Israeli Health Minister Yaakov Litzman speaks during a briefing to members of the media on the medical condition of former Israeli President Shimon Peres a day after he suffered a stroke, at a hospital near Tel Aviv, Israel September 14, 2016. REUTERS/Baz Ratner - RTSNPU9

Dans un sondage publié dans l’émission de Channel 2 « Les gens, » on a demandé aux répondants de classer les performances des ministres israéliens sur une échelle de 1 à 10. Les hommes politiques avec des profils publics et politiques élevés comme le Premier ministre Benjamin Netanyahou, Aryeh Deri, du Shas, président et ministre de l’Intérieur, Miri Regev, ministre de la Culture et Moshe Kahlon du parti Kulanou, président et ministre des Finances,  se trouvent au bas de la liste, avec des scores allant de 3,9 (Netanyahou et Deri) à 4,9 pour Regev. Tandis que l’homme politique ultra-orthodoxe du gouvernement les éclipse tous avec 6.3, le score le plus élevé de tous. A titre de comparaison, le ministre des Transports du Likoud, Yisrael Katz est arrivé deuxième avec 5,9.

Katz, est un ministre très actif, en poste depuis 8 ans. Durant ses années de service il a réussi à mettre en œuvre une liste respectable de projets d’infrastructure impliquant des routes et des chemins de fer. En revanche, Litzman est ministre de la Santé depuis moins de deux ans. Et tandis que Katz est un membre senior du Likoud, le parti au pouvoir qui a remporté 30 sièges lors des dernières élections, Litzman appartient à un petit parti qui dispose seulement de six sièges. En outre, son parti représente un segment de la population que les laïques, mais aussi les juifs traditionnels – considère comme des parasites. La communauté à laquelle appartient Litzman provoque souvent les antagonismes parmi la population israélienne, notamment parce que ses membres les plus extrêmes s’opposent à l’idée même du sionisme.

La popularité de Litzman ne ressemble pas à un engouement de passage. Depuis Août 2015, date de sa nomination comme ministre de la Santé au sein du quatrième gouvernement de Netanyahou, Litzman est le ministre le plus populaire dans toutes les enquêtes, même parmi la population laïque. L’Ancien président du parti travailliste et membre de la Knesset, Shelly Yachimovich, par exemple, parle de Litzman avec des superlatifs, en l’appelant son mentor et en le citant comme celui qui lui a appris à être une bonne parlementaire.

Il est intéressant d’examiner le phénomène Litzman dans le contexte actuel de politique populiste en Israël et l’utilisation croissante des réseaux sociaux, son utilisateur le plus friant parmi les membres du gouvernement étant Regev. Comment un ministre relativement plus âgés que la moyenne des politiciens (Litzman a 68 ans), dont l’accent est une combinaison exotique de yiddish et d’anglais (il a grandi à Brooklyn et a immigré en Israël à l’âge de 17 ans), qui ne surfe pas sur Internet et continue d’utiliser un antique modèle de téléphone cellulaire au lieu d’un smart phone, est-il parvenu à devenir un personnage aussi populaire?

La première chose à noter est que Litzman diffère de Deri, le chef du parti ultra-orthodoxe séfarade, en cela qu’il a prouvé qu’il agit pour le bien de tout le pays et tous les citoyens, qu’il ne pratique pas l’extorsion politique pas plus qu’il ne cherche à favoriser sa propre communauté. Il est le père d’une série de mesures dont les Israéliens peuvent sentir les bienfaits au jour le jour dans leur système de santé. Il a augmenté le budget des médicaments de millions de shekels; réduit les longues queues frustrantes pour un IRM; a imposé un contrôle sur les prix exhorbitant qui avaient cours dans les parcs de stationnement et les cafétérias à l’hôpital ; lancé une campagne contre la malbouffe; introduit des soins dentaires gratuits pour les enfants et même fait avancer la réforme sur l’utilisation de la marijuana médicale. Grâce aux nouvelles lois qui ont été approuvées par le gouvernement en Juin dernier, il sera plus facile pour les patients de recevoir l’autorisation de bénéficier de la marijuana à des fins médicales.

