Le RN « cachérise » ses cadres. LFI les rend « hallal »

Certains dans la communauté ont mis à tort le signe égal entre le RN et LFI. Cela montre un manque de discernement.

L’une des premières bénédictions du matin se rapporte au discernement que Dieu a donné au coq, pour qu’il discerne le jour de la nuit. Certains de nos dirigeants et certaines personnalités n’ont pas la qualité du coq.

On juge une communauté à ses dirigeants, surtout en matière d’antisémitisme. L’Allemagne d’Hitler n’est pas l’Allemagne. L’Espagne d’Isabelle la catholique n’est pas l’Espagne. La France de Pétain n’est pas la France. Si les dirigeants sont antisémites, ils entrainent avec eux la majorité du groupe.

Marine Le Pen n’est pas Jean-Luc Mélenchon et le signe égal est une bêtise. Beaucoup ne s’y sont pas trompés. Se dire intellectuel ou dirigeant tout en ne faisant pas preuve de bon sens est une double faute. Se tromper soi-même en est une, pousser les autres à l’erreur en est une autre, et cela est plus grave.

Depuis longtemps Marine Le Pen cherche à se rapprocher de la communauté et d’Israël. Malheureusement les préjugés ont la vie dure.

À l’inverse Jean-Luc Mélenchon recherche des pro-Hamas, des gens capables de semer la haine contre les juifs et Israël des Aymeric Caron, susceptibles de lui faire la campagne présidentielle. Pour ce type, la guerre en Israël a été une aubaine, il ne pouvait rêver mieux pour attiser les haines.

Le RN fait le grand ménage parmi ses cadres locaux.

Après la déception des législatives, l’eurodéputé Aleksandar Nikolic est chargé d’assainir les structures départementales du parti à la flamme. Un audit est en cours.

Des airs de conseil de discipline davantage que de week-end d’intégration… La rentrée politique du Rassemblement national devrait cette année connaître une effervescence particulière. Bien différente des traditionnelles « universités d’été » du mouvement nationaliste, organisées chaque année le deuxième week-end de septembre dans les villes RN ensoleillées de Fréjus, dans le Var, ou de Beaucaire, dans le Gard… Autre ambiance, cette fois. Pas de Sud ni de plage.

C’est sous le ciel parisien, vraisemblablement dans les locaux froids et studieux de l’Assemblée nationale, que se retrouveront les cadres du parti à la flamme. Au programme de ces 14 et 15 septembre : journées parlementaires, formations et, surtout, un conseil national élargi. Sorte de parlement interne au RN qui, loin de se borner à la gestion des affaires courantes, pourrait bien virer cette année au comité de salut public… Avec, sur le billot, la tête de nombreux préfets du mouvement au niveau local.

Selon nos informations, entre 25 % et 30 % des délégués départementaux du mouvement pourraient, ces prochains mois, être remerciés et remplacés. Un renouvellement inédit par son ampleur.

Si Marine Le Pen et la majorité des cadres dans son sillage se refusent à parler d’« échec », tous conviennent que quelque chose n’a pas exactement fonctionné comme prévu lors des législatives de juillet dernier. À commencer par la ribambelle de candidats RN relevant de l’erreur de casting. Coupables de sorties de route racistes ou antisémites pour les uns. Porteurs de dossiers médicaux ou de casiers judiciaires manifestement incompatibles avec tout mandat électif pour les autres.

Ils auront, par leurs frasques, pollué la campagne de second tour du parti et contribué à permettre la résurrection contre lui du vieux « front républicain », réduisant à néant ses chances, pourtant inédites, de conquérir le pouvoir.

Précisément chargés de présélectionner ces candidats dans chacune de leur fédération, les délégués départementaux sont très largement pointés du doigt dans cette faillite. « Notre structure très centralisée marchait bien pour le stade où nous étions jusque-là. Mais, désormais, cela ne suffit plus », confie le député de Moselle Laurent Jacobelli. « Aujourd’hui, nous avons des gens sur le terrain chargés de choisir nos candidats qui n’en ont pas les capacités, traduit plus crûment, sous l’anonymat, un haut cadre du RN. Beaucoup sont restés en place parce qu’on n’avait personne d’autre à y mettre. Ce qu’il nous manque, c’est un DRH. »

Jusque-là censé occuper ces fonctions, en tant que responsable des fédérations et directeur général du RN, Gilles Pennelle a été contraint de démissionner au lendemain des élections. La première lame du rasoir. La seconde est en train d’être aiguisée.

Le bureau exécutif du mouvement a attendu le creux de l’été pour confier, selon nos informations, une large mission d’audit de la gestion de toutes les fédérations RN à un potentiel successeur, l’eurodéputé fraîchement élu Aleksandar Nikolic.

