Le bombardement avorté de l’Iran : un scénario invraisemblable…
Le président Donald Trump ne sera donc jamais comme ses prédécesseurs, il aura, jusqu’au bout de son mandat, fait les choses à sa manière.

C’est ce qu’on peut vérifier à la lumière de ce récit incroyable concernant les représailles contre l’Iran, accusé d’avoir abattu un drone Us qui aurait, selon les autorités du pays, violé l’espace aérien iranien. Comment l’affaire a t elle commencé ?

C’est le New York Time qui a ébruité l’affaire, donnant ainsi une certaine vraisemblance à de l’invraisemblable ! Que relatait ce journal ? En gros, les faits suivants : pour punir l’Iran de s’en être pris à un drone militaire US qui évoluait près de ses frontières, mais bien en dehors de son espace aérien, l’exécutif Us a demandé aux forces armées de préparer la riposte…

Un plan fut présenté à la Maison Blanche et selon toute apparence, approuvé par le Président et ses conseillers. Et c’est là que les choses deviennent incroyables : alors que les avions ont déjà pris leur envol ou se préparent à le faire de manière imminente, le président demande à un général quel serait approximativement le nombre de victimes iraniennes. Environ 150 morts, répond l’officier général au président lequel se ravise et ordonne, à peine dix minutes avant l’action, son annulation !

Un tel scénario est absolument invraisemblable et pourtant toute la communauté journalistique semble l’accepter. D’abord, comment imaginer que les généraux n’aient pas dit préalablement au chef de l’exécutif les dommages escomptés dans le camp ennemi ?

Comment expliquer que les généraux aient eu besoin d’une seconde entrevue pour répondre à une question dont la réponse avait sûrement été consignée dans les documents échangés entre l’armée et les conseillers de la Maison Blanche ?

Tout ceci ne tient pas debout et relève de la tactique diplomatique exploitant l’intimidation armée jusqu’à la dernière seconde afin de contraindre l’autre partie à s’asseoir à la table des négociations.

Tout ceci est une resucée de l’Art de la négociation (The art of the deal), le célèbre ouvrage commis par l’actuel président US. Le montage du timing et des préparatifs n’est venu qu’après. Mais on ne voit toujours pas un président américain, l’homme le plus puissant de la planète agir de la sorte et se raviser à la dernière minute.

Trump a dû recevoir in extremis une réponse engageante des Iraniens, craignant les effets catastrophiques d’une attaque contre eux. Comment réagirait alors la population ? Et l’opposition ?

J’opte plutôt pour l’envoi d’un message clair aux Ayatollahs de Téhéran : si vous n’obtempérez pas, si vous ne revenez pas rapidement à la table des négociations, voilà ce qui va vous arriver. Et le président US en profite pour se présenter comme un homme humaniste et compatissant, considérant que la destruction d’un simple drone inhabité ne méritait pas une si violente réaction US. Trump a même parlé d’une criante disproportion…

Il est presque évident que par l’intermédiaire de gouvernements amis ou neutres, les USA ont fait passer un message clair à leurs ennemis iraniens : face à notre armada qui campe à vos frontières maritimes et terrestres, vous n’avez strictement aucune chance. Et malgré les rodomontades des Gardiens de la révolution qui savent, au fond d’eux-mêmes qu’ils ne feront pas un pli face aux forces américaines.

Et surtout qu’au cours d’une telle confrontation armée, ils risquent de tout perdre… Le régime joue son va tout. Ce message secret passé aux Iraniens reflète exactement le type de raisonnement développé par Trump dans son Art de la négociation : contraindre l’autre patrie à se rendre par tous les moyens, sans utiliser la violence nue ou la violence des armes.

Encore une fois, en dépit des pantalonnades, des vantardises et des bombements de torse, les chefs iraniens savent que leur pays ne pourra pas tenir longtemps. Donc, Trump envoie un message qui est censé renforcer ceux qui, à Téhéran, font face aux durs du régime, prêts à risquer le tout pour le tout, en entraînant leur pays dans une guerre qu’ils sont sûrs de perdre.

