Oeuvre d’Anish Kapoor vandalisée: un élu porte plainte pour faire enlever les tags antisémites
ART – Anish Kapoor, dont une sculpture a été dégradée par des inscriptions antisémites dans le parc du Château de Versailles, a décidé de laisser l’oeuvre en l’étaty voyant « un mémorial à notre honte », un choix contesté par un élu qui a déposé plainte pour incitation à la haine raciale.
L’artiste, venu constater sur place les dégâts, a fait part de sa « grande tristesse, évoquant à des journalistes un « enterrement de la culture ». Il avait annoncé dès dimanche sa décision de conserver les inscriptions car désormais « ces mots infamants font partie » de l’oeuvre. Le conseiller municipal de Versailles, Fabien Bouglé (divers droite), estimant au contraire que les inscriptions doivent être effacées, a déposé mardi 8 septembre une plainte visant l’artiste et Catherine Pégard, présidente du château de Versailles, pour « incitation à la haine raciale, injures publiques et complicité de ces infractions », a-t-il indiqué à l’AFP.
« C’est un acte criminel »
Réagissant aux inscriptions, Anish Kapoor a estimé mardi qu’il s’agissait de « mots de haine ». « Nous avons décidé avec Catherine Pégard de les laisser comme ils sont, comme un mémorial à notre honte », a déclaré l’artiste à la presse devant son œuvre « Dirty Corner ». Il a toutefois nuancé son propos estimant qu’il « avait besoin de temps pour décider de les effacer ». « Ce ne sont pas seulement des graffitis, c’est un acte criminel », a-t-il ajouté en demandant que les auteurs de ces dégradations soient retrouvés et poursuivis.
Pour Fabien Bouglé, « Mme Catherine Pégard, ainsi que M. Anish Kapoor reconnaissent la teneur parfaitement antisémite de ces inscriptions », indique-t-il dans sa plainte, déposée auprès du parquet de Versailles mardi, et dont l’AFP a obtenu copie. « Ces derniers ont donc parfaitement conscience de la gravité et du caractère potentiellement délictueux de la diffusion des inscriptions », ajoute l’élu. Il précise que malgré cela, « M. Kapoor a fait savoir qu’il tenait à maintenir l’ensemble des inscriptions sur son œuvre, soutenu en cela par Mme Pégard ».
Le château de Versailles a par ailleurs indiqué que des panneaux explicatifs liés à cette dégradation seraient mis en place. Installée dans les jardins du château depuis juin (et jusqu’au 1er novembre), parmi d’autres œuvres, la sculpture monumentale « Dirty Corner », une trompe d’acier à la connotation sexuelle évidente, surnommée le « vagin de la reine », avait déjà été vandalisée en juin par des jets de peinture jaune puis nettoyée.