Selon les médias arabes, Israël a exécuté sa troisième frappe contre des cibles syriennes et du Hezbollah dans le secteur des monts Qalamoun sur la frontière syro-libanaise, dimanche soir 26 avril, peu de temps après que le Hezbollah ait tenté d’implanter un engin explosif près d’un poste militaire du Golan israélien.
Mais ensuite, lundi matin, des sources anonymes provenant d’Israël ont attribué, de façon improbable, cette frappe aérienne à une possible action de l’opposition syrienne, réalisée par le Front Al Nusra.
Entretemps, le Hezbollah a été identifié comme le responsable de l’attentat avorté à la bombe contre le poste militaire de Sheita, qui surveille la frontière Nord d’Israël avec la Syrie sur le Golan. « Quatre terroristes ont placé un explosif sur la barrière près de Majdal Shams. Les forces aériennes ont déjoué cette attaque, les tuant tous les quatre sur le coup », a déclaré un porte-parole de l’armée.
A priori, la troisième frappe aérienne, attribuée à Israël, sur le territoire syrien, en à peine 5 jours, a touché, cette fois, les régions de Wadi a-Sheikh et Al Abasiya dans les montagnes de Qalamoun et constituerait des représailles contre l’attentat manqué du Hezbollah sur le Golan.
Cependant, les sources militaires de Debkafile offrent un angle tout-à-fait différent : il est plus probable que ce soit le début d’une campagne systématique d’Israël visant à éradiquer les bases militaires du Hezbollah repositionnées dans cette chaîne de montagnes, comme dépôts et rampes de lancement pour des tirs de missiles de longue portée contre Israël depuis le territoire syrien.
Le Ministre de la Défense d’Israël, Moshé Ya’alon a apporté un indice de cet objectif, lors d’une déclaration ferme disant qu’Israël ne permettrait pas à l’Iran d’armer le Hezbollah avec des armes avancées. Il n’a pas explicitement reconnu les frappes aériennes de ces derniers jours, mardi et samedi, qui ont fait l’objet de reportages des chaînes de télévision arabes, détaillant qu’elles auraient frappé des dépôts de missiles sol-sol, dans le Qalamoun. Mais il a presque vendu la mèche. Il a, en effet, accusé l’Iran d’essayer d’armer le Hezbollah avec des armements sophistiqués par toutes les routes et moyens possibles et imaginables. « Nous ne permettrons pas la livraison d’armes sophistiquées à des groupes terroristes, et au Hezbollah en particulier… ni au Hezbollah d’établir une infrastructure terroriste sur cette frontière avec Israël », a déclaré le Ministre, en ajoutant : « Nous savons comment mettre la main sur quiconque menace les citoyens israéliens, tout le long de nos frontières ou même très loin d’elles ».
Dans un rapport précédent, Debkafile a dévoilé que les forces syriennes et du Hezbollah étaient sur le point de mener une offensive, sous le commandement d’officiers des Gardiens de la Révolution, pour chasser les rebelles syriens de leurs dernières poches subsistantes, sur les versants de la montagne, de façon à nettoyer l’autoroute entre la Syrie et le Liban, qui relie les deux pays pour l’envoi de convois d’hommes de troupe et d’armes.
Nous avons aussi mentionné que le Hezbollah a déjà relocalisé une main d’oeuvre militaire substantielle et des stocks de missiles depuis le nord du Liban vers une enclave qu’il contrôle à présent, dans les montagnes syriennes de Qalamoun, en cas d’offensive contre Israël.
Cette attribution au Front al-Nusra de la frappe de dimanche soir, par « des sources anonymes », résonne plus comme une esquive de couverture que comme une hypothèse sérieuse. L’opposition syrienne n’a jamais réussi à faire usage de puissance aérienne contre les armées d’Assad et du Hezbollah. Al-Nusra a bien réussi à mettre la main sur une poignée de chasseurs-bombardiers de l’ennemi, mais n’a jamais acquis l’infrastructure technique, les munitions ni l’entraînement de pilotes suffisant pour les faire voler.
En tout cas, cette théorie improbable contredirait le message d’avertissement qu’Israël a clairement adressé à Damas et au Hezbollah, disant que toute violation de leur part des lignes rouges posées par Israël serait sanctionnée par une action de représailles pour frapper leurs installations militaires sur les frontières partagées, secteur après secteur – même au prix d’une épreuve de force avec l’Iran sur le théâtre de guerre syrien.
La destruction par Israël de la machine de guerre sur le Qalamoun devrait avoir quatre conséquences d’une grande portée :
1. Elle nuirait aux capacités de l’armée syrienne et frapperait directement au coeur du régime d’Assad.
2. Cela donnerait l’avantage à l’opposition syrienne, particulièrement au Front al Nusra, émanation d’Al Qaïda, qui émerge comme la force paramilitaire la plus puissante et efficace, dans l’ensemble du camp de l’opposition syrienne.
3. Cela interromprait la transformation des Monts Qalamoun en avant-poste d’attaque le plus important du Hezbollah contre Israël.
Il est difficile de penser que Téhéran puisse demeurer les bras ballants, si cette joute se poursuit en escalade et si Israël continue à écraser du poing les deux meilleurs atouts stratégiques de la République Islamique. Ce ne serait pas le style de l’Iran de choisir l’action directe. Téhéran ferait plutôt en sorte que l’armée syrienne et le Hezbollah intensifient leur campagne de terreur contre Israël, probablement en étendant l’arène des combats à travers les deux frontières du Liban et d’Israël.
La semaine dernière, l’Administration Obama a réussi à interrompre l’affrontement menaçant d’embraser les côtes du Yémen, entre les marines américaine, saoudienne et égyptienne et un convoi iranien. Washington fait probablement pression sur Israël et Téhéran pour s’assurer que la confrontation actuelle n’échappe pas à leur contrôle et explose en une épreuve de force militaire. Cela cela se produisait, Téhéran refuserait probablement de signer l’accord nucléaire qui en est à sa conclusion proche, avec les puissances mondiales menées par les Etats-Unis.
DEBKAfile Reportage Spécial 27 avril 2015, 10:57 AM (IDT)
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