L’œuvre et la pensée de Moïse Maimonide ou Rambam  ( 1138-1204)  sont tellement vivantes, qu’elles se transmettent depuis le Moyen Age.

Billet de banque avec l’effigie de Maïmonide. timbreetdent.free.fr

Pour mieux les cerner, il faut rappeler le contexte du douzième siècle. Le judaïsme est alors menacé tant à l’extérieur sur ses deux flancs : la croix en Europe, le sabre en Espagne et en Afrique qu’à l’intérieur par l’hérésie karaite.. Les ouvrages sont tous écrits en langue arabe qui sert de medium culturel aux sages juifs d’Andalousie tout comme le latin est l’outil indispensable pour les lettrés chrétiens du Moyen-âge.
Seul le fameux Michné Torah est rédigé en hébreu : un vaste mouvement de traduction hébraïque va amplifier ce processus après l’installation de la famille des Tibbonides en Provence.
C’est au cours de ces années d’errances, dans la précarité et l’inconfort que Maimonide pose les fondements de sa prodigieuse érudition qui assimile la littérature talmudique et rabbinique, la philosophie grecque, la médecine, l’astronomie. Ses premières études sont d’une grande maturité : il s’agit du Traité du calendrier et du Traité de Logique.
L’ œuvre de Maimonide suit un fil directeur : elle commence avec Le Traité de Logique et s’achève avec Le Guide des Perplexes. Commencée dès sa jeunesse, au cours de nombreuses années d’errances et de troubles, l’œuvre de Maimonide est phénoménale et  diversifiée. Philosophe, médecin, commentateur, décisionnaire ou compilateur de lois, Rambam se sent investi d’un destin historique, destin qu’il entend assumer, qu’il assume d’ailleurs pleinement comme il l’avoue à un de ses correspondants de Lunel.

Compilé entre 1170 et 1180, le Michné Torah est appelé également Yad Ha-Hazaka, La Main forte. Il est composé de quatorze traités et réunit toutes les lois religieuses, morales, civiles et sociales rapportées dans les Talmud de Babylone et de Jérusalem, ainsi que dans les ouvrages de Midrach et les écrits des Guéonim, d’où son titre Michné Torah, la Répétition de la Torah qui fait référence au cinquième livre de Moïse, Dévarim,.

Un manuscrit extrêmement rare, datant de près de 600 ans a été transmis au Musée d’Israël ( 2010)  par la famille Steinhardt de New York. universtorah.com

Selon Maïmonide le but du livre est : « En ces temps… la sagesse de nos Sages est perdue, et notre compréhension est enfouie. Les commentaires, responsa et règles compilées par les Gueonim sont devenus trop difficiles pour notre époque, et peu les comprennent comme il faudrait…
C’est pourquoi moi, Moshe, fils du rav Maïmon l’Espagnol… je me suis efforcé de réunir toutes les paroles dispersées dans ces compilations, en matière d’interdit et de permis, de pur et d’impur avec les autres jugements de la Torah, de les rédiger dans une langue claire et un style concis, afin que toute la Loi Orale se trouve réunie dans sa plénitude, sans difficulté, et sans subdivision, et sans ‘un tel dit ceci, un autre dit cela’ ; mais au contraire des phrases simples, proches, justes, selon le jugement qui explique tout ce qui se trouve dans ses compilations et commentaires existant depuis l’époque de notre saint Rabbi jusqu’aujourd’hui… jusqu’à ce que tous les jugements soient connus, pour le petit et pour le grand, pour chaque prescription, et pour tous les arrêts rendus par les Sages et les prophètes : le but de cet ouvrage, est qu’il n’y ait pas besoin d’autre source, mais que cette œuvre rassemble toute la Loi Orale, avec tous les nuances, les coutumes et les arrêts rendus depuis Moïse notre Maître jusqu’à la compilation du Talmud… C’est pourquoi j’ai appelé ce code Mishneh Torah, car si l’on commence à lire la Torah écrite, et qu’on lit ceci ensuite, on saura toute la Loi orale, et il n’y aura pas besoin d’autre livre entre eux ».

Dès la  préface au Mishneh Torah, Maimonide  énonce les 613 commandements avec leurs règles, leurs modalités, leurs exceptions. Maïmonide les a subdivisées en :
– Prescriptions positives (מצוות עשה) : comput des 248 prescriptions à réaliser (le Rama »h)
– Prescriptions négatives (מצוות לא תעשה) : comput des prescriptions de ce qu’il ne faut pas réaliser (ex : mentir, tuer, voler)
Considéré comme un monument de la halakha, le Michné Torah a été maintes fois commenté et critiqué, d’aucuns reprochant au Rambam de fixer la Halakha (loi) selon son opinion personnelle au mépris des autres. C’est sur cet ouvrage en particulier que se base l’autre référence en matière de halakha, le Choulhan Aroukh du Rav Yossef Karo ( XVIème siècle).

Joël Guedj

Les 14 livres du Michné Torah:
1. Maddah (Connaissance) : principes fondamentaux du Judaïsme, hygiène de vie, étude de la Torah, prohibition de l’idolâtrie, considération sur le repentir et le monde à venir.
2. Ahavah (Amour) : préceptes à observer en tout temps, si l’amour dû à Dieu est à rappeler continuellement (prière, téfilline).
3. Zmanim (Temps, Périodes): lois limitées à certaines périodes, comme le Shabbat et les commémorations dans le judaïsme.
4. Nashim (Femmes) : lois sur le mariage, le divorce, le lévirat et la conduite appropriée entre les sexes.
5. Kedoushah (Sainteté): relations sexuelles prohibées, aliments interdits, méthode de l’abattage rituel
6. Hafla’ah (Séparation) : lois sur les vœux
7. Zeraïm (Semences) : lois sur l’agriculture
8. Avodah (Culte) : Lois de Temple de Jérusalem
9. Korbanot (Offrandes) : lois sur les offrandes dans le Temple, excepté celles de toute la communauté
10. Tohorah (Purification) : Lois de pureté rituelle
11. Nezikin (Préjudices) : code pénal et civil
12. Kinyan (Acquisition): lois de l’acquisition, du commerce
13. Mishpatim (Lois): code civil
14. Shoftim (Juges): lois en rapport avec les législateurs.

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