(FILES) In this file photo taken on May 11, 2021 commuters walk on a sidewalk during the morning rush hour in Beijing. - China's population shrank last year for the first time in more than six decades, official data showed January 17, 2023, as the world's most populous country faces a looming demographic crisis. (Photo by Greg Baker / AFP)

En Chine, la population baisse pour la première fois en plus de 60 ans

Le pays le plus peuplé au monde a vu sa population baisser de 850 000 personnes l’an dernier. Et ce, malgré l’assouplissement de la politique de limitation des naissances.

CHINE – Une mauvaise nouvelle pour l’économie de l’empire du Milieu. La Chine, pays le plus peuplé du monde, où vivent un sixième des habitants de la planète, a vu l’an passé sa population baisser, du jamais vu depuis six décennies.

En 2022, le nombre de naissances aura été de seulement 9,56 millions en Chine continentale, a annoncé ce mardi 17 janvier le Bureau national des statistiques (BNS). En parallèle, 10,41 millions de décès ont été recensés. La combinaison des deux phénomènes a produit une baisse de la population de 850 000 personnes. L’Inde devrait détrôner dès cette année la Chine en tant que pays ayant le plus d’habitants, a déjà annoncé l’ONU.

Cette chute s’annonce durable, peut-être jusqu’à la fin du siècle, selon des démographes, ce qui affectera durement l’économie et le système de retraites. L’économie du pays a été déjà affectée par les mesures drastiques mises en place -puis levée en décembre- pour contenir la pandémie. La Chine a connu en 2022 l’une de ses plus faibles croissances en quarante ans.

Une baisse « paradoxale »

C’est une première depuis 1960-1961, lorsqu’une famine, entamée en 1959, avait fait des dizaines de millions de morts suite aux erreurs de la politique économique du « Grand bond en avant ».

Paradoxalement, cette baisse intervient malgré l’assouplissement de la politique de limitation des naissances. Il y a encore 10 ans, les Chinois n’avaient le droit d’avoir qu’un enfant. Depuis 2021, ils peuvent en avoir trois.

Comment expliquer cette chute alors que les Chinois étaient autrefois connus pour leurs familles nombreuses ? Le coût de la vie a fortement augmenté en Chine, tout comme celui de l’éducation d’un enfant. Le niveau d’études plus élevé des femmes repousse également les grossesses.

Petites familles

« Il y a aussi l’habitude désormais d’avoir des petites familles, en raison de la politique de l’enfant unique en vigueur pendant des décennies », déclare à l’AFP Xiujian Peng, chercheuse spécialiste de la démographie chinoise à l’Université du Victoria (Australie).

L’envie d’avoir un enfant a également régressé chez les jeunes. « La pression économique est forte », explique à l’AFP Xiujian Huang, une jeune trentenaire de Pékin. « Je ne pense pas vraiment à avoir des enfants. Si je peux subvenir à mes besoins, peut-être que je ne chercherai même pas de copain. Beaucoup de gens pensent comme ça maintenant. »

En 2019, l’ONU pensait encore que la Chine n’atteindrait son pic de population qu’en 2031-2032. Mais depuis, le taux de fécondité s’est écroulé à 1,15 enfant par femme en 2021, loin derrière le seuil de renouvellement des générations (2,1). En France, il était de 1,8 en 2020.

« Le déclin et le vieillissement de la population (…) auront un impact profond sur l’économie chinoise, d’aujourd’hui à 2100 », prévient Xiujian Peng. « La baisse de la population active est synonyme de coût du travail plus élevé » et cela « affectera la compétitivité de la Chine sur le marché mondial », souligne-t-elle.

Croissance en chute libre

Selon les projections de son équipe, sans réforme du système de retraite, le paiement des pensions pourrait représenter 20 % du PIB en 2100 – contre 4 % en 2020. « La pression sur les actifs pour assurer les soins des personnes âgées sera croissante », déclare à l’AFP le démographe indépendant He Yafu.

La Chine a, par ailleurs, connu en 2022 l’une de ses plus faibles croissances en quatre décennies, selon des chiffres officiels publiés ce mardi, au moment où les restrictions sanitaires et la crise de l’immobilier pèsent lourdement sur l’activité. Le géant asiatique a suivi durant près de trois ans une stricte politique sanitaire dite du « zéro Covid ».

Ces mesures draconiennes ont fortement perturbé la production et les chaînes logistiques. Nombre d’usines et d’entreprises devaient fermer du jour au lendemain pour une poignée de cas de Covid-19, tandis que les Chinois limitaient leurs sorties et loisirs pour éviter de se retrouver cas contact.

Une politique finalement levée en décembre. Mais la décision a entraîné une hausse exponentielle du nombre de malades du Covid, ce qui constitue un frein majeur pour la reprise. Dans ce contexte, la Chine a vu en 2022 son produit intérieur brut croître de 3 %, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS).

Primes à la procréation

De nombreuses autorités locales ont lancé des mesures pour inciter les couples à procréer. La métropole de Shenzhen (sud) offre depuis quelques jours une prime à la naissance et des allocations versées jusqu’aux trois ans de l’enfant.

Un couple accueillant son premier bébé recevra d’office 3 000 yuans (410 euros), voire 10 000 yuans (1 370 euros) s’il s’agit du troisième. Au total, une famille avec trois enfants percevra 37 500 yuans (5 150 euros) de primes et allocations.

La province du Shandong (est) offre 158 jours de congés maternité (60 de plus que la norme nationale), dès le premier enfant. La métropole de Changsha (centre), qui limite les achats de logement pour enrayer la spéculation, autorise les couples à deux ou trois enfants à acheter un appartement supplémentaire.

Des mesures suffisantes ?

« Il faudrait surtout (que le gouvernement) affirme clairement qu’il n’y a plus de limite aux naissances, afin de recréer une véritable culture de la natalité », affirme He Yafu. « Un ensemble complet de mesures couvrant l’accouchement, la parentalité et l’éducation est nécessaire pour réduire le coût de l’éducation d’un enfant », estime Xiujian Peng.

La population chinoise pourrait décliner chaque année de 1,1 % en moyenne, selon une étude de l’Académie des sciences sociales de Shanghai dont les données ont été transmises à l’AFP. La Chine pourrait n’avoir que 587 millions d’habitants en 2100, soit moins de la moitié qu’aujourd’hui, selon les projections les plus pessimistes de ces démographes.

Par Le HuffPost avec AFP
Photo : le 11 mai 2021, des promeneurs marchent sur un trottoir à l’heure de pointe du matin à Pékin.

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