Libération de Palmyre : à Bruxelles comme en Syrie, l’angélisme doit laisser place au réalisme.

Alors que l’Europe a été frappée par de nouveaux attentats, l’armée syrienne mène une offensive pour libérer Palmyre. Pour Hadrien Desuin, la Russie est notre meilleure alliée avec Damas pour lutter contre Daech en Syrie.

L’Europe se relève à peine des derniers attentats bruxellois. Comme à chaque tuerie islamiste, la foule allume des bougies. On se recueille, on dessine des cœurs à la craie, les drapeaux sont en berne et on pleure. On se promet que rien ne doit changer et qu’on vivra comme avant. Surtout on veille à ne pas faire d’amalgames, on répète que ce n’est pas çà l’islam. On ne doit pas avoir peur, il faut vivre avec. Et puis on rappelle aux réfractaires que l’Islam est une religion de paix et d’amour. Au bout de quelques jours et de longues minutes de silence, on cible la vraie menace; «l’islamophobie» est finalement identifiée comme le seul ennemi sérieux à combattre.Tandis qu’en Europe on se drape dans le deuil et le déni, la bataille fait rage contre Daech en Syrie. Au moment où ces lignes sont écrites, les forces syriennes appuyées par les milices chiites irano-libanaises ainsi que l’aviation russe, se battent pour reprendre Palmyre aux mains des barbares. A l’heure qu’il est des soldats tombent et donnent leur vie pour nous venger. Quelle aide fournissons-nous à ces hommes qui tentent de libérer des populations civiles asservies par une charia implacable? Que fait la France pour sauver ce qui reste de ce patrimoine mondial de l’humanité? Rien. Absolument rien. Nous n’avons rien fait pour sauver Palmyre il y a un peu moins d’un an. Nous ne ferons rien pour libérer Palmyre. En dix mois, nous n’avons rien appris et rien compris.

Alors que toute la Syrie anti-islamiste s’apprête à remporter une victoire symbolique autant que stratégique contre les hordes djihadistes de Daech, les réactions occidentales risquent de se faire discrètes. Coïncidence heureuse ou rideau de fumée, on annonce une offensive imminente vers Mossoul en Irak. Pas question de remercier la Russie ou l’Iran de leur aide militaire en Syrie. Impossible d’applaudir à cette victoire contre Daech. Depuis le temps qu’on nous répète que Daech et Bachar sont complices, c’est un petit peu compliqué d’expliquer le contraire à présent. La réalité crève les yeux, et on continue à se mettre la tête dans le sable.

La Russie est notre meilleure alliée avec Damas pour lutter contre Daech en Syrie. Et nous refusons toujours de nous unir à elle pour frapper Daech. Combien de fois a-t-on répété que la Russie et le régime syrien ne se battaient pas contre Daech mais contre «l’opposition modérée»? Des milliers de fois sans doute. Cette version officielle a été reprise sans preuve dans les médias en dépit de l’évidence. Cette fois-ci, le récit officiel de la guerre va être difficile à entendre. Il faudra bien admettre que la Russie et la Syrie de Bachar Al-Assad sont en première ligne contre Daech tandis que nous les regardons faire.Après plus de cinq ans de guerre civile syrienne, il serait temps de changer de stratégie et de sécher nos larmes. Contre Daech, on ne devrait pas avoir de scrupules à se battre aux côtés des Russes, des Kurdes et de l’armée syrienne. C’est un moindre mal qui doit l’emporter sur toute autre considération. A Palmyre, celui qui ne se bat pas contre Daech est quelque part avec lui.La meilleure réponse à apporter aux attentats qui frappent notre continent tous les quatre mois, ce n’est pas de s’agenouiller devant un lumignon ou de s’interroger sur l’état d’urgence. Ce n’est pas de hisser un grand drapeau blanc en haut de la cathédrale de Strasbourg. Ce n’est pas seulement un grand sursaut national contre l’islam radical, infiltré sur notre sol, qui est nécessaire. C’est aussi en Syrie qu’il faut changer d’alliés. On renâcle à se battre aux côtés des russes et des syriens qui sont en première ligne contre Daech au prétexte qu’ils ne sont pas de parfaits démocrates. On préfère encourager contre eux une «rébellion modérée» qui n’en est pas une. Cette vision stratégique a un nom, l’angélisme. A Bruxelles, à Paris comme en Syrie, l’angélisme doit laisser place au réalisme.

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