Pour se passer de gaz russe, la France est devenue la plus grande consommatrice au monde de GNL américain
Il n’y a pas si longtemps, la France achetait presque 20% du gaz qu’elle consommait auprès de la Russie, mais l’invasion de l’Ukraine a tout changé et, comme les autres pays d’Europe, elle cherche à drastiquement virer de bord dans son apport énergétique. C’est l’Amérique qui offre le plus d’opportunité comme source alternative de gaz, et l’Hexagone compte consolider d’avantage encore son approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL).
Selon une note d’analyse de S&P Global, l’Hexagone a été au mois de mars 2022 la première destination mondiale du GNL américain. Ce sont en mars 16 cargos de GNL en provenance des États-Unis qui ont ainsi alimenté le pays en gaz, soit deux fois plus qu’au mois de février, signale BFM Business. La France dépasse ainsi l’Espagne (15 cargaisons), le Royaume-Uni (12) ainsi que trois pays, la Corée du Sud, la Turquie et les Pays-Bas à égalité pour la quatrième place avec huit cargaisons pour chacun.
Il faut dire que l’Hexagone est favorisé par son immense façade atlantique et ses nombreux ports, ainsi que par ses infrastructures existantes, qui permettent aux navires gaziers de décharger aisément. La France compte pour l’heure quatre terminaux de gaz liquéfiés capables d’accueillir les cargaisons américaines. Mais ce n’est pas jugé suffisant, et un cinquième est à l’étude. S’il se concrétise, il devrait être installé dans le port du Havre, mais il faudra 12 à 18 mois pour que ce nouveau terminal flottant soit opérationnel.
Des pays européens pas égaux devant le gaz américain
Les États-Unis se sont engagés le mois passé à fournir 15 milliards de m3 supplémentaires de GNL à l’UE en 2022, et l’Union européenne espère sécuriser une filière de 50 milliards de m3 par an jusqu’en 2030, mais tous les pays ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour accueillir ces cargaisons aisément. L’Italie et l’Allemagne par exemple, qui n’ont pas de débouchés aisés vers l’Atlantique, ont bien plus de mal à éviter de se servir aux gazoducs existants.
Une ligne d’approvisionnement par l’Atlantique qui permet à la France de dépendre, même en temps normal, beaucoup moins d’un unique fournisseur de gaz. En 2015, quatre fournisseurs principaux alimentaient le marché français en gaz : la Norvège (42%), la Russie (11%), les Pays-Bas (11%) et l’Algérie (9%). Mais la part de la Russie était montée à 17% en 2021 selon l’Express, c’est une proportion difficilement comparable aux 50% de gaz russe dans l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne.
Les États-Unis ont livré au niveau mondial 100 cargaisons de GNL en mars, en hausse de 6 % par rapport à février et de 28 % par rapport à mars 2021.