Nitsavim-Vayélè’h: La liberté… de ne pas choisir
A quelques jours de Roch Hachana, nous lirons une paracha qui nous rappellera l’un des principes fondamentaux du judaïsme: le libre arbitre. « …la vie et la mort, j’ai posé devant toi, la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie… » (1).
Devant cette réalité, relayée d’ailleurs par le Rambam (2) qui affirme, à son tour, que l’homme est libre de ses choix, on peut se poser une question élémentaire.
Si l’on part du principe que D.ieu connait le devenir des choses, quelle est la part de la liberté humaine ?
Pour répondre à cette question, il nous faut, au préalable, distinguer deux types de choix : celui de D.ieu et celui de l’homme. Pour ce qui est de notre vie et des détails qui la composent, nous n’avons aucune liberté de choix.
En d’autres termes, nous ne choisissons pas notre lieu de naissance, nos parents, notre conjoint, nos enfants, notre profession, nos traits de caractères et notre environnement.
Tout cela nous est imposé d’En Haut par le Créateur. C’est en quelque sorte le choix de D.ieu. Il est vrai que les aléas de l’existence nous donnent l’impression d’être les gestionnaires de notre vie mais ce n’est qu’une illusion.
Ainsi par exemple, nous rencontrons telle ou telle personne à un endroit précis parce que quelques heures auparavant nous avions décidé de nous rendre à cet endroit.
Tout porte à croire, ici, que cette rencontre a été déclenchée par nos soins. La lecture de cette convergence de faits n’est pas tout à fait exacte.
Disons plutôt que D.ieu souhaite que nous rencontrions cette personne. Il va alors créer tout un ensemble de causes qui nous pousseront à nous rendre à cet endroit. Dans quel but ?
Jusqu’au petit doigt
Chaque juif descend sur terre pour sanctifier la matière ou plus exactement, une partie du monde qui lui est réservée pour son usage. Nos Maîtres expliquent que chaque âme juive a une relation particulière avec une partie précise du monde à qui elle doit apporter une élévation spirituelle.
Comme nous ne connaissons pas cette partie du monde, D.ieu nous y installe ou nous y conduit afin que Sa volonté puisse s’accomplir par notre intermédiaire.
C’est ce que nous signifie le verset des Psaumes qui proclame que « Les pas de l’homme sont préparés par D.ieu… », une déclaration que le Talmud complète en affirmant qu’un homme ne peut lever le petit doigt si cela n’a pas été décidé En Haut. Et c’est alors là, que la liberté de l’homme entre en jeu.
Certes, il ne choisit rien mais sa liberté s’exercera au travers des choix que D.ieu lui imposera. Il devra faire au mieux avec ce que D.ieu lui aménagera. Si D.ieu lui donne la richesse, il aura le choix de gaspiller son argent dans les vanités du monde (la mort) ou d’aider ceux qui sont démunis (la vie). Si D.ieu lui accorde l’intelligence, il devra mettre toutes ses capacités intellectuelles au service de la Thora.
Et il en va de même pour tous les événements et les détails de l’existence. Nous devons tous les accepter, (puisqu’ils viennent de D.ieu) et aller au bout de nos capacités pour les rentabiliser.
Rentabiliser, signifie ici, faire en sorte que toutes nos réactions, face aux défis de l’existence, soient en conformité avec la volonté de D.ieu. Si ma nature me pousse à l’impulsivité ou à la colère, il ne s’agit pas d’un dysfonctionnement accidentel.
D.ieu m’a imposé cette tendance en pleine connaissance de cause pour que ma liberté me donne l’occasion de travailler et de Changer le monde
On comprend, dans cette perspective, la proximité de Roch Hachana, qui n’est pas l’anniversaire de la création du monde mais de la création de l’homme. Cette précision vient nous rappeler que chaque Juif est au cœur du projet divin.
Parce qu’il possède la liberté d’infléchir son histoire personnelle et l’Histoire de l’humanité vers les plus hauts sommets du Bien. La forme elle-même du Choffar nous le prouve : son embouchure est étroite pour s’achever vers une ouverture plus large. Même, si nos actions sont petites, voire insignifiantes, elles portent en elles la force de changer le monde.
Par Jforum.fr
Notes :
1 ) Dévarim, chap.
2 ) Michné Thora, Lois de la Téchouva
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