Âgé de 37 ans, le jeune homme connaît bien la direction des « fédés » pour y avoir travaillé depuis fin 2014. Il y eut d’ailleurs un temps pour collègue un certain Jordan Bardella… L’Eure-et-Loir, fédération dont il a longtemps eu la charge, a été élue trois années par le mouvement « fédération la mieux gérée de France », en plus de décrocher le record du nombre de listes RN déposées lors des dernières municipales.

« Mais sans en faire gagner aucune », persiflent ses contempteurs. Ce qui n’a pas empêché le nom de l’eurodéputé de circuler au sein des plus hautes instances du RN depuis plusieurs mois pour reprendre les rênes des fédérations.

« Il faut la bonne personne affectée à la bonne mission… »

« Il ne s’agit d’accabler personne. La grande majorité de nos responsables locaux a fait le boulot, tempère auprès du Point Aleksandar Nikolic. Je présenterai au bureau exécutif un inventaire des fédérations et il statuera. Il est des cas où une personne n’est peut-être plus la personne idéale pour être l’ambassadeur du premier parti de France dans son territoire et doit donc être remplacée dans ses fonctions. Mais cela n’enlève rien au respect qui lui est dû, pour son travail et le temps consacrés au mouvement. »

Tel sera sans doute le cas du patron de la fédération de Mayenne, où, sur trois personnes sélectionnées par ses soins, deux candidates ont défrayé la chronique. L’une pour avoir mis en avant son « ophtalmo juif » et son « dentiste musulman » pour prouver qu’elle n’était ni antisémite ni raciste. L’autre pour avoir été condamnée, il y a trente ans, pour séquestration avec arme. Tel sera peut-être aussi le cas de la cheffe de la fédération de Haute-Savoie, dont l’adjoint et candidat choisi par ses soins dans la deuxième circonscription a fait le miel des réseaux sociaux en s’effondrant lors d’un débat télévisé.

Le délégué départemental du Calvados, épinglé pour son passé au sein du Groupe union défense (GUD) et du mouvement néofasciste Ordre nouveau dans les années 1970, a quant à lui pris les devants. Comme saisi de lassitude et sentant venir le souffle du boulet, il a de lui-même annoncé à la presse locale « qu’il n’y aurait pas de prochaine fois » pour lui…

Alors que les députés RN ont tous en tête une nouvelle dissolution possible de l’Assemblée nationale à l’été prochain et que se profilent déjà à l’horizon les municipales de 2026, Edwige Diaz veut croire qu’« il n’y a pas meilleur moment pour régénérer et renforcer l’appareil ». La députée de Gironde et membre du bureau exécutif du RN ajoute : « Et puis nous n’avons jamais eu autant d’adhérents, des gens qui veulent s’engager, prendre leur part, avec parfois d’importantes qualités managériales. Occuper un poste seulement pour le prestige n’a pas de sens. Il faut la bonne personne affectée à la bonne mission… »

Conseiller spécial auprès de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, l’eurodéputé Philippe Olivier fait la moue : « Quand quelqu’un ne convient pas, je suis le premier à dire qu’il faut y remédier. Mais nous ne devons pas perdre de vue l’objectif de faire émerger une nouvelle élite populaire, de simples citoyens qui s’engagent et qui seront les élus et peut-être les dirigeants de demain. Faire concourir et faire élire des gens du peuple, c’est tout à l’honneur du RN. La politique n’est pas un concours entre “bac + 18”, et les partis politiques ne doivent pas être des clubs d’assistants parlementaires. »

Au-delà de la personnalité et des qualités des délégués départementaux, nombre d’élus pointent un autre problème au sein du Rassemblement national, responsable, peut-être davantage encore, des graves dysfonctionnements des dernières législatives : son archicentralisation. « Gilles Pennelle a joué les fusibles. Mais il a fait le boulot et n’a fait que respecter les règles, affirme ainsi un parlementaire. On ne peut pas reprocher au parti d’avoir trop fait confiance aux fédérations, alors qu’il est très exactement bâti comme cela. »

Tout au long de ses cinquante ans d’existence, la direction du Front devenu Rassemblement national a toujours eu pour hantise la constitution de baronnies par ses élus, qui tenteraient d’accaparer l’appareil au niveau local, voire d’acquérir suffisamment d’autonomie pour potentiellement s’opposer aux décisions du siège. Raison pour laquelle, en 2022, Jordan Bardella a instauré comme règle qu’aucun député ne pourrait cumuler ses fonctions avec celles de délégué départemental dans sa circonscription.

« On voit le résultat, griffe un député. Je connais les gens qui ont été investis dans mon département, je les ai vus sur les marchés, dans les réunions militantes… Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’auraient pas constitué mon premier choix… »

Le président du RN pourrait bien être invité, sur ce point, à revoir lui aussi sa copie à la rentrée.

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