ASSASSINATS AU SIÈGE DE LA POLICE PARISIENNE : LA « MENACE INTERNE »

La France est le pays européen le plus menacé par la radicalisation djihadiste.

PAR ELY KARMON
 24 OCTOBRE 2019 20H40

Assassinats au siège de la police parisienne: la "menace interne"

Préfecture de police, le Quartier général de la police française à Paris. (crédit photo: REUTERS)

Le 3 octobre, un employé de la police a poignardé cinq collègues de la préfecture de police de l’Île de la Cité, dans le centre de Paris, tuant quatre policiers et blessant grièvement une femme.

L’agresseur, Mickaël Harpon, un informaticien qui travaillait dans l’administration de la Préfecture depuis 2003, était âgé de 45 ans et détenait une autorisation de sécurité « très secrète » lui permettant d’accéder à tous les ordinateurs de la direction du renseignement de la police, connue sous le nom de DRPP.

L’agresseur s’est converti à l’islam il y a dix ans, a cessé de porter des vêtements occidentaux et a cessé de parler aux femmes. Les liens entre Harpon et un imam salafiste radical ont également été confirmés. Des collègues avaient signalé Harpon en 2015 pour avoir exprimé son soutien à l’attaque du bureau du journal Charlie Hebdo, mais rien n’a été fait.

Une clé USB trouvée dans le bureau de Harpon comprenait du matériel de propagande de Daesh et des détails sur les agents de police qui travaillaient avec lui. Des agents enquêtent actuellement sur des liens possibles avec l’attaque à l’arme blanche perpétrée à Magnanville en juin 2016, au cours de laquelle deux agents de police ont été tués à leur domicile par Larossi Abballa, un islamiste qui avait prêté allégeance à Daesh.

Les meurtres ont soulevé de sérieuses questions sur le fait que la police n’a pas remarqué divers signes de radicalisation de Harpon ces dernières années. Le quotidien parisien rapporte que 19 employés du ministère de l’Intérieur sont actuellement surveillés par des enquêteurs anti-radicalisation.

En effet, cet incident terroriste majeur pose la question plus large de la menace interne dans les forces de l’ordre, les services de renseignement, les agences militaires et les infrastructures stratégiques (aéroports, centrales pétrochimiques et électriques, etc.).

La France est le pays européen le plus menacé par la radicalisation djihadiste. Avec une population musulmane de 5 720 000 habitants (chiffre officiel), soit 8,8% de la population totale, près de 2 000 citoyens français constituaient le plus important contingent de combattants étrangers djihadistes en Syrie et en Irak. Selon un rapport officiel publié en juin par l’Assemblée nationale française, 21 039 personnes étaient enregistrées dans le fichier de traitement du signal pour la prévention de la radicalisation terroriste (FSPRT). Au début de l’année 2019, 12 809 cartes étaient dites «actives», c’est-à-dire surveillées par les services. Près de 30% de ces personnes se sont converties à l’islam.

Le 26 juin 2015, Yassin Salhi, un musulman nord-africain, a conduit sa fourgonnette dans une usine à gaz à Saint-Quentin-Fallavier, près de Lyon, en France. Il conduisait la camionnette avec son patron décédé, Hervé Cornara, qu’il avait étranglé puis décapité juste avant d’arriver à l’usine. Salhi a tenté de faire sauter l’usine en faisant exploser plusieurs bouteilles de gaz, provoquant une explosion. Il a également essayé d’ouvrir des bidons contenant des produits chimiques inflammables avant d’être maîtrisé. Salhi s’était régulièrement rendu à l’usine, il était donc connu des employés du site.

La police française a ouvert un dossier sur Salhi en 2006 au sujet de liens présumés avec un groupe salafiste radical, mais le dossier n’a pas été renouvelé en 2008. Salhi était en contact régulier avec le djihadiste français Sebastian Yunis, parti en Syrie pour rejoindre l’Etat islamique.

Après les attentats à Paris contre Charlie Hebdo, en janvier 2015, au supermarché Hypercacher Kosher – puis en novembre, avec le massacre dévastateur dans des cafés, une salle de concert et un stade – il est apparu que la police avait perdu la trace de nombreux terroristes présumés en France et en Belgique. En conséquence, environ 70 employés de l’aéroport ayant accès à des avions au sol ont vu leur «badge rouge» être suspendu, parce qu’ils étaient soupçonnés par la police.

