Au cours des siècles traversés par l’humanité, de nombreuses civilisations ont placé au centre de leur culture des valeurs comme la pouvoir, la beauté, la jeunesse, etc. Dans cette optique, l’être humain idéal est celui qui jouit d’une certaine puissance du corps ou même du cerveau.

Qui donc, exactement, va quitter l’Egypte? Réponse de Moïse

La paracha que nous lirons cette semaine (Bo) offre un contre-modèle qui frappe par sa radicalité. Alors que Pharaon envisage, pour la première fois, de laisser partir le peuple juif, il demande à Moshé de définir les contours du nouveau collectif (10:8): qui donc, exactement, va quitter l’Egypte ?

Et Moïse de répondre que le « peuple juif » inclut nécessairement les plus anciens et les plus jeunes (10:9). En d’autres termes, l’existence collective du peuple juif est fondée sur le ‘hessed donné aux moins favorisés. Sans inclusion des plus faibles dans la société, il ne peut pas y avoir de Sortie d’Egypte – et il ne peut pas y avoir de Judaïsme.

Une idée radicale alors, et encore radicale aujourd’hui, que j’ai trouvée dans les écrits du rav Jonathan Sacks z »l.

Par M. Bloch (Facebook)

Bô: la Sortie d’Egypte, l’acte fondateur

Le peuple hébreu accomplit deux mitsvot (commandements) en Egypte, grâce auxquelles il mérita sa délivrance, la circoncision et l’aspersion de sang du sacrifice pascal sur les linteaux des portes. « Mais je passai auprès de toi, je te vis t’agiter dans ton sang, et je te dis : ‘Vis dans ton sang !’ » (Ezéchiel 16, 6)….
Koide9enisrael: Paracha Bo : parabole du Maguid de Doubno

Le Maguid de Varsovie explique ce verset à l’aide de la parabole suivante.
Un homme habitant la grande ville se rendit à la campagne pour rencontrer un vieil ami. Il frappa à la porte, mais personne ne lui ouvrit. Voyant que son ami était absent, il s’assit dans le jardin pour l’attendre. Soudain, il ressentit une violente douleur au bras et il découvrit sur sa manche une abeille qui venait de le piquer.
Il sursauta de sa chaise et aperçut à quelques mètres de lui une ruche autour de laquelle s’affairait bruyamment un essaim d’abeilles. Il fut pris de pitié pour son ami qui souffrait d’un tel fléau dans son jardin, et décida de lui faire une surprise. Il s’empara d’une branche sèche qu’il enflamma et s’approcha courageusement de la ruche.
L’acre fumée qui se dégageait chassa rapidement les habitants de la ruche qui la quittèrent pour n’y plus revenir. Peu après, le propriétaire revint chez lui et se réjouit de retrouver une vieille connaissance. Après quelques échanges de politesse, l’invité raconta au maître des lieux son acte de bravoure, ne comprenant pas pourquoi ce dernier palissait au fur et à mesure qu’il lui narrait son combat héroïque.
« Vous m’avez ruiné. Il est vrai que les abeilles piquent de temps en temps, mais elles me fournissaient du miel que je revendais et de la cire avec laquelle je fabriquais des bougies. Vous m’avez mis sur la paille… »
A l’instar de l’invité qui ne voit que la piqûre de l’abeille et ignore ses bienfaits, nous aussi ne voyons dans l’exil que la douleur qu’elle occasionne, tout en ignorant que c’est dans ce creuset que notre avenir se forgera. « Vis dans ton sang ! » 

Par Chalom C    Source Chiourim  Publié par

 

LA PLAIE DES PREMIERS NÉS

Le Baâl HaTourim (1) voit dans la valeur numérique du mot BO (2+1) l’indication du fait que dans cette section vont être évoquées les 3 dernières plaies : les sauterelles, les ténèbres et la mort des premiers-nés.

D’autres, s’interrogent sur le fait de savoir pourquoi en hébreu la dernière des plaies est toujours précédée du mot « maka » = plaie. Les autres actes précédant n’ont-ils pas été des plaies ?

