L’israélien dit rustre a une réputation d’être brut de décoffrage comme on dit: vulgaire, grossier, impatient il manquerait de culture, de raffinement et de la plus élémentaire des politesses.

Au cours des dernières semaines, il a été difficile d’échapper au débat qui a fait rage à propos de  » L’israélien rustre ». Tout le monde semble avoir vu une ou plusieurs vidéos montrant des israéliens qui se comportent de façon grossière, violente et bruyante. La première du genre à faire la une des médias a été la « vidéo du chocolat ». Elle montre une altercation sur un vol entre Israël et la Bulgarie. On y voit un passager interpellant agressivement un membre du personnel de bord en lui demandant en criant de lui vendre du chocolat et un autre renchérir en ces termes : «Vends lui ton chocolat, c’est pas une Arabe ». La cocktail violence verbale, agressivité, racisme et pauvreté du langage a contribué à la viralité de la vidéo. Elle a été diffusée à la télévision dans des émissions d’information, pour témoigner de l’absence de modération et de retenue dans la société israélienne, qui semble avoir oublié la bienséance élémentaire en matière de comportement.

Les semaines suivantes, une vague de vidéos d’incidents de ce genre a inondé les médias. A tel point que le quotidien israélien Globes a consacré un article au phénomène, avec un titre qui se voulait provoquant: « consulter le classement des 10 vidéos les plus trash des israéliens rustres ».

L’article mentionnait une vidéo éditée par le site Web Voyage Daka Ha-90, qui a été partagée sur la page Facebook« Combattre l’israélien rustre », qui a déjà obtenu 35 000 « like ». La vidéo du chocolat y tient un rôle de premier plan, mais n’occupe même pas la première place du palmarès. Elle est coiffée au poteau par une course dangereuse de VTT sur une plage, un pique-nique sur une place de stationnement pour personnes handicapées, une agression contre un employé d’hôtel et autres perles qui dépeignent le nec des comportements israéliens.

La fête de la Pessa’h a livré quelques cerises sur le gâteau révélatrices ; batailles de chiffonniers sur les lieux de villégiature, saccage des chambres d’hôtel et montagnes de détritus abandonnés sur les sites touristiques.

Il est indéniable que ce sont des sites qui embarrassent désagréablement le spectateur israélien qui sait se tenir. Les parties intéressées se sont empressés de détecter les racines du problème, chacun selon son inclinaison. Il y a ceux qui prétendent qu’il s’agit là de l’expression de la culture Mizrahi violente des juifs originaires du Moyen-Orient qui est devenue prépondérante en Israël. Quant aux Orientaux ils affirment que le ramdam autour de ce phénomène est révélateur d’un raciste contre les Orientaux. Beaucoup de gens ont affirmé que l’aggravation de la grossièreté et de cette violence sont le résultat de l’occupation qui corrompt la société israélienne et l’habitue à un comportement agressif. Mais ce phénomène n’est apparemment pas du tout propre à Israël, et il semble qu’il n’ait pas vraiment empiré au cours des dernières années. Quelque chose d’autre est en cause.

Il y a une entrée Wikipedia pour « L’américain rustre », qui décrit, le comportement américain moyen, exigeant, irréfléchi, ignorant, arrogants et bruyant. En juillet dernier, The Economist a publié un article intitulé,  » la réputation de touristes à l’étranger, à quelle catégorie appartenez-vous, » qui visait à montrer que les Britanniques sont coutumiers des comportements bruyants et agressifs, comme dans le reste du monde. Les Allemands sont aussi connus pour sévèrement critiquer le comportement honteux de leurs compatriotes. En fait, YouTube est truffé de vidéos qui illustrent les comportements humains embarrassants partout dans le monde.

