Traffic passes by the Arc de Triomphe in Paris on November 10, 2018, ahead of a ceremony which will take place on November 11, as part of commemorations marking the 100th anniversary of the 11 November 1918 armistice, ending World War I. (Photo by ludovic MARIN / AFP)

Traffic passes by the Arc de Triomphe in Paris on November 10, 2018, ahead of a ceremony which will take place on November 11, as part of commemorations marking the 100th anniversary of the 11 November 1918 armistice, ending World War I. LUDOVIC MARIN / AFP

Un siècle après la fin de la Première Guerre mondiale, les dirigeants de la planète ont rendez-vous à Paris.

Donald Trump, Angela Merkel, Vladimir Poutine, Benyamin Netanyahou, Recep Tayyip Erdogan, Justin Trudeau, Mohammed VI, Denis Sassou Nguesso…

Près de 70 chefs d’Etat et de gouvernement seront réunis dimanche à Paris pour célébrer le centenaire de l’armistice de la Grande guerre, un rassemblement hors norme qu’Emmanuel Macron veut mettre à profit pour vanter le multilatéralisme dans les relations internationales.

Les dizaines de dignitaires arriveront à partir de 08h00 GMT au palais présidentiel de l’Elysée où les accueillera Emmanuel Macron, ordonnateur de ce symposium international dans un Paris quadrillé par près de 10.000 membres des forces de l’ordre.

Puis tous partiront ensemble vers l’emblématique Arc de Triomphe, en haut de la célèbre avenue des Champs-Elysées, sous lequel gît le soldat inconnu et brûle perpétuellement sa flamme du souvenir, rappelant l’ampleur d’un conflit aux 18 millions de morts.

Emmanuel Macron prononcera un discours puis ravivera la flamme au son du « Boléro » de Ravel.

Le président français parlera à cette fameuse assemblée du passé, mais aussi et surtout, il en profitera pour délivrer son message politique en faveur du multilatéralisme dans la gouvernance internationale, à l’heure où de plus en plus de pays semblent enclin à lui tourner le dos, au premier rang desquels, les Etats-Unis, première puissance du monde.

« Il s’agit de faire résonner le 11 novembre 1918 avec le 11 novembre 2018 », selon une source de la présidence française, pour qui la cérémonie doit avoir « un sens pour aujourd’hui ».

Alain JOCARD (AFP)In a highly symbolic ceremony, German Chancellor Angela Merkel and French President Emmanuel Macron met at the site where Germany officially surrendered at dawn on November 11, 1918
Alain JOCARD (AFP)

Et pour cause, au-delà du cérémonial, du recueillement et du décorum, le président français a voulu ancrer cette journée dans le présent en organisant un forum international pour défendre le multilatéralisme qui encadre les relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Un socle idéologique sévèrement mis à mal par certains chefs d’Etat, dont le président américain Donald Trump.

C’est d’ailleurs assez logiquement que le milliardaire populiste a décidé de bouder ce grand raout organisé pendant trois jours dans le nord de Paris, à la grande halle de la Villette et qui a vocation à devenir un rendez-vous annuel.

Une défection qui montre toutefois à elle seule – ou presque – les difficultés auxquelles Emmanuel Macron sera confronté pour faire de cet exceptionnel forum de Paris un « Davos de la paix. »

« Les leçons du passé pour préparer l’avenir »

« Les experts en sécurité ont Munich, Shangri-La ou Valdai, les économistes ont le forum de Davos mais il n’y a pas encore de Forum pour faire avancer la cause de la bonne gouvernance », explique la présidence qui veut, avec ce nouveau rendez-vous parisien, combler ce qu’elle qualifie de « manque » diplomatique.

Le but? « Devenir un lieu d’échange et de débat pour promouvoir les initiatives de la société civile et faire avancer les projets originaux de gouvernance. »

Voilà pour la promesse. En réalité, ce grand raout sera surtout l’occasion pour le président de la République de mettre une nouvelle fois l’accent sur l’impérieuse nécessité pour les nations de se réunir et de trouver des solutions ensemble pour parvenir à une « paix durable. »

Une obligation imposée par le « climat d’entre-deux guerres » qui pèse aujourd’hui sur l’Europe selon le président de la République.

En une semaine de commémorations, il n’a en effet pas manqué une occasion d’agiter les spectres du passé pour alerter sur les dangers que fait courir « la lèpre populiste » sur le continent européen et sur la paix.

Ce lien entre histoire tragique et menaces contemporaines sera également le fil rouge du forum de Paris.