A ces pensées, vont pouvoir s’en adjoindre d’autres : lorsqu’HaShem ordonne à Moïse accompagné d’Aharon de se rendre auprès de Pharaon, IL lui dit « BO » ce qui se traduit par « viens » pourquoi ne lui dit-IL pas « vas » (lekh לך) ? Ceci pour faire comprendre à ce grand prophète qu’HaShem sera présent et IL l’accompagnera à chaque fois.

Mais, pour quelle raison le verbe ne se trouve-t-il pas au pluriel, puisque Moïse est toujours accompagné d’Aharon ? C’est parce qu’Aharon n’est pas le chargé de mission; il ne fait qu’accompagner Moïse qui se croit incapable de se faire comprendre à cause de ses difficultés d’élocution.

Au verset 3 il est écrit : ויבא משה ואהרון אלפרעה ויאמרו …. de façon littérale (mot-à-mot) on traduira et Moshé s’est rendu et Aharon et ils dirent. Ceci fait bien comprendre que la mission était bien celle de Moïse mais qu’Aharon l’accompagnait pour parler…..

A chaque occasion, avons-nous exposé précédemment et à plusieurs reprises, nous nous devons de rappeler que tel événement nous rappelle la sortie d’Egypte. Nous devons en effet sans cesse nous souvenir de cet épisode de notre Histoire qui fut une succession de prodiges et de miracles au-delà des limites du naturel, à portée hautement didactique pour tous et à tous les niveaux. Sous certains aspects, HaShem, Juge Suprême, juge les humains et leurs idoles. HaShem détruit tous les idéaux de personnes qui idolâtrent tout et n’importe quoi. L’Eternel a décrété : אעשה בהם שפטים : Je les jugerai… Tout ce qui existe en Egypte est jugé surtout le minéral, le végétal et l’animal….

La plaie des Ténèbres : l’espace s’emplit d’une matière palpable, compacte qui empêche tout mouvement, toute vision. Personne ne peut bouger : celui qui est assis ne peut se lever. Celui qui est debout ne peut s’asseoir. Celui qui est allongé ne peut se redresser. Les yeux ne peuvent rien apercevoir car tout est obscurcit. Sur chaque Egyptien se dépose une chape qui l’empêche de se mouvoir.

C’est ainsi que les Égyptiens ne purent savoir ce qui a eu lieu pendant les trois jours de ténèbres. Comme pour les autres plaies, dans les demeures des Juifs il y avait de la lumière et les Juifs pouvaient aller et venir et rendre visite même aux Egyptiens. Ils purent de cette manière inventorier les ustensiles précieux des proches habitants. C’est ainsi, que lors du départ, chacun put demander à son voisin et oppresseur des vases d’or ou d’argent et lorsqu’on les leur refusait, ils donnaient des précisions sur l’endroit où se trouvaient ces objets.

En fait, le Jugement divin n’eut pas lieu uniquement chez les Égyptiens mais sur les juifs impies également : en effet, nous savons de par les estimations faites par les Sages, que le peuple était si nombreux qu’il avait « débordé » de Goshen et s’était mélangé aux Égyptiens eux-mêmes car, du moment où les enfants de Jacob étaient arrivés en Egypte, s’était instauré un mode de vie tel que les femmes – ainsi que cela sera aux temps messianiques – portaient des grossesses multiples avec six enfants par grossesse. Les femmes pouvaient procréer sans les mêmes limites d’âge ! Et puis, en l’honneur d’Abraham le Patriarche, de nombreux non-juifs décidèrent d’adopter le mode de vie des descendants de Jacob…

HaShem a étendu Son jugement aussi sur le peuple qui s’était formé à Goshen et au-delà des limites de ce premier ghetto que fut cette région offerte à Sara lors de sa libération après qu’elle eut été enlevée par Avimélekh. C’est ainsi que durant ces trois jours de ténèbres sont morts et enterrés les quatre cinquièmes de la population juive d’alors (Rashi). Parmi ces personnes mortes lors des trois jours de ténèbres se trouvaient des gens –juifs- qui ne voulaient pas quitter l’Egypte. Rashi revient sur le phénomène de ces gens qui veulent toujours rester sur leur lieu d’exil comme ce fut le cas lors des divers exils tels celui de Salmanazar (en – 722) ou celui de Nabuchodonosor (en-586) où les Juifs sont restés où ils avaient échoué et ont fondé des communautés qui ont disparu, pour la plupart, par la suite. Et, ce cinquième de la population qui a été sauvé d’Egypte comptait tout de même plus de 2,000,000 de personnes !!!

