Raphaël Nisand – Le nouveau désordre mondial

Il ne suffit pas de l’élection d’un nouveau Président des Etats-Unis pour d’un coup de baguette magique retrouver un nouvel ordre mondial fondé sur le multilatéralisme.

L’ordre juste qui est la recherche de tous les peuples et de tous les politiques ne se décrète pas car la réalité et les faits sont têtus.

A peine Joe BIDEN avait-il posé dans un grand discours fait au département d’état les nouveaux paramètres de la politique américaine que le sol s’est dérobé sous ses pieds.

Joe BIDEN a annoncé que la politique étrangère américaine serait fondée sur les valeurs et les droits de l’homme. Mais à supposer que les valeurs internationales soient celles du Président des Etats-Unis voici que les faits lui résistent.

En Birmanie un putsch de généraux met fin à la tentative démocratique de la prix Nobel de la Paix Aun San Su Kiy. Ce putsch immédiatement dénoncé par les Etats-Unis et par l’Union Européenne laisse le conseil de sécurité de l’ONU inerte, les parrains des généraux birmans que sont la Russie et la Chine s’opposant à toute condamnation et même à tout débat.

Le Président BIDEN décrète l’arrêt unilatéral de l’oléoduc américano canadien déclenchant des protestations véhémentes du Canada bien qu’il ait annoncé cet arrêt pour raisons environnementales dès sa campagne.

A l’inverse son alliée européenne Angela MERKEL décide avec la Russie de l’accélération du gazoduc germano-russe malgré les protestations de Washington et des européens. BIDEN a eu beau stopper sans contrepartie le départ de 9000 GI d’Allemagne, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne reçoit aucun remerciement côté allemand.

Le nouveau Président américain a également décidé de suspendre le décret de Trump appelé Muslim Ban mais dans un même temps , rendant cette décision illisible au regard des sunnites, il suspend toute aide militaire à l’Arabie Saoudite afin d’en finir avec la guerre au Yémen.

De même, toujours au Yémen la nouvelle administration décide de sortir le mouvement chiite des houtistes de la liste des organisations terroristes.
Or l’Arabie saoudite avait commencé la guerre au Yémen parce-que les houtistes étaient en passe de s’emparer du pays avec l’aide de l’Iran.
Les houtistes n’ont nullement déposé les armes ni l’Iran de telle sorte que l’Arabie Saoudite, principale alliée sunnite des américains, risque d’être prise en tenaille entre l’Iran et l’Irak dominé par les chiites au nord, et le Yémen au sud.

Pour faire bonne mesure la nouvelle administration a également annulé la vente d’avions F35 aux émirats arabes unis alliés des saoudiens et qui avaient obtenu cette vente lors des accords d’Abraham.

Y a-t-il eu un accord secret de non belligérance avec l’Iran ? L’avenir le dira.

Mais si ce n’est le cas, c’est un grave désordre qui aura été instillé au Proche et au Moyen-Orient .

Tout ceci rappelle l’ère Carter, un Président américain démocrate qui avait aussi décidé que les Etats-Unis devaient être pro actifs sur la scène internationale pour promouvoir les valeurs et les droits de l’homme. Cela avait en son temps facilité la prise de pouvoir des ayatollahs.

Il reste à espérer que le nouveau cours international parvienne à faire coïncider la promotion des valeurs démocratiques et la stabilité dans la prospérité mais c’est très très loin d’être gagné.

Raphaël Nisand
Chroniqueur sur Radio Judaïca

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gigi

Effectivement, Biden rappelle Carter. Et notamment son côté « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », qui tranchait singulièrement avec un climat international plutôt tendu. Aujourd’hui, Biden a pris les traits du bon samaritain qui pense qu’en démontant ce que son prédécesseur avait fait, il aura rendu le monde meilleur. A mon avis, il ne faudra pas longtemps avant qu’il ne déchante. L’Histoire n’aime pas la faiblesse, ni les divisions. La faiblesse de Biden est évidente, et les divisions sont déjà à l’oeuvre avec un procès inutile intenté contre Trump. Si, comme cela en prend le chemin, le sénat retoque l’accusation contre Trump, les démocrates tenteront une action au pénal ce qui ne fera qu’aggraver les divisions et le ressentiment.