Litzman s’est investi tout entier afin de faire aboutir ses initiatives jusqu’à ce qu’elles soient finalement approuvés. En conséquence de quoi, il figure en bonne place dans les médias séculiers. Alors que Litzman lui-même ne dispose pas de comptes personnels Facebook ou Twitter, il est bien conscient de la puissance des médias. Il donne des interviews fréquentes – et non pas seulement à la presse ultra-orthodoxe – et a de fait conquis les cœurs et les esprits des citoyens israéliens.

Dans chaque interview qu’il donne, Litzman met un point d’honneur à se concentrer sur les questions relatives à son propre ministère, précisant qu’il travaille au nom de tous les citoyens d’Israël. Et il se trouve que les gens sont sensible à cela. Il a le look d’un Juif de diaspora qui se consacre à l’étude de la Torah, mais Litzman est un homme politique très habile. Il fonctionne comme une machine de marketing bien huilée, sans donner l’impression qu’il cherche à faire les manchettes, à dresser un segment de la population contre les autres ou à faire passer de nouvelles lois controversées.

Litzman met également un point à ne pas discuter ni même faire référence à des questions de sécurité ou à s’aventurer sur le terrain miné des diplomatiques, affirmant que ces domaines ne l’intéressent pas. Il ne parle pas de questions relatives à la guerre et à la paix, même si ce sont des questions fondamentales pour le public israélien. Cela, aussi, semble être un choix mûrement réfléchi. A sa manière sophistiquée, Litzman a jusqu’à présent réussi à éviter cet obstacle politique où règne la controverse.

Bien qu’il fasse partie d’un gouvernement de droite et que son parti est considéré comme faisant partie du bloc de droite, Litzman a réussi à s’affranchir de cette étiquette. En conséquence de quoi, les citoyens de droite comme de gauche le considérer aisément comme quelqu’un qui les représente. Il ressemble à un grand-père aimable et semble le porte-parole de tout le monde. Il pulvérise l’idée communément admise par trop de politiciens selon laquelle leur popularité serait directement proportionnelle à la façon extrême et controversée qu’ils exprimeraient. Dans le cas de Litzman, c’est exactement le contraire qui est vrai.

Cependant, Litzman se distingue des autres hommes politiques par-dessus tout, en ce qu’il n’a pas besoin de satisfaire aux desiderata d’un comité central de son parti. La seule personne devant laquelle il a à répondre le Gerrer Rabbi, le rabbin hassidique qui l’a envoyé à la Knesset. Le parti Yahadut HaTorah a obtenu en moyenne six à sept sièges seulement pendant des années. Ce nombre est peu susceptible de changer, dans la mesure où les électeurs de ce parti sont trèscirconscrits et n’iront pas voter pour quelqu’un d’autre. Par conséquent ce soutien donne carte blanche à Litzman pour agir comme bon lui semble dans la mesure où cela le libère efficacement de toutes préoccupations concernant les réactions de ses électeurs. Cela signifie que, bien que la popularité de Litzman n’a pas de valeur électorale, sa popularité a une immense valeur quand à l’image que se forge la communauté laïque des juifs ultra-orthodoxes.

La popularité de Litzman qui en fait l’un des hommes politiques les plus en vogue de la Knesset donne particulièrement du fil à tordre à Yair Lapid, chef de file du parti Yesh Atid. Litzman ne veut pas lui pardonner d’avoir «persécuté» l’ultra-orthodoxie au cours de son mandat comme ministre des Finances et en particulier à cause de son combat pour conscrire les ultra-orthodoxes dans les Forces de défense israéliennes. Jusqu’à présent, tous les efforts de Lapid pour se réconcilier avec lui ont été infructueuses, et Litzman l’a à plusieurs reprises battu froid. Récemment, Litzman a annoncé que, malgré les sondages qui désignent Yaïr Lapid comme favori pour devenir le parti le plus important du pays, Lapid qui en est le chef de file « ne sera jamais premier ministre », a prédit Litzman.

Litzman ne rate jamais une occasion de se moquer des efforts de Lapid pour se rapprocher de la religion, et prévient tout le monde à la Knesset que les partis ultra-orthodoxes ne soutiendront  jamais un gouvernement dirigé par Lapid. C’est sur ce point que Litzman pourrait bien devenir un acteur clé dans les prochaines élections; alors que Deri a fait la paix avec Lapid, Litzman lui continue à lui tourner le dos.

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