Un mohel jugé pour agressions sexuelles sur des mères de famille : « Qu’il paye pour ce qu’il a fait »

Quatre femmes se sont constituées parties civiles dans cette affaire, qui est présentée devant la cour criminelle du Val-d’Oise depuis ce mardi matin. L’accusé de 62 ans était basé à Sarcelles et intervenait depuis plus de trente ans au sein de la communauté juive en Île-de-France.

« Qu’il prenne de la prison ferme, qu’il paye pour ce qu’il a fait. Que justice soit faite. Voilà ce que nous attendons du procès… » La parole est unanime parmi les quatre femmes qui se sont constituées partie civile et leurs proches, alors que le procès du circonciseur de Sarcelles s’est ouvert ce mardi matin devant la cour criminelle du Val-d’Oise. Gabriel Assouline, 62 ans, un homme reconnu par la communauté juive d’Île-de-France, mohel depuis plus de trente ans et qui avait pris la suite de son grand-père et du père de celui-ci, est jugé pour un viol par pénétration digitale et des agressions sexuelles commis sur les mères des petits garçons qu’il venait circoncire. Il conteste les faits qui lui sont reprochés.

Ces dernières venaient d’accoucher et étaient considérées comme particulièrement vulnérables, mais aussi placées sous l’autorité religieuse et médicale de l’accusé. Ce dernier est suspecté de s’être fait passer pour un médecin. On l’appelait d’ailleurs « Docteur ».

Après des rumeurs qui couraient au sein de la communauté depuis des années, une première femme s’est décidée à briser le mur du silence, puis plusieurs autres, en 2017… Quatre personnes ont ainsi porté plainte pour des faits commis entre 2010 et 2017. Puis d’autres, mais les faits se sont révélés prescrits. Il est toujours question du même mode opératoire, celui d’un homme qui s’isole avec les femmes, palpe leurs seins en évoquant un lien avec la santé du bébé et, pour certaines, vise les parties intimes.

« S’il peut demander pardon, ce serait une bonne chose »

« Il a dû y avoir des dizaines et des dizaines de femmes qui ont été victimes. Nous sommes aussi ici pour toutes celles qui n’ont pas pu témoigner et pour toutes celles pour qui les faits sont prescrits », confie l’une d’elles en marge de l’audience. « S’il peut demander pardon, ce serait une bonne chose. Mais on n’y croit pas beaucoup », ajoute une autre.

Dans l’immédiat, au vu de la position de l’accusé à l’issue de l’instruction judiciaire, il semble peu probable qu’il s’adresse aux parties civiles en ces termes. Après avoir reconnu une partie des faits en garde à vue, admettant avoir cédé à des pulsions, il est revenu sur ses déclarations devant le juge d’instruction en contestant les attouchements sur les seins et la pénétration digitale. Il s’agit selon lui de gestes techniques mal interprétés, les dénonciations relevant du complot.

Près de 9 000 circoncisions effectuées

Le premier jour d’audience a été consacré à sa personnalité et à son parcours atypique, celui d’un enfant né au Maroc dont la famille rejoint Sarcelles en 1973 pour rejoindre l’importante communauté juive qui y est installée. Scolarisé sur place puis à Aix-les-Bains, il empoche un bac scientifique mais part étudier la théologie à Tel Aviv (Israël) ou il obtient un certificat de mohel. « C’est mon père qui m’a poussé. Je n’étais pas contre », explique l’homme religieux.

À son retour, suivent des études de dentiste qu’il lâche alors qu’il ne lui reste que la 5e année à faire et se lance dans un parcours d’entrepreneur. Il reprend l’affaire de traiteur de son père par goût « des festivités » puis, plus tard, s’occupe de logiciels, de diffusion du Talmud sur Internet, mais aussi de placements immobiliers en Israël pour les gens désireux de s’y installer, et enfin de coaching.

Dans le même temps, son activité de mohel est devenue prépondérante. Il décrit à la barre longuement le sérieux de son travail, assure avoir « rattrapé » nombre de problèmes de ses confrères au sujet d’enfants ayant eu besoin de chirurgie réparatrice, niant en être à l’origine. Sur dix ans, l’enquête de la police judiciaire a estimé le nombre de circoncisions à 9000, payées autour de 500 euros en moyenne, ce qui représenterait 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une somme contestée par l’accusé qui s’est attaché à se présenter comme désintéressé, assurant qu’il ne demandait pas d’argent pour ses actes aux familles, qui donnaient selon lui d’elles-mêmes.

Sous contrôle judiciaire depuis six ans

« Pour quatre parties civiles, vous leur avez bien demandé ! » rétorque l’avocat de ces dernières, Maître Elie Korchia. « Même si ce n’est pas 5 millions, ce sont des centaines de milliers d’euros. Vous en avez fait quoi de cet argent ? Avez-vous des biens immobiliers en Israël ? » « Je gardais ce qu’il faut pour mettre l’essence, payer un trajet. On n’emporte rien dans la tombe », jure l’accusé.