« On n’est pas seulement sur les commémorations, on est sur l’utilisation des leçons du passé pour préparer l’avenir », explique l’ancien ambassadeur Michel Duclos, qui a travaillé à l’organisation du rendez-vous.

D’où la volonté de faire de ce forum un événement annuel pour renforcer les liens entre dirigeants qui partagent la même vision des relations internationales.

Face aux menaces, Emmanuel Macron a même proposé la création d’une armée européenne, sujet récurrent, mais toujours abandonné car il touche au coeur la souveraineté des Etats-membres.

Une façon de se poser, plus que jamais, en opposant principal aux gouvernements nationalistes qui fleurissent aux quatre coins de la planète.

De quoi irriter son allié américain Donald Trump qui n’a pas mâché ses mots sur Twitter, jugeant la proposition française « très insultante ».

« Mais peut-être que l’Europe devrait d’abord payer sa part à l’OTAN que les Etats-Unis subventionnent largement! », a-t-il ajouté dans son style caractéristique.

Quels résultats?

Sans grande surprise, le président Américain ne sera d’ailleurs pas de la fête à la Villette. Comment et pourquoi participer à un forum sur la paix mué en plaidoyer contre le déclin de l’ordre multilatéraliste dont il en est le principal responsable?

C’est là toute la limite de ce premier forum de Paris dont la portée symbolique sera forcément restreinte en raison de l’absence de la première puissance économique et militaire mondiale.

Il faut dire que ses positions politiques et diplomatiques, bâties sur le rapport de force, la pression, le bilatéralisme, voire l’unilatéralisme, risquent fort d’être battues en brèche.

Emmanuel Macron, Angela Merkel, Justin Trudeau, qui tous se heurtent régulièrement à Donald Trump dans les enceintes internationales comme le G7 ou le G20, participeront au forum où il sera question de gouvernance mondiale, de paix, de coopération, ou encore de liberté d’expression.

Le danger pour les organisateurs est donc de tomber dans une succession de discours emplis de bonnes volontés et qui accoucheraient sur une déclaration commune consensuelle et creuse.

C’est d’ailleurs une des critiques faites au forum de Davos, dont Paris veut s’inspirer, qualifié parfois de grand cocktail mondain prisé par les dirigeants pour se montrer plus que pour décider.

C’est pourquoi l’Elysée souhaite dépasser la simple portée diplomatique de son sommet pour l’ancrer dans le concret. Ainsi, une place particulière sera accordée à la société civile – chère à Emmanuel Macron – et aux ONG. « Autant on n’a pas besoin d’entreprises, d’ONG ou de fondations pour traiter le nucléaire nord-coréen, autant pour des questions comme le réchauffement climatique, la gouvernance de l’Internet ou de l’intelligence artificielle (…) les Etats ne peuvent agir efficacement sans ces acteurs », explique Justin Vaïsse, le président du Forum au Monde.

Au total, quelques 850 projets – touchant aux cinq thématiques du forum, paix et sécurité, environnement, développement, économie inclusive – dont 120 ont été retenus venant de 42 pays et organisations internationales seront présentés.

Un modèle qui semble s’inspirer davantage de la COP21 que du forum de Davos.

Quoiqu’il en soit, la tenue de ce sommet revêt une importance toute particulière pour Emmanuel Macron.

Lui qui sort d’une semaine délicate au contact des Français pourrait profiter de ce grand raout mondial pour se donner un peu d’air et redorer son blason.

A condition que sa stature internationale, qui semblait mieux résister que sa popularité nationale, ne soit pas entachée par les nouvelles dissensions avec son homologue américain Donald Trump et que son sommet pour la paix ne soit pas qu’une nouvelle coquille vide.

Par Anthony Berthelier

Le HuffPost

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Élie de Paris

Le doigt que se met dans l’oeil Berthelier, du Huff, va finir par sortir du trou de balle.

« Sans grande surprise, le président Américain ne sera d’ailleurs pas de la fête à la Villette. Comment et pourquoi participer à un forum sur la paix mué en plaidoyer contre le déclin de l’ordre multilatéraliste dont il en est le principal responsable? »
C’est-à-dire qu’avant Trump, tout allait bien…?
Et c’est le vilain canard, Donald, qui a laisser la Corée du nord se nucleariser.
Et l’iran. Et les » printemps »arabes… Et la destruction économique du tissus industriel de l’occident par l’abandon de taxes sur l’invasion industrielle chinoise, plus grand totalitarisme planetaire, … Etc… Etc…
Tout ça en 22 mois…
Mais, mais… 70 ? Tiens, ça nous rappelle quelque chose…
Quand Ysraël ira bien, le monde recevra LA bénédiction prévue.
En attendant, JE maudirai qui te maudira…