Le Nil est déifié, il est frappé le premier… Lors de la plaie de la vermine, personnes et animaux sont frappés mais par la vermine. Lors de la plaie des bêtes sauvages, les humains sont touchés aussi mais par ces animaux dont certains sont idolâtrés, mais lors de la plaie des premiers-nés animaux et humains sont frappés dans leur chair par le Tout Puissant et par aucun autre intermédiaire !

Certains esprits pourraient ainsi penser que la vermine, que les bêtes sauvages etc.. ont été des intermédiaires, mais non, la plaie la plus significative de toutes les plaies reste celle des premiers-nés que Seul le Saint béni soit-IL connaît et que Seul IL fait périr par Lui-Même ainsi qu’il est écrit dans la Haggada : אני הוא ואלא אחר : Moi Seul et personne d’autre !!!

Ce serait l’une des raisons qui font que la mort des premiers-nés est toujours précédée du mot « maka » plaie, pour en souligner l’importance.

Les Sages soulignent que lorsque HaShem déclare qu’IL endurcira le cœur de Pharaon, sont utilisés en hébreu deux mots issus du nom de deux organes éminemment vitaux : le cœur (lev לב) et le foie (kaved כבד ). Pharaon est le roi de l’Egypte : melekh mitsrayim. Melekh est aussi un vocable constitué des initiales de trois organes vitaux sans lequel le roi ne peut être un bon souverain : Moah (cerveau/ siège de l’intelligence) Lev (cœur/ siège des sentiments – vis-à-vis de son peuple) Kaved (foie/corps ou matérialité). Autrement dit : le souverain qui sait par intelligence dominer ses sentiments et la matérialité est un homme de valeur.

Ici, HaShem a laissé Pharaon libre de penser pour pouvoir éventuellement amorcer une teshouva : un retour. Mais Pharaon n’a pas su régir et sublimer ses sentiments et son corps. Il n’a plus eu de possibilité de repentir.

Nous avons vu les semaines précédentes que les durs travaux imposés à la descendance d’Abraham, d’Isaac et de Jacob étaient destinés à purifier les Hébreux des impuretés amassées depuis les fautes d’Adam, puis de celles d’Enosh, de la génération du déluge, de la Tour de Babel ou de Sodome, chaque faute d’après sa propre essence (אמה« ס). Cette purification effectuée il en restait encore une à effectuer : celle de la Brith Mila : en effet, la mitsva du sacrifice pascal, de l’application du sang sur les linteaux des portes et sur les entrées des maisons, le fait de manger de cet agneau pascal devait se faire par des personnes ayant subi la circoncision, or, à deux reprises, cette mitsva fut interrompue : pendant l’exil en Egypte et pendant les 40 années de déambulations dans le désert. A la veille de la sortie d’Egypte et à « la veille » de recevoir la Torah, les mâles durent tous être circoncis.

Aussi, les agneaux furent achetés ou choisis le 10 nissan, et prêts à être sacrifiés la veille de la sortie par un peuple purifié.

Les agneaux représentaient un dieu égyptien aussi la population autochtone vit-elle d’un très mauvais œil le fait que les Hébreux sacrifient, rôtissent leurs idoles et les consomment et, qui plus est, que le sang serve à badigeonner l’encadrement des portes des Hébreux, que les os soient jetés aux chiens qui furent récompensés, de la sorte, de ne pas avoir aboyé la nuit où l’ange de la mort pénétra dans les maisons égyptiennes.

Caroline Elishéva REBOUH

(1) Le Ba’al Hatourim est le Rav Ya’akov ben Acher, le fils du Roch, un des grands piliers de la halakha. Le Roch a fui l’Allemagne, car son maître, le Maharam de Rottembourg avait été kidnappé par l’empereur de Habsbourg afin de demander une grande rançon aux juifs pour le libérer.

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