La présidence du Kurdistan irakien, région pilonnée par les raids de l’aviation turque depuis le 24 juillet, a demandé, samedi 1er août, le départ des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). « Le PKK doit éloigner son champ de bataille de la région du Kurdistan irakien pour que les civils ne deviennent pas des victimes de cette guerre », a indiqué le bureau du président de la région, Massoud Barzani, dans un communiqué.

De nouveaux raids de l’aviation turque contre des bases du PKK à Zarkel, à l’est d’Erbil, ont fait au moins six morts, dont deux femmes, samedi, ont annoncé des responsables kurdes locaux alors que l’offensive d’Ankara contre ces rebelles turcs est entrée dans sa deuxième semaine. Des médias prokurdes de Turquie ont évoqué de leur côté un « massacre », sans plus de précisions.

« Une enquête a été ouverte sur ces allégations et les faits seront pleinement vérifiés », a ensuite assuré dans la soirée le ministère turc des affaires étrangères dans un communiqué, ajoutant que les raids de l’armée visaient les bases logistiques du PKK. Les cibles choisies sont situées dans des zones où les services de renseignement turcs indiquent qu’il n’y a pas de civils, a aussi affirmé le ministère.

Guerre contre le PKK et contre l’EI

Depuis le 24 juillet, des avions de chasse turcs F-16 visent des cibles du PKK en Irak et de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a engagé son pays dans une « guerre contre le terrorisme » après l’attentat du 20 juillet à Suruç qui a fait 32 morts. Mais les bombardements turcs ciblent principalement le PKK, considéré par la Turquie, les Etats-Unis ou encore l’Union européenne comme une organisation terroriste.

En Irak, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de M. Barzani a toujours eu des désaccords avec le PKK, même s’il a autorisé les combattants de cette guérilla à établir leurs camps dans les montagnes du Kurdistan irakien. Dans son communiqué, le président Barzani a pressé le PKK et le gouvernement turc de renouer leur dialogue de paix, alors que la trêve qui tenait depuis 2013 entre les deux parties a volé en éclats après les récentes violences.

Le PKK a affirmé qu’il avait perdu peu d’hommes dans les raids menés depuis une semaine alors que l’agence gouvernementale turque Anatolie a rapporté samedi qu’environ 260 combattants de cette guérilla kurde turque avaient été tués et des centaines d’autres blessés.

Les Etats-Unis ont-ils trahi les Kurdes ?

A peine plus d’une semaine après l’annonce d’un ralliement de la Turquie à la lutte contre l’Etat islamique (EI) en Syrie, Ankara semble plus soucieux de lutter contre ses autonomistes kurdes que contre les djihadistes de l’EI. La question est de savoir si les Etats-Unis, et leurs alliés au sein de l’OTAN, ont donné une sorte de feu vert à la Turquie pour reprendre la guerre contre les militants kurdes en contrepartie de sa participation, même limitée, aux opérations anti-EI ?

Autre manière de poser la question : l’administration Obama est-elle complice de Recep Tayyip Erdogan ou s’est-elle fait rouler dans la farine par le président turc ? Washington insistait depuis un an pour obtenir la participation de la Turquie à la campagne de bombardements en cours contre l’EI. Les Américains souhaitaient notamment utiliser des bases aériennes turques proches de la frontière syrienne pour leurs drones, leurs hélicoptères et leurs chasseurs bombardiers.

Le Monde

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