Après plusieurs semaines de combats effroyables, le second Temple fut incendié, à la date anniversaire de la destruction du premier, les 9 et 10 du mois d’Av. Plusieurs centaines de milliers de Juifs furent massacrés ou emmenés en esclavage à Rome.
Quand Jérusalem fut détruite par l’empire romain (2)
L’arc de Titus à Rome commémora la victoire romaine contre les Juifs. Il ne resta de la ville qu’une muraille de soutènement, le mur occidental, qui devint alors le Mur des Lamentations.
Aucun événement n’a autant marqué la mémoire juive pendant près de deux millénaires que la destruction du Second Temple, marqué par la journée de Ticha Beav qui est honorée cette année jeudi 27 juillet 2023. Tous les courants du Judaïsme furent éliminés par la violence de la guerre.
La dernière révolte juive
Soixante ans après la grande révolte juive, sous le règne de l’empereur Hadrien, une seconde grande révolte juive éclata.
Lorsqu’il prit la charge suprême de l’empire romain, à 42 ans Hadrien se considère comme le meilleur défenseur de la civilisation gréco-romaine. A la suite de sa visite en Judée, il prit des mesures antijuives.
La première année de la guerre, les révoltés conduits par Bar Kokhba enregistrèrent des victoires contre les armées romaines : un semblant de service était rétabli sur les ruines du Temple.
La riposte romaine fut terrible, l’empereur Hadrien vint lui-même en Judée : Jérusalem fut reprise et les Juifs atterrés par cette nouvelle se replièrent vers la Mer Morte, Massada et Bétar.
Les Romains pourchassèrent les Juifs et leurs familles réfugiées dans les grottes et toutes les poches de résistance sont vaincues.
Jérusalem fut alors complètement rasée. Débaptisée, elle porta désormais le nom romain d’Aelia Capitolina où un temple fut dédié à Jupiter sur l’emplacement du Temple des Juifs qui n’avaient plus le droit d’entrer dans la Ville sous peine de mort, la Judée désormais baptisée Palestine, fut désertée.
Pendant ce temps, le centre de la vie juive se reconstitua en Galilée autour de rabbins et d’érudits installés à Safed, Tibériade et Zippori où ils rédigent le Talmud[7].
Après la première révolte juive, Johanan Ben Zakkaï est parvenu à sortir de Jérusalem caché dans un cercueil[8].
Il obtint de Vespasien, futur empereur, l’autorisation de fonder une école rabbinique à Yavné.
Avec ses successeurs, il refonda un Judaïsme privé du Temple et de tout pouvoir temporel : élaboration de la Mishna 9 (codification de la loi orale), du Talmud dont celui de Babylone dépassa en renommée celui de Jérusalem. Un des deux Talmud était appelé Talmud de Jérusalem, alors qu’il avait été rédigé en Galilée. Le nom qui a été attribué à ce Talmud marquait l’engouement qu’éprouvent ses rédacteurs envers la Ville sainte.10
Désormais, les docteurs de la Loi devenaient les régulateurs de la religion juive. Jérusalem n’était plus qu’un vœu et un symbole d’espérance.
Pendant deux siècles, Jérusalem demeura une cité païenne. Si Jérusalem cessa d’être alors la capitale d’un état juif, durant le temps de la perte d’indépendance nationale, la ville demeura malgré tout le centre de la foi religieuse.
Pendant plus de 300 ans il fut interdit aux Juifs d’entrer à Jérusalem ou même de s’en approcher sous peine de mort.
