C’est dans le cadre d’une campagne de communication, qu’un policier s’est livré fasse aux caméras de BAC à son récit de l’attaque de l’Hypercacher de Vincennes.

« Le plus grand danger est de se retrouver face à une situation à laquelle on ne s’attendait pas. »

Le vendredi 9 janvier, à la porte de Vincennes, il est le tout premier policier du Raid à se lancer à l’assaut de l’entrée principale du magasin Hyper Cacher, où Amedy Coulibaly retient en otage une vingtaine de personnes. C’est lui qui est chargé de tenir un bouclier alors que son collègue ouvre le rideau de la supérette. Témoignant sous un nom d’emprunt sur le site du Parisien, Antoine, âgé d’une trentaine d’années et sportif de haut niveau, se remémore les étapes d’une intervention très risquée mais méticuleusement préparée.

Après avoir participé en vain à la traque des frères Kouachi, responsables de la mort de 12 personnes aux locaux de Charlie Hebdo, Antoine et ses collègues apprennent « avec une certaine frustration » que les terroristes ont été localisés à Dammartin-en-Goële, non loin de là où ils avaient arrêté leurs recherches. C’est aussi un soulagement. « Car nous savions qu’ils seraient neutralisés d’une manière ou d’une autre », explique le policier du Raid. « C’est alors qu’on a été informés de la prise d’otages de la porte de Vincennes.

Quelques minutes pour rassembler nos armes
« Nous sommes vite repartis au Raid. Dans ces cas-là, on a juste quelques minutes pour rassembler nos armes et notre équipement personnel. On a filé en convoi jusqu’à la porte de Vincennes. Là, arrêtés sur le périphérique, on a attendu les instructions pendant près de trois heures en discutant de tout et de rien. » L’ordre d’intervenir tombe vers 17h. « Chacun d’entre nous, Raid, BRI, BI, s’est vu confier un rôle précis. C’est à ce moment-là que mon chef de groupe m’a dit que j’allais prendre la tête de la première colonne d’assaut à l’entrée principale du magasin. »

Notre priorité: préserver la vie des otages
Antoine avait déjà tenu ce rôle à plusieurs reprises. Il a aussi participé au siège du domicile de Mohamed Merah au printemps 2012, note le Parisien. Avant le raid de l’Hyper Cacher, Antoine et ses 70 collègues savent qu’au moins trois personnes ont déjà été tuées par Coulibaly et qu’il est lourdement armé. « Notre priorité, c’est surtout de préserver la vie des otages, d’autant que nous ne savons pas où ils se trouvent. Dans ce genre d’interventions, je n’ai pas de schéma préétabli, car c’est le meilleur moyen pour que ça dégénère. Le plus grand danger est de se retrouver face à une situation à laquelle on ne s’attendait pas. Le temps de réaction peut alors être fatal. En fait, l’idée est simple: une fois le rideau levé, il faut analyser le maximum d’éléments en un minimum de temps, puis s’adapter, sachant que la vie des otages prime sur tout le reste. »

Le forcené surgit les armes à la main
Au risque de surprendre, Antoine assure qu’il n’avait pas peur avant l’assaut. « Je n’arrive toujours pas à me l’expliquer, mais dans l’ensemble, je suis plutôt serein. Comme mes collègues, je suis dans ma bulle, à l’affût de ce qui va se présenter. » Quand le rideau se lève, il aperçoit directement le corps d’un otage au sol. « Puis, à une dizaine de mètres devant moi, de l’autre côté des caisses, le forcené surgit les armes à la main. Tout va très vite. » Les premières balles de Coulibaly se logent dans son bouclier. Alors que la fusillade s’intensifie, Antoine reçoit une balle, freinée par son gilet. « Mes collègues postés derrière ouvrent le feu à leur tour. Lui avance toujours vers l’entrée avant d’être happé par leurs balles. »

Un certain temps à trouver le sommeil
C’est fini. Coulibaly est mort. Mais la pression ne retombe pas encore. « Cela prend un certain temps, car on est restés un long moment à explorer tous les recoins du magasin. Ensuite, on est tous rentrés au Raid pour un rapide débriefing. C’est surtout un moment de décompression, où l’on se parle beaucoup. On échange nos impressions, nos émotions. Puis, on est allés faire un bon dîner avec des collègues, car on avait besoin de nous retrouver entre nous. Comme eux, j’ai mis un certain temps à trouver le sommeil. On se refait le film des événements, en essayant de voir ce qu’on aurait pu faire mieux. »

Je ne suis pas un héros
Antoine ne pense pas être un héros. « Comme mes collègues, j’ai juste fait mon travail, rien de plus. Et c’est le travail de tout un groupe, pas d’un seul policier avec son bouclier. Nous nous entraînons toute l’année pour faire face à des situations difficiles. Je suis ravi que l’intervention se soit déroulée ainsi et que, surtout, les otages soient sains et saufs. Au final, il n’y a que ça qui compte », conclut le policier, qui affirme exercer un métier « magnifique » et vivre son « rêve de gosse ».

 

7/7 Belgique.fr

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires