ils revisitent. Le roi est remplacé par un génie, la reine par une sirène, le valet devient un mage. Quant au pique, au coeur, au carreau et au trèfle, ils disparaissent au profit de l’amour (rouge), du rêve (noir), de la révolution (rouge) et de la connaissance (noir), symboles du mouvement surréaliste.

4000 personnes bénéficient de l’aide des réseaux de Varian Fry et ce sont plus d’un millier d’entre elles qui peuvent quitter la France parmi lesquelles, outre de nombreux résidents de la villa Air-Bel, Claude Lévi-Strauss, Hannah Arendt, Jacques Lipchitz, les fils de l’écrivain Thomas Mann ou le médecin et biochimiste juif allemand Otto Meyerhof.

Varian Fry, premier Américain à être honoré du titre de Juste parmi les nations
En décembre 1940, Varian Fry est arrêté et détenu plusieurs jours par la police du régime de Vichy, se faisant confisquer son passeport. Il est expulsé de France courant 1941, alors qu’il était venu à Vichy pour demander l’amélioration des conditions d’internement dans les camps de la zone sud. Placé sous la surveillance du FBI, Varian Fry mène après la guerre une vie discrète aux États-Unis. Si discrète que son action demeura longtemps inconnue du grand public.

Il meurt en 1967 à l’âge de 59 ans, quelques mois après avoir été fait chevalier de la Légion d’honneur au consulat français de New York, et sans avoir mis un point final à l’écriture de ses Mémoires. Le United States Holocaust Memorial Council lui attribue en 1991 la médaille Eisenhower de la Libération.

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Et il est en 1994 le premier Américain à être honoré du titre de Juste parmi les nations par le mémorial israélien de l’Holocauste Yad Vashem. Comme l’artisan d’une autre liste, Oscar Schindler.

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