Ville D’Élection Reflet de la Divine demeure Ville Royale, établie par David Pour sa messianique lignée Ville de Sainteté Initiée à travers ses prêtres Au service de L’Unique Révéré Ville éprouvée Site de toutes les convoitises Ville solitaire Longtemps endeuillée Ville éternellement attachée A ses serments de Fidélité Ville de toutes les mémoires De notre longue histoire Des lustres du passé Des douloureuses traversées Des déchirures, des silences Des séparations forcées Des souillures, des offenses Des soumissions imposées Ville qui, épousant le Temps Patiemment attendait… Ville qui espérait Le retour de ses enfants exilés Ville retrouvée par ceux Qui n’ont jamais cessé de t’aimer Non pour te ravir et t’enchaîner Mais pour te reconstruire, te parer Des neuf parts de beauté Dont le ciel t’a dotée Ville, malgré les années Belle et sans rides Souriant à nos espérances A tes constructeurs, à tes bâtisseurs Venus de loin te relever Ville qui ne s’est jamais reniée Qui relève la tête, métamorphosée Sous des traits de modernité. Ville toujours en quête De son intrinsèque pureté Ville en marche Vers les temps rédimés, retrouvant La voix de ceux qui ont prophétisé Ville qui aspire au vieux rêve du voyant Faire de Toi Jérusalem La Ville Habitée du Souffle De La Divine Présence De Lumière Révélée et de Paix.Yérouchalaïm par A Benchimol Z’l (2015) ![]() |
Quand Jérémie fut sorti de Jérusalem, un ange descendit du ciel, posa ses pieds sur les murs de la ville et les renversa, criant : « Qu’arrivent les ennemis, qu’ils entrent dans la maison dont le maître est absent, qu’ils la souillent et la détruisent ; qu’ils montent dans la vigne et qu’ils en coupent les ceps, puisque le gardien l’a abandonnée et qu’il s’en est allé ! » –
9 Av : la prophétie de Jérémie, gage de vérité (vidéo)
Les ennemis vinrent et montèrent au lieu où le roi Salomon s’asseyait pour prendre conseil des Anciens, au lieu où s’accomplit l’achèvement du Temple ; là même s’assirent les ennemis, prenant conseil sur les façons d’incendier le Sanctuaire.
Or tandis qu’ils délibéraient, ils levèrent les yeux et voici : quatre anges descendirent des hauteurs tenant dans leurs mains quatre torches allumées, et ils les mirent aux quatre coins du Temple qui s’embrasa.
Quand le grand prêtre vit que le Temple était en feu, il prit la clef du sanctuaire, la lança vers les cieux, ouvrit la bouche et dit : « Voici la clef de Ta Maison, dont je fus l’infidèle gardien. »– Puis il sortit pour s’éloigner ; mais les ennemis le saisirent et l’égorgèrent près de l’autel, où il offrait chaque jour le sacrifice. Sa fille vint suppliante et cria : « Hélas mon père, joie de mes yeux ! »
On la saisit et on l’égorgea et on mêla son sang au sang de son père. Et quand les prêtres et les lévites virent que le temple brûlait, ils prirent leurs harpes et leurs trompettes, et se jetèrent dans les flammes et furent consumés et quand les vierges qui tissaient les rideaux sacrés virent que le Temple brûlait, pour échapper aux souillures de l’ennemi, elles se lancèrent dans les flammes et furent consumées.-
Et quand le roi Sédécias eut vu ces choses, il sortit, afin de s’échapper par le souterrain qui mène à Jéricho et où passe la conduite d’eau.
Mais il se fatigua et ses fils marchèrent devant. Nébusanédan le vit ; on s’empara de lui et de ses dix fils, et Nabusarédan les envoya à Nabuchodonosor…
Et Sédécias dit au roi des Chaldéens : » Tue-moi le premier, que je ne voie pas la mort de mes enfants. » Mais ses fils parlèrent aussi : Tue-nous les premiers, que nous ne voyions pas couler sur la terre le sang de notre père. » – Et il en fut ainsi : il égorgea les fils ; il arracha au père, ses yeux et les jeta au feu, et l’emmena à Babylone. Et Sédécias cria : « Venez et voyez, vous tous, fils des hommes, ce que Jérémie avait sur moi prophétisé, disant : Tu iras à Babylone et tu mourras à Babylone, et tes yeux ne verront pont Babylone. Et je n’ai point écouté sa parole ; et me voici à Babylone et mes yeux ne voient point Babylone ! ».
Or le prophète sortit d’Anatot, pour retourner à Jérusalem. Il leva les yeux et vit monter la fumée du Temple.
Alors il dit en son cœur : « Peut-être les enfants d’Israël ont-ils fait pénitence ; peut-être ils offrent des sacrifices car la fumée des encensements s’élève au ciel. » – Et il s’approcha et monta sur les murs, et vit qu’autour du Temple, les pierres s’amoncelaient.
