Nucléaire: l’Iran accuse les Occidentaux de changer de position
La France juge « inacceptable » la demande iranienne de lever l’embargo sur les armes
Un haut responsable iranien a accusé jeudi soir les puissances occidentales de changer de position en cours de négociation, alors que la perspective d’un accord sur le nucléaire est toujours incertaine au treizième jour de discussions à Vienne.
« Nous constatons certains changements de position sur un grand nombre de questions malheureusement », a déclaré cette source, estimant que cela rendait les choses plus difficiles.
« Chaque pays a ses propres lignes rouges… Une ligne rouge pour les Etats-Unis, une autre pour la Grande-Bretagne, une autre pour la France ou l’Allemagne », a ajouté ce responsable, renvoyant la balle dans le camp des grandes puissances.
Téhéran et les pays du P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie Chine et Allemagne) sont engagés depuis des mois dans une négociation pour conclure un accord historique sur le nucléaire iranien. Celle-ci était censée aboutir le 30 juin mais est repoussée de jour en jour, les discussions butant toujours sur des points clés.
« Nous aurions préféré ne pas rater la date butoir mais notre objectif prioritaire est d’obtenir un bon accord, a affirmé le haut responsable iranien, ajoutant que l’issue des pourparlers restait ouverte et dépendait des choix politiques que feraient les grandes puissances. En fonction de ces choix, un accord est à portée de main », a-t-il assuré.
« Inacceptable »
L’ambassadeur français en Israël, Patrick Maisonnave, a qualifié jeudi d’ « inacceptable » la demande iranienne de lever l’embargo sur les armes adopté contre l’Iran par le Conseil de sécurité de l’ONU, alors que les discussions se poursuivent à Vienne dans le but de parvenir à un accord sur le nucléaire iranien.
« A mesure que nous nous rapprochons de la date limite, certains négociateurs tentent d’aboutir à des résultats de dernière minute », a déclaré Patrick Maisonnave dans une interview pour la radio militaire israélienne. « Il y a quelques jours, l’Iran a demandé la levée de l’embargo sur les armes, une requête inacceptable pour nous et nos partenaires », a-t-il précisé.
Plus tôt, la Russie s’était dite favorable à une levée « dès que possible » de l’embargo.
Cette mesure a été imposée pour pousser l’Iran à négocier, un objectif « depuis longtemps atteint », a justifié le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ajoutant que la Russie était « favorable à une levée de l’embargo dès que possible ».
« L’Iran est impliqué dans la lutte contre l’État islamique (…) et la levée de l’embargo sur les armes l’aidera à améliorer sa capacité à combattre le terrorisme », a estimé M. Lavrov lors d’une conférence de presse en marge du sommet des Brics à Oufa, en Russie.
Poursuite des négociations dans la nuit
Par ailleurs, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a annoncé que les négociations sur le nucléaire iranien se poursuivraient dans la nuit de jeudi à vendredi à Vienne pour tenter de régler les questions toujours en suspens au terme de treize jours de pourparlers acharnés.
« Il y a des problèmes qui sont encore difficiles à régler », a déclaré M. Fabius, soulignant que « les choses vont tout de même dans le bon sens ». « On va travailler cette nuit », a ajouté le ministre, alors que la conclusion d’un accord dans les prochaines heures permettrait un examen accéléré par le Congrès américain.
Treize jours après la reprise formelle à Vienne des négociations entre les grandes puissances et l’Iran, un accord apparaissait toujours insaisissable jeudi soir, malgré deux prolongations des pourparlers, qui devaient intialement s’achever le 30 juin.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry doit faire une déclaration à la presse jeudi à 17H00 GMT à Vienne pour faire le point sur l’état des négociations, à l’issue d’une réunion des grandes puissances du P5+1.
La conclusion plus tardive d’un éventuel accord porterait à 60 jours la durée d’examen par le Congrès américain, et retarderait d’autant sa mise en oeuvre.
(avec AFP)