Par ailleurs, parallèlement à cette diplomatie secrète, Trump serre chaque jour un peu plus le nœud coulant autour de l’économie iranienne qui commence à manquer de tout, notamment de médicaments et de pièces de rechange…

Hier encore, le président US a renforcé les sanctions, notamment du secteur bancaire. Or, les circuits financiers sont le poumon de l’économie iranienne qui n’arrive déjà plus à écouler son pétrole dans des quantités suffisantes. Cette situation ne saurait durer indéfiniment.

Ce qui renforce mon interprétation, c’est le fait rarissime que le président en personne a, dans un tweet matinal, confirmé les dires du NYT, donnant encore plus de détails. Le message aux Iraniens est clair : si nous voulions vous infliger de graves dégâts, nous l’aurions fait, mais rien n’indique que nous le ferions pas si vous continuez sur cette voie…

Or, le 27 juin, l’Iran est censé franchir un pas décisif dans l’enrichissement de son uranium. Il est inconcevable que les USA laissent faire et ne réagissent pas militairement à cette situation nouvelle. IL y va du maintien de leur crédibilité. Le clan des durs à Téhéran dirait alors que les USA sont un tigre en papier. Avec Donal Trump à la Maison Blanche, cela est rigoureusement impossible.

Une partie très serrée se joue actuellement à Téhéran. Trump a même annoncé publiquement sa disponibilité à parler avec l’exécutif iranien, le président Rouhani ou le guide Kameney. C’est bien joué car ce dernier a annoncé publiquement qu’il était hors de question de parler avec les Américains ; en d’autres termes, pas question de renégocier le traité nucléaire avec les USA et les Européens.

Au fond, Donald Trump n’est pas si impétueux ni si imprévisible qu’on le dit. Sans croire un seul mot de ce montage, je pense plutôt qu’il a illustré sa méthodologie : comment forcer quelqu’un à en passer par où on veut qu’il passe. Et je pense qu’il y arrivera car quand on voit l’étendue des sanctions et les conséquentes qu’elles entraînent on conseille vraiment à la partie iranienne de faire preuve de sagesse.

Trois points sont sur la table : le soutien au terrorisme, l’arme nucléaire et les missiles balistiques.

Trump ne cédera sur aucun de ces trois points. Du reste, une clarification sur cette trilogie réglerait bien des choses au Proche Orient : A Gaza, au Yémen et en Syrie, sans oublier l’Irak…

Maurice-Ruben Hayoun

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève. Son dernier ouvrage: Joseph (Hermann, 2018)

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

4 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
barov

pauvre israélien allez y vous même combattre les iraniens. ils vous mettrons en piece.

Ugly man

les arguments de trump sont ridicules !!
maintenant obama a le vent en poupe , l’iran a le vent en poupe , les houtis ont le vent en poupe .
y a qu’une façon de faire pour que l’iran arrete d’emmerder les autres , c’est que les saoudiens , soit ils tirent sur l’iran , soit ils arment des yéménites pour qu’il tirent sur l’iran .
là trump sera obligé d’intervenir si l’iran attaque !!

Trompe_go_back

Si mr trump ne veut pas faire de mal alors pourquoi des sanctions ?
C’est ridicule . Trump à bien reculé . En quoi frapper des installations militaires peut-il faire 150 morts ? C’est ridicule .
Si les militaires américains ne peuvent pas demander aux iraniens de dégager avant les frappes alors ils ne sont pas une superpuissances.
Trump commence à m’énerver avec son sentimentalisme exacerbé contre des dirigents qui ne font pas de cadeau .

Élie de Paris

Les ayatoprouts seraient bien capables de tenter une guerre à la noix, perdante…
Un grand philosophe français n’a-t-il pas dit que « les kons, ça ose tout »?
En fait, ce n’est qu’un endurcicement du cœur, desormais hors de leur volonté, tandis que la Trumpette fait semblant de s’énerver, comme il est recommandé aux pères de faire, face aux gosses intenables.
Faire semblant.
Mais quand y aura la débrouillée, la vraie, ce sera sans comédie, ni semonces…
Tous les objectifs dit sensibles sont dans les viseurs.
Dont ceux qu’ils pensent secrets. Faudra être prêts pour assister les civils iraniens.
Et dégommer le hezb.