Et il poursuivit sa route et se mit à crier. Sur quels chemins les pécheurs sont-ils partis ? Sur quels chemins les perdus s’en sont-ils allés ? J’y veux aller et avec eux me perdre ! » – Et il alla et il vit le sentier rempli de sang et tous les lieux remplis du sang des égorgés, de tous côtés.
Et il abaissa ses yeux vers le sol ; et il vit les traces des pas des tout petits et des enfants qui avaient marché vers l’exil, et il se courba et les baisa. – Et lorsqu’il fut arrivé auprès des exilés, il les embrassa et pleura devant eux et ils pleurèrent devant lui et il commença à parler et leur dit : « Quand je remontais à Jérusalem, je levai les yeux et je vis une femme, assise au sommet du mont. Sa robe était noire, et ses cheveux dénoués, et elle criait et suppliait, cherchant quelqu’un qui la consolât.
Je m’approchai et lui dis : « Si tu es une femme parle-moi ; si tu es un esprit lève-toi de devant moi et disparais. » –
Et elle me répondit : « Ne me connais-tu point ? Je suis celle qui avait sept fils dont le père était parti au-delà des mers ; et tandis que j’étais monté sur la montagne pour sacrifier, un homme est venu et m’a dit ta maison s’est écroulée, écrasant tes sept fils. – Et je ne sais pas sur lequel je dois pleurer, pour lequel je dois arracher ma chevelure ? » – Et je lui répondis : « Tu ne vaux pas mieux que ma mère Sion, qui est devenue un pâturage pour les bêtes des champs. » –
Et elle me répondit : « Ta mère Sion c’est moi, la mère des sept fils, dont il est dit : Elle est fanée, celle qui sept fois enfanta. » – Et parlant au nom de l’Éternel, je lui répondis : « Ton malheur est pareil au malheur de Job ; à Job furent arrachés ses filles et ses ; à toi tes fils et tes fils et tes filles furent arrachés ; à Job, j’ai repris son argent et son or ; à toi j’ai repris ton or et ton argent ; Job je l’ai jeté dans l’ordure et toi je t’ai jeté sur un tas de fumier.
Mais comme j’ai préparé pour Job des consolations, pour toi, je prépare des consolations : A Job, j’ai doublé ses fils et ses filles ; tes filles et tes fils, je les doublerai : A Job, j’ai doublé son argent et son or, ton or et ton argent je le doublerai ; de Job j’ai secoué l’ordure et la fange, et de toi je secouerai la fange et la poussière. Et ta demeure, Ô Sion, que des hommes de sang et de chair construisirent, que des hommes de sang et de chair détruisirent, Moi, l’Eternel, dans l’avenir je la reconstruirai, ainsi qu’il est écrit : «Il reconstruit Jérusalem, l’Eternel, Il rassemble les enfants d’Israël. Amen ! (Pesikta Rabbathi, piska, 26), (Anthologie Juive d’Edmond Fleg)
Pour une lecture appropriée avec ce 9 Av, « Zahor » (Se souvenir, méditer, espérer)
Tisha Beav 2023
De la soirée du mercredi 26 juillet
À la soirée du jeudi 27 juillet
par Jforum avec A. B Z’l
Un juif ultra-orthodoxe prie au mur occidental le 17 juillet 2002 sur Tisha B’Av (crédit photo : LASZLO BALOGH/REUTERS)
[7] Talmud : en hébreu, enseignement. Ensemble des écrits tirés des enseignements des rabbins, de la loi orale, interprétation de la Bible hébraïque. Il est composé d’un texte central, la Michna (IIe siècle) et d’un commentaire de cette Michna, la Guemara (Ve siècle). Il existe deux compilations talmudiques : le Talmud dit de Jérusalem et le Talmud de Babylone
[8] Cf. Le Talmud de Babylone.
[9]Rabbi Akiva est l’un des plus importants maîtres de la troisième génération de docteurs de la Mishna (Ie-IIesiècles)
[10]Simon BarKokhba fut un patriote juif, et le chef de la dernière révolte des juifs contre l’empire romain.
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