Les États-Unis ont enregistré plusieurs cas de menaces internes sur l’aviation civile.

Le 5 septembre, Abdul Alani a été arrêté à Miami et accusé d’avoir tenté d’endommager un avion d’American Airlines. En juillet, il a utilisé son accès à l’arrière du terminal de l’aéroport international de Miami pour aller jusqu’à un Boeing 737, ouvrir un compartiment sous le cockpit et coller un morceau de mousse dans l’équipement de navigation, de manière à ce que les pilotes ne puissent être capables de dire à quelle vitesse et à quelle hauteur ils volaient. Le blocage a déclenché une alerte lorsque les pilotes ont mis l’avion en marche et ils ont annulé le décollage. Alani, né en Irak et citoyen américain depuis 1992, a passé avec succès le processus de vérification mené par la Transportation Security Administration.

En 2013, un technicien ayant accès au tarmac de l’aéroport de Wichita, au Kansas, a été arrêté alors qu’il tentait de poser ce qu’il pensait être une bombe. Il avait déclaré à un agent secret du FBI qu’il souhaitait mener le djihad pour Al-Qaïda.

Les incidents d’initiés sabotant des avions sont considérés comme extrêmement rares, bien que la FAA ne les traque pas systématiquement. En 2015, l’inspecteur général du département de la Sécurité intérieure a constaté que l’Autorité de la sécurité des transports n’avait pas identifié 73 travailleurs de l’aviation munis de badges de sécurité qui auraient dû déclencher des signaux d’alarme liés au terrorisme.

Mais l’arène djihadiste n’est pas la seule menace, comme le prouvent les initiés de la droite radicaux dans les rangs militaires en Europe.

EN SEPTEMBRE 2018, sept hommes, tous allemands âgés de 20 à 30 ans, ont été arrêtés dans la ville est-allemande de Chemnitz, soupçonnés de former une cellule terroriste d’extrême droite planifiant de violentes attaques contre des hommes politiques et des immigrés. Ils ont formé un groupe extrémiste sous le nom de « Revolution Chemnitz ». La presse allemande a décrit les hommes arrêtés comme planifiant une « révolution d’extrême droite ». Cinq d’entre eux ont mené une « psite sèche » ou attaque à blanc contre des immigrants dans le centre de Chemnitz le 14 septembre, armé de bouteilles en verre, de poings américains et de pistolets électriques paralysants.

En 2017, le service de contre-espionnage militaire allemand (MAD) avait classé depuis 2008 environ 200 soldats de la Bundeswehr (forces armées allemandes) parmi les extrémistes de droite et enregistré 286 nouveaux cas d’extrémisme de droite. Mais le président de MAD, Christof Gramm, a déclaré aux législateurs qu’après la suspension du service militaire obligatoire en 2011, le nombre de cas d’extrême droite avait considérablement diminué.

Le gouvernement exerce de plus en plus de pression sur la Bundeswehr pour qu’elle traite le cas des membres de mouvements d’extrême droite, après la découverte en avril 2018 d’un lieutenant de l’armée identifié comme étant Franco A., qui mène une double vie en tant que réfugié syrien préparant un attentat terroriste.

Dans la ville allemande de Tübingen, les procureurs ont ouvert en 2017 une enquête sur des allégations de comportement d’extrême droite parmi le commandement des forces spéciales, les troupes militaires d’élite du pays. Après une année d’enquête, les reporters du quotidien Taz ont conclu que des groupes avaient été formés dans de nombreuses régions d’Allemagne, mais aussi en Suisse et en Autriche, pour tenter de définir ce qui pouvait être perçu comme un État dans un État. Les membres de ces groupes sont des policiers, des soldats, des réservistes, des fonctionnaires et des membres des services de renseignement. Le magazine d’actualités allemand Focus a qualifié cette opération d ‘«armée souterraine». Le fait que de tels groupes se soient développés à l’automne 2015 n’est certainement pas une coïncidence. C’était un moment où la politique de migration de l’Allemagne était devenue un sujet central au niveau national et les extrémistes d’extrême droite avaient commencé à discuter de la manière de la combattre.