Le professeur de sociologie Oz Almog a confié à Al-Monitor, «Ce n’est pas un comportement qui nous est propre. Le monde entier est devenu plus vulgaire. Il y a une nouvelle classe moyenne – une population socialement mobile qui se comporte sans raffinement. Cela vient de l’éducation d’aujourd’hui. Il n’a ni sensibilité ni compréhension pour les différences culturelles ». Almog pense qu’il y a une tendance vers toujours plus vulgarité et de revendications pour une satisfaction immédiate. » Le monde est de plus en plus antisocial, et l’égoïsme est davantage toléré. Nous pardonnons de tels comportements au nom d’une complésence psychologique. Lorsque l’éducation des enfants devient moins stricte, sans limites et sans exigences, il ne faut pas s’étonner si de plus en plus de personnes affichent un comportement antisocial. En outre, la concurrence entre les médias y contribue, parce la vulgarité se vend bien. Prenez des gens grossiers, mettez-les face à face et ils vont devenir des héros culturels « .

Il a par ailleurs publié un article dans lequel il affirme: «Dans les années 1960 et 70, les médias en Israël qualifiaient de rustre l’israélien qui polluait les forêts et cueillait des fleurs dans les lieux publics », tandis qu’au milieu des années 90, ils pointaient le touriste israélien haï par les prestataires de services, personnel hôtelier et autres et se taillait une mauvaise réputation qui faisait honte à son pays ».

Il poursuit en citant des articles de journaux des années 1950 à 2000 qui décrivaient  notre comportement à l’étranger, soit disant caractéristique des Israéliens depuis la fondation de l’État, et aussi typique que sa franchise locale, la chaleur et sa chutzpah. En 2004, le professeur Rakefet Sela-Sheffy de l’Unité de recherche du Département culture à l’Université de Tel Aviv a publié un document révélant que 61% des Israéliens définissent ainsi ce qu’est la spécificité du caractère rustre de l’israélien. En bref, c’est ainsi que nous sommes depuis des temps immémoriaux, peut-être depuis pour toujours.

Peut-être serait-il plus pertinent de se demander pourquoi nous aimons nous vautrer dans ce phénomène, de façon presque masochiste. Pourquoi est-il si important pour les Israéliens de partager ces vidéos qui nous montrent sous ce jour peu flatteur et de se dire choqués par ces comportements, et pourquoi cette propension des médias à clamer une nouvelle escalade dans le phénomène, alors qu’après tout il ne s’agit pas d’un comportement typiquement israélien, mais en réalité d’un phénomène universel ?

Almog souligne que le débat israélien qui porte sur l’identité est une autocritique sévère. « Nous sommes une société familiale et auto critique, et c’est important pour nous de parler des problèmes et des difficultés. Nous mettons tout sur la table. Les Israéliens sont très sensibles à leur image. Il y a déjà des problèmes d’antisémitisme. On nous hait déjà tellement – nous n’avons pas à en rajouter « . Le Journaliste Li-Or Averbach, rédacteur en chef du Magazine FIRMA pour les médias à Globes, a confié à Al-Monitor, «Les médias exhibent ce que le public veut consommer et il consomme ce qui s’exhibe et ce pour les mêmes raisons : l’excitation, le sensationnalisme et la grossièreté. Le fait est que la grossièreté israélienne est un bonus. Il n’y a aucune tentative pour éduquer ou bonifier la société, et il n’y a même pas de volonté de nous montrer le phénomène pour nous confondre. C’est une pratique journalistique qui s’est aggravée au cours de ces dernières années ; cultiver le sensationnalisme pour augmenter l’audimat. Tous les deux remarquent un autre changement qui favorise la déliquescence des mœurs et de la bienséance : de nos jours ces phénomènes peuvent être documentés et partagés sur les médias sociaux. «Nous sommes à une époque où tout est enregistré et chacun de nous est un média à lui tout seul. On peut tout trouver partout, « dit Averbach. Almog ajoute, « la technologie permet de véhiculer ces évènements de façon quasi instantanée. On peut les enregistrer, il y a des plates-formes pour les poster et des fenêtres de publication. Le monde est tel qu’il a toujours été – mais maintenant vous pouvez en témoigner d’un simple clic ».

Yuval Avivi, journaliste et critique littéraire, est un chroniqueur pour le magazine « Firma » (du quotidien économique israélien «Globes ») et écrit pour « TimeOut Tel Aviv » magazine. Il était auparavant rédacteur en chef adjoint du supplément week-end du quotidien israélien «Israël de HaYom ».

al monitor

 

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