Israël vient de tenir son deuxième tour des élections en cinq mois et les perspectives politiques ne sont pas plus claires. L’impasse pourrait durer des semaines, voire des mois, laissant présager une incertitude politique prolongée. Cette situation a suscité des interrogations sur la capacité persistante d’Israël à se défendre contre les défis de ses nombreux adversaires régionaux.

Israël a une armée de métier qui fonctionne indépendamment du domaine politique. Certes, dans la démocratie israélienne, les élus ont le pouvoir de déclarer la guerre et de donner leur feu vert à des opérations spécifiques. Cependant, l’état de préparation, le déploiement de matériel et de troupes, ainsi que d’autres fonctions restent du ressort des autorités militaires israéliennes.

De plus, quand des vies israéliennes sont en jeu, les autres agences de sécurité israéliennes agissent avec un mandat clair, quel que soit le Premier ministre ou le parti qui dirige la coalition politique. Cela inclut le Mossad, le Shin Bet et la police.

Israël maintient sa capacité à mener des opérations militaires et de renseignement pendant une période d’incertitude politique. Cela a été prouvé au cours des cinq derniers mois, lorsque l’armée de l’air israélienne, comme l’a largement rapporté la presse étrangère, a visé des cibles en Syrie, au Liban et en Irak en réponse aux menaces posées par des supplétifs iraniens. De même, l’armée israélienne a réagi aux provocations du Hamas et d’autres factions dans la bande de Gaza. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a également révélé – grâce aux efforts des services de renseignements israéliens – de nouvelles preuves dissimulées du programme nucléaire iranien. On peut s’attendre à en voir davantage, tant que l’impasse politique actuelle se poursuivra.

En d’autres termes, tous les éléments de la sécurité israélienne sont conçus pour fonctionner à pleine capacité, même en présence de l’incertitude politique perçue ou en période de transition entre gouvernements. Si les ennemis d’Israël souhaitent le vérifier, ils peuvent même constater que l’établissement de la sécurité réagit avec une vigueur supplémentaire afin de souligner ce point. Une telle réponse recevrait probablement l’appui unanime du système politique (pourtant) fracturé d’Israël.

En effet, alors même que les médias israéliens exposaient à la une de vives rivalités politiques, Netanyahu a invité son principal rival, Benny Gantz, à des réunions sur la sécurité avec le conseiller national pour la sécurité, afin de veiller à ce que la défense et la sécurité d’Israël restent non partisanes. Les candidats devraient continuer à organiser de telles séances d’information en cas de problèmes de sécurité mineurs, voire majeurs, dans les semaines ou les mois à venir.

Bien entendu, la sécurité et l’expérience militaire jouent un rôle important dans les campagnes politiques. Mais les professionnels de la sécurité ont tout mis en œuvre pour que les décisions soient prises presque indépendamment de la politique. Ce «pare-feu» garantit que les décisions militaires sont prises conformément à la loi israélienne et à des procédures claires.

Pour faire écho au Premier ministre fondateur d’Israël, David Ben Gourion, Israël poursuivra ses objectifs de sécurité comme s’il n’y avait pas de conflit politique et abordera ses problèmes politiques sans se préoccuper de la sécurité.

Brigadier General (Res.) Professeur Jacob Nagel est professeur invité à la faculté d’ingénierie aérospatiale Technion et membre invité de la Fondation pour la défense des démocraties (FDD). Auparavant, il était président du Conseil de sécurité nationale d’Israël et conseiller de la sécurité nationale du Premier ministre Benjamin Netanyahu (par intérim). Suivez FDD sur Twitter  @FDD . FDD est un institut de recherche non partisan basé à Washington, DC qui se concentre sur la sécurité nationale et la politique étrangère.