Le Japon enfin prêt à s’ouvrir à Israël. La culture et la politique empêchaient Tokyo de créer des liens commerciaux avec Israël, ce n’est plus le cas désormais
Le Hackathon [événement organisé sur plusieurs jours où des développeurs se réunissent pour travailler sur des projets, en général informatiques] de cette semaine organisé par Toyota ITC (InfoTechnology Center), le centre de recherche et développement de la compagnie en Israël, est le premier événement de ce genre organisé par une société japonaise.
Il aura lieu jeudi et vendredi prochains et les programmeurs et entrepreneurs israéliens travailleront sur des projets pour créer des « voitures connectées » – des véhicules qui enverront et téléchargeront des données d’un cloud [ensemble de processus utilisant la puissance de calcul et/ou de stockage de serveurs informatiques se trouvant à distance grâce à un réseau, généralement Internet], pour améliorer la sécurité et l’expérience de conduite, explique Toyota. « [Espérons que] les participants travailleront dur et créeront un nouveau service ».
Toyota est la première sur la liste des compagnies japonaises qui projettent de s’engager en Israël.
« Au mois de mai dernier, le Premier ministre (Benjamin) Netanyahu s’est rendu au Japon et a rencontré de nombreuses personnes liées au monde des affaires et des responsables gouvernementaux », indique Farber.
Même si la plupart de ces réunions n’ont pas fait l’objet d’une couverture médiatique, elles ont contribué à cimenter les relations commerciales entre Israël et le Japon – à tel point que le ministre de l’Economie japonais, Toshimitsu Motegi, s’est rendu en Israël avec une délégation au moment même où l’opération Bordure protective était en cours cet été. Même après que la guerre ait éclaté, Motegi et son entourage sont restés en Israël pour travailler sur plusieurs accords prometteurs, indique Farber.
Alors que d’autres pays asiatiques – en particulier la Chine et la Corée du Sud – s’arrachent la technologie israélienne, le Japon est resté sur le banc de touche, à observer l’action. Mais ce n’est plus le cas, s’exclame Farber.
« Les compagnies japonaises se concentraient uniquement sur le marché intérieur mais ces dernières années, elles sont entrées en phase avec le marché international. De ce fait, elles sont de plus en plus conscientes de ce qu’Israël peut offrir ».
Le long ralentissement de l’économie de leur pays – la Chine devrait prendre la deuxième place du Japon sur le podium des plus grandes économies mondiales à n’importe quel moment – a aussi réveillé chez les Japonais ce besoin d’innover, analyse Farber, « et ils se rendent compte que peu de pays sont aussi innovants qu’Israël ».
En plus de la technologie automobile, précise Farber, le Japon est aussi à la recherche de nouvelles technologies en matière de cyber-sécurité, d’application mobile et de technologies robotiques qui pourraient assister la population vieillissante.
« La population japonaise a la plus grande espérance de vie au monde. Le gouvernement souhaite trouver les ressources nécessaires pour garantir la santé et la sécurité de sa population », indique-t-elle. « Les compagnies israéliennes ont développé de nombreuses technologies, de la robotique aux appareils médicaux en passant par les outils de communication, qui pourraient aider les personnes âgées à vivre dans le confort et en sécurité ».
Cela fait plus d’une décennie que Farber travaille sur les relations commerciales entre Israël et le Japon. « Mon ‘histoire d’amour’ avec le Japon a débuté en 1991, lorsque j’y suis allée pour deux semaines de vacances, et que j’ai fini par y rester sept ans ».
A Tokyo, elle a étudié le commerce et la langue locale. Elle est devenue une « experte » du commerce japonais et bien plus encore. « J’ai décidé de devenir un pont entre les hommes d’affaires japonais et israéliens qui veulent travailler ensemble mais ne savent pas comment gérer les différences culturelles et les barrières de la langue », raconte-t-elle. En plus de faciliter la signature d’accords commerciaux, Farber organise des cours pour les Israéliens qui souhaitent apprendre le japonais et des séminaires sur la culture commerciale japonaise.
Farber a fondé l’Asia Institute en 2000, en se concentrant sur le Japon. « A cette époque, la Chine n’était pas encore entrée dans le radar, de ce fait toutes les discussions en Israël tournaient autour du sujet des relations commerciales avec le Japon », se remémore-t-elle. Même si en ce temps, les Japonais n’étaient pas encore prêts – mais ils le sont maintenant. « En affaire, c’est souvent une question de timing, et le timing est bon maintenant », indique Farber.
Après le Hackathon de Toyota, Farber est persuadée que d’autres entreprises d’automobiles suivront la même route et organiseront des événements technologiques en Israël. Et pas uniquement dans le domaine automobile. Déjà, annonce-t-elle, plusieurs compagnies spécialisées en technologie et appareils médicaux font la queue pour voir ce qu’Israël a à offrir et une tournée de présentation de compagnie israélienne est organisée pour l’année prochaine. Cette tournée permettra aux cadres japonais de découvrir et d’examiner la technologie médicale israélienne.
« 2014 a été une très bonne année pour les relations commerciales israélo-japonaises, et 2015 sera encore meilleure », affirme Farber. Une délégation de hauts responsables israéliens se rendra à Tokyo le mois prochain et Farber est persuadée que nouveaux accords seront annoncés les mois à venir. « Les gouvernements d’ici et de là-bas prennent ces initiatives très au sérieux », explique-t-elle. « Les deux parties ont appris qu’il n’y avait rien à craindre de part et d’autre – et en fait, il y a beaucoup de choses à [apprendre et à] apprécier ».