Mis en examen en 2017, Gabriel Assouline est depuis près de six ans placé sous contrôle judiciaire. La famille a dû quitter Sarcelles. « Comment avez-vous vécu ces années ? » lui demande son avocat, Maître Francis Metzger. « Je ne souhaite à personne de vivre cela. On a pu le surmonter mais c’était insoutenable », souligne l’accusé. Cette mise en examen avait donné un coup d’arrêt à plus de trente ans de pratique ainsi qu’à l’activité de sa société, ISR Project. « Je ne pouvais plus rien faire, en quelque mois j’étais HS ! Cela a été tellement médiatisé… Mais j’ai eu beaucoup de soutiens spontanés. » Il confie que son installation à Strasbourg a été prise en charge par la communauté. « Les gens ne se sont pas détournés de vous ? » s’interroge le président, Marc Trévidic. « Les gens ne sont pas dupes. Ils savent très bien », répond-il, suggérant le complot. Le procès se termine ce lundi 5 juin.

Une autre question se pose et celle-ci en interne, pour la communauté juive de Sarcelles dont il est ici question. Qu’ont fait les responsables communautaires rabbins et Consistoire de Paris en n’alertant pas de manière officielle la communauté contre ces pratiques, qui se sont déroulées pendant plus de 30 ans. Comment faire pour rendre la gouvernance communautaire juive plus morale et plus éthique. Comment admettre que c’est dans un silence résolu que tous ces dévoiements religieux, moraux, voire économiques se sont déroulés. Quand cessera le chantage «  au lachon ha-ra » (la médisance) pour couvrir toutes les formes d’immoralités et d’injustices, dès qu’il s’agit de personnes prétendument religieuses. Le résultat de tout cela est cette condamnation publique qui entache la Communauté et son message, justement sur ce qui est la base de son alliance avec Dieu, la Brith Mila.

JForum.fr & le Parisien

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trublion

Prions pour notre peuple.
Le présent article rajoute une couche.
Avant le procès et maintenant le verdict, ce mohel a été condamné et a payé un prix très très fort.
quelle est la punition dans notre religion pour faire honte à son prochain devant la france entière, parler du mal de quelqu’un. le grand rabbin de france lui même qui en rajoute …
pas un seul mot de bénéfice du doute ou à décharge dans cet article …
9000 brit, 4 plaintes … des années et des années à faire des milots, des milliers de familles heureuses de l’avoir eu comme mohel, toujours disponible,
que Dieu ait pitié de nous …

Gougenheim

Cher Trublion,

Mais vous avez raison. Il a fallu attendre les plaintes, pour que cette horreur cesse Le Consistoire qui ne pouvait qu’être informé, puisque sale type était interdit dans certaines synagogues l’a laissé continuer au total 23 ans! A cause des prescriptions ce ne sont que les années 2010-2017 qui sont concernées par les plaintes de celles qui ont osé déposé plainte.
Si le Consistoire veillait à ce qui se passe dans les synagogues, il n’y aurait pas eu de procès, il aurait pu et dû voir son activité être interdite bien avant, il y a des années.
Et aucune enquête interne pour savoir qui le couvrait et touchait des coms? Dégueulasse pour parler poliment

trublion

Cher Monsieur,
Vous l’avez jugé et condamné avant la fin du procès.
Le consistoire ne représente pour les juifs de France que ce que l’état français veut de nous, ça ne peut pas marcher, nous sommes un peuple à la nuque raide.
Notre religion fait que nous sommes en direct avec notre créateur, chaque juif.
Ce mohel rendra des comptes à son créateur. chacun de nous. Et aussi ceux qui jugent et condamnent sans savoir.
s’il a exercé toutes ces années, c’est que les gens étaient contents de lui. s’il a fait une faute, la justice est saisie, il paiera pour ça. toute punition est proportionnée, les juges sont la pour ça.
ceux qui ont fait le lachon ara’ et puni durement ce mohel sans jugement, car il a du déménager, ses enfants refusés dans les écoles juives, perdre sa parnassa, …., paieront aussi, toutes nos actions se paient, Celui la Haut veille.

Gougenheim

Des faits connus puisqu’il était interdit dans certaines synagogues notamment le Raincy et les Tournelles. Pourtant il a continué à officier, effectuant 60% des circoncisions d’IDF. Comment est-ce possible ? Y a-t-il eu des coups versées. Ni A aucun moment, il n’y eut d’enquête interne au Consistoire. Consistoire veut dire toujours irresponsable

Gougenheim

Des fait connus puisque ce circonciseur était interdit dans certaines synagogues notamment le Raincy et les Tournelles. Comment a-t-il pu continuer à exercer ? La question de commissions versées est posée surtout qu’il effectuait 60% des circoncisions en IDF . Même après sa mise en examen il n’y a pas eu d’enquête interne, rien. Le Consistoire toujours irresponsable