La question de la prévention du terrorisme est récemment devenue une mission centrale de la politique de sécurité de l’Union européenne. Des dizaines de projets nationaux et internationaux sont impliqués dans cette lutte. Les forces de l’ordre et les services de renseignement devront déployer des efforts particuliers pour réduire la menace interne.

PAR ELY KARMON
 24 OCTOBRE 2019 20H40

L’auteur est chercheur principal à l’Institut international de lutte contre le terrorisme et à l’Institut de politique et de stratégie du Centre interdisciplinaire de Herzliya.

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hervé

Peut-être que le danger ne vient que du gouvernement et pas des Français, mais qui a voté pour macron en lui fournissant une majorité de députés? Ce n’est en tous cas pas moi.

Georges

Un succès de Macron qui s’en lave les mains opportunément et lâchement

marman68

macron ce compare à Jupiter mais,méfiez-vous, le dieu Jupiter vient de l’enfer, et je tiens à dire pour mémoire que ce n’est pas la France qui a la tête enfouie dans le sable, c’est ce Gouverne Ment qui veut enfouir la tête des Français dans le sable, car je tient à rappeler que le Gouverne Ment n’a rien à voir avec le peuple Français, beaucoup de Français disent non à beaucoup de chose et, c’est ce Gouverne Ment qui dit OUI, c’est ce Gouverne Ment qui accepte ce que beaucoup de Français refusent, rendez- vous en compte et restez vigilants, regardez la réalité des choses et arrêtez de vous fier à ces journaleux, arrêtez de vous fiez à ces torchonistes.
La France est en train de devenir un pays islamistes et tout ça avec la bénédiction du Gouverne Ment. Evidement que la France est menacée et, il en sera ainsi tant que l’islam sera favorisé EN FRANCE.

marman68

Pourquoi Macron ce souci-t-il beaucoup plus des musulmans en France, alors que les chrétiens en Algérie, sont en train de crever ??? Ceci répond à la question: Pourquoi l’islamisme radicale augmente en France ??? Mais c’est tout simplement parce que Macron s’occupe des musulmans en France, et laisse crever les chrétiens qui sont en pays musulmans, alors ne soyez pas surpris de l’islamisation de la France, et si l’islamisme augmente en France c’est de la faute de ce Gouverne Ment que Macron dirige. Il se cache derrière la laïcité pour laisser crever les chrétiens des autres pays et, ça il faut le dénoncer. Les musulmans en France et des autres pays c’est son affaire, mais les chrétiens c’est pas son affaire, ce qui démontre une fois de plus que c’est un charlot qui préfère le peuple musulmans d’ici et d’ailleurs au peuple chrétien d’ici et d’ailleurs.

Bonaparte

La Francer est en grand danger et on ceinture ceux qui souhaitent la défendre .

On vit dans un monde de fous .

Seule l’armée peut nous sauver et nous en avons largement les moyens .

Je suis pour un référendum européen car nous sommes tous dans la même galére .

En attendant l’horloge tourne inéluctablement .

Jg

8.8% ,plutôt 20% ! Le nombre de 5720000 est fantaisiste !

Elie de Saint Cloud

Comme d’hab, la France a la tête enfouie dans le sable jusqu’au cou.
Elle croit dur comme fer que le danger vient de ses fichiers S, de Syrie, d’Irak ou d’Arabie quand Eric Zemmour lui répète chaque jour que le danger vient des mosquées, qu’il suffit d’ouvrir un Coran pour constater que les appels aux meurtres de Juifs, de Chrétiens, des mécréants, de tous les non musulmans et aussi des islamistes non encore « salafisés », que ces appels aux meurtres de masses sont partout dans le Coran…
Emmanuel Macron deviendra le sauveur de la planète, (parce que l’islam veut islamiser la planète).
Une suggestion pour notre Président qui est de plus en plus courageux (l’Hydre Islamiste) :
Pourquoi ne pas réunir l’Europe et les pays arabes menacés eux aussi par leur coran pour d’obliger tous les pays arabes et non arabes de supprimer de tous les corans de la terre, les appels aux meurtres comme a voulu faire il y a quesques années l’Egyptien Al SISSI ?
Les pays arabes remercieront par la suite Emmanuel Macron ne serait-ce que pour l’appel des touristes dont ils ont tous un besoin urgent.