Le bilan alarmant du Pentagone

Les frappes menées récemment par les États-Unis contre les installations nucléaires iraniennes n’auraient, selon le Pentagone, retardé le programme atomique de Téhéran que d’un à deux ans. Cette estimation intervient après des analyses internes réalisées par les services du ministère américain de la Défense, malgré l’absence de preuves publiques avancées à ce stade.

Le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell, a déclaré lors d’un point presse que les sites ciblés avaient été « complètement détruits », contredisant des estimations précédentes qui faisaient état de dommages bien plus limités. L’évaluation initiale, relayée par plusieurs médias, évoquait un impact de quelques mois seulement sur les capacités nucléaires iraniennes. Aujourd’hui, les responsables américains affirment que les objectifs de l’opération ont été atteints, et même dépassés.

Cependant, cette déclaration contraste avec la position de certains experts internationaux. L’Institut international pour la science, s’appuyant sur des images satellites, a observé qu’aucune reprise d’activité n’était visible à l’entrée des tunnels du site souterrain de Fordow, sans pouvoir conclure sur l’état interne de l’installation. Pour sa part, Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a mis en garde contre une possible reprise de l’enrichissement de l’uranium par l’Iran dans un délai de quelques mois.

Les divergences sont également visibles au sein même de l’administration américaine. Alors que le président Trump persiste à qualifier l’opération de « destruction totale », il s’est aussi montré offensif envers la presse, menaçant de forcer les journalistes à révéler leurs sources, en particulier ceux ayant rapporté que les dommages ne seraient que temporaires.

En Iran, l’ampleur des dégâts est reconnue en partie. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a admis lors d’un entretien que les dommages subis à Fordow étaient importants, bien que les détails exacts restent inconnus du public.

Par ailleurs, plusieurs sources estiment que l’Iran aurait anticipé les frappes en déplaçant des stocks d’uranium enrichi vers des lieux plus discrets. Des analystes évoquent même l’existence de caches hors du système de surveillance de l’AIEA.

Les conséquences des attaques ne se limitent pas à l’aspect technique. À l’intérieur du pays, les tensions se sont accrues. Une vague d’expulsions massives de migrants afghans a été signalée, nourrie selon plusieurs témoignages par des soupçons d’espionnage pour le compte d’Israël. D’après les déclarations de migrants renvoyés vers l’Afghanistan, les autorités iraniennes les accusaient sans preuve de participer à des actions de sabotage. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés estime à plus de 30 000 le nombre de personnes expulsées chaque jour, un chiffre en forte augmentation par rapport à la période précédant les récents affrontements.

Cette politique de sécurité intérieure s’accompagne aussi de décisions judiciaires marquantes. Deux citoyens français emprisonnés en Iran depuis plus de trois ans ont été récemment condamnés pour espionnage en lien avec Israël. Ils encourent la peine de mort, ce qui suscite une vive inquiétude à l’international.

Autre mesure significative : l’Iran a officialisé la suspension de sa coopération avec l’AIEA. Le président iranien, Massoud Pazakhian, a signé la loi votée par le Parlement allant dans ce sens. Cette rupture soulève de nombreuses inquiétudes sur la transparence du programme nucléaire iranien à venir. Pourtant, quelques jours avant cette décision, le ministère iranien des Affaires étrangères avait assuré que les inspecteurs de l’AIEA poursuivaient leur mission dans le pays.

Face à cette escalade, Israël appelle à une réponse ferme. En visite en Estonie, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a exhorté les pays du groupe E3 (France, Allemagne, Royaume-Uni) à activer le mécanisme de « snapback ». Ce dispositif, issu de l’accord nucléaire de 2015, permet de réimposer l’ensemble des sanctions internationales contre l’Iran, telles qu’elles existaient avant la signature de l’accord. Cependant, ce mécanisme ne peut être déclenché que jusqu’en octobre 2025, rendant toute initiative urgente.

Les dirigeants iraniens ont prévenu que toute activation de sanctions pourrait les pousser à sortir du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, renforçant l’incertitude régionale. Cette crise multiforme mêle stratégie militaire, sécurité intérieure, pressions diplomatiques et interrogations sur l’avenir du contrôle nucléaire au Moyen-Orient.

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Asher Cohen

Peu importe que la capacité nucléaire militaire iranienne ne soit que partiellement atteinte, tant que le régime des mollahs sera au pouvoir, l’iran cherchera à se doter d’armes nucléaires. Les israéliens ne peuvent donc ne s’en prendre qu’à eux-mêmes, pour n’avoir pas réussi à faire collapser le régime, en identifiant, localisant et frappant son centre de gravité. Les grands savent tirer les leçons de leurs échecs, mais les israéliens sont-ils des grands?

KIGEM

LE PENTAGONE DONNE SON APPRÉCIATION C EST BIEN MAIS NOUS CROYONS PLUS AU MOSSAD QUAND SON ANALYSE TOMBERA.
NOUS AVONS VU LEUR ESTIMATION AVANT QU ISRAËL FRAPPÉ LE HEZBOLLAH L IRAN ET Cie. ALORS GARDONS NOUS DE PRENDRE POUR ARGENT COMPTANT LEURS AFFIRMATIONS.