Les accords de normalisation entre Israël et des pays arabes ne sont pas menacés

Israël et le Hamas peuvent estimer tous deux avoir obtenu des gains politiques du récent conflit, mais pas assez clairs pour empêcher d’imaginer une reprise des combats. Mais le conflit ne semble pas menacer les accords d’Abraham entre Israël et des pays arabes

La crise est-elle terminée ?

Non, elle est en suspens , car les raisons de fond de l’affrontement demeurent. En outre, les gains éventuels qui auraient permis aux deux parties d’arrêter de manière durable les combats ne sont pas clairs. Le Hamas a subi des pertes, mais a démontré, grâce à l’arsenal accumulé et à une amélioration de ses technologies, des capacités à faire face à Tsahal bien supérieures à celles de la dernière fois, en 2014. Il peut aussi se targuer plus que jamais de représenter un leadership plus affirmé du peuple palestinien que son rival du Fatah de Mahmoud Abbas.

Israël, pour sa part, a démontré une incontestable supériorité militaire avec très peu de victimes sur son sol, et prouvé son engagement résolu à contrer le Hamas, mais a dû faire face à un retournement de l’opinion publique internationale qui lui reconnaissait au début le droit à se défendre, mais a été ému par des développements ultérieurs. La question essentielle est de voir sur quoi tout cela va déboucher. Peut-on envisager, par exemple, une nouvelle initiative de règlement du conflit israélo-palestinien par des pays arabes ?

Le conflit peut-il menacer la normalisation en cours entre Israël et les pays arabes et notamment les accords d’Abraham ?

Non. Les Accords d’Abraham sont résilients et vont déboucher vraisemblablement sur un développement des relations bilatérales économiques, technologiques, etc, entre Israël et les EAU et Bahreïn, le Soudan, le Maroc , etc. En revanche, les gouvernements des pays arabes ont pu constater l’émotion ressentie par leur population, notamment la génération la plus jeune, et la sympathie instinctive qu’elle éprouve pour les Palestiniens au vu des injustices qu’ils subissent tant qu’aucune solution n’aura été trouvée. Ils vont devoir en tenir compte.

La normalisation avec Israël correspond aux intérêts nationaux des pays en question, mais demeurent aussi des aspects émotionnels, sur fond aussi de défiance des peuples arabes envers le soutien clé d’Israël, à savoir les Etats-Unis. Dans ce contexte, certains pays arabes pourraient jouer un rôle de médiation, par exemple les Emirats arabes unis.

Y a-t-il des risques de contagion du conflit au niveau régional, voire en Occident au vu des incidents antisémites, notamment à New York ?

Au niveau régional, le risque est vraiment faible. Les différents acteurs, étatiques ou non étatiques, n’ont aucun appétit pour un conflit ouvert et feront tout pour l’éviter. Même le Hezbollah, et donc l’Iran, est très prudent et n’a pas cherché à s’impliquer dans le conflit. L’affrontement central du Moyen Orient, celui entre Téhéran et Israël, reste d’ailleurs dans une zone grise, dans la cybersphère, ou des opérations clandestines et ponctuelles. Pour ce qui est du risque que ce conflit alimente l’antisémitisme en Occident jusqu’à des niveaux incontrôlables, c’est une question délicate et je ne me risquerai pas à un pronostic

Par Yves Bourdillon Publié le 22 mai 2021

Sanam Vakil suit le Proche Orient au think tank de référence Chatham House, à Londres (DR)

www.lesechos.fr

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