Sami Aldeeb – Lettre ouverte à Manuel Valls au sujet de l‘ « apartheid islamique »

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Lors de ses voeux à la presse mardi 20 janvier 2015, le Premier ministre français a employé l’expression « apartheid territorial, social, ethnique » en référence à certains quartiers de l’Hexagone. L’emploi du terme « apartheid » a suscité un vif émoi et de nombreuses réactions, aussi bien chez les politiques français que dans la presse. Sami Aldeeb, Professeur des universités suisse palestinien, auteur d’une traduction du Coran dans l’ordre chronologique et plus récemment, d’une Lettre ouverte à Dalil Boubakeur, est revenu sur ce terme dans le cadre d’une « Lettre ouverte à Manuel Valls », qui évoque quant à elle un « apartheid islamique ». Sami Aldeeb mentionne l’exemple de la Suisse qui, en imposant sa propre législation face au Vatican, put mettre fin aux combats entre protestants et catholiques. Il précise que certains « usages islamiques appliqués (…) sont ces usages qu’on doit qualifier d’apartheid, ou qui conduisent à l’apartheid social que vous dénoncez. » Ci-dessous la lettre intégrale :

Monsieur le Premier ministre,

« Vous visez maintenant l’école qui aurait failli à son rôle d’intégration, et évoquez l’existence d’un ‘apartheid territorial, social, ethnique, qui s’est imposé à notre pays’ »

Ces derniers jours, vous avez tenté de cerner les origines du drame de Charlie Hebdo, afin que cela ne se répète pas dans votre beau pays.

Après que votre président eut disculpé l’islam en déclarant que les «terroristes n’ont rien à voir avec la religion musulmane», vous visez maintenant l’école qui aurait failli à son rôle d’intégration, et évoquez l’existence d’un «apartheid territorial, social, ethnique, qui s’est imposé à notre pays».

En tant que Suisse d’origine proche-orientale, j’ai réfléchi à la situation en Suisse, petit pays pauvre en ressources naturelles, divisé en 26 cantons jaloux et fiers de leur souveraineté, quatre communautés linguistiques et deux principales communautés religieuses traditionnellement antagonistes (catholiques et protestants). Pourquoi la cohabitation y a-t-elle fonctionné alors qu’au Proche-Orient, et notamment dans mon pays d’origine, la Palestine, les gens s’entre-tuent? Et comment empêcher que votre France soit contaminée par le mal proche-oriental et ravagée par une guerre religieuse?

« Des réformes institutionnelles ont évité à la Suisse une guerre entre protestants et catholiques »

Sans doute, on dira que la prospérité économique suisse a joué un rôle, mais cette prospérité a été précédée par des réformes institutionnelles qui ont évité à la Suisse une guerre entre protestants et catholiques,en permettant l’intégration de ces deux communautés. Aucune prospérité économique ne peut intervenir dans un pays sans une cohabitation harmonieuse entre ses différentes communautés.

À refuser d’apprendre la leçon de l’histoire, on risque de répéter les erreurs du passé. Je vous propose donc un peu d’histoire.

La Suisse, comme d’autres pays européens, a connu ce qu’on appelle le Kulturkampf, traduit généralement en français par «Combat pour la civilisation». Ce qui rappelle étrangement l’expression «Clash of civilizations» rendue célèbre par Samuel P. Huntington.

Ce «Combat pour la civilisation» a débuté par un conflit entre le royaume prussien, et ensuite l’empire allemand sous la houlette de Bismarck d’une part, et d’autre part l’Église catholique sous Pie IX autour de la séparation de l’État et de la religion, conflit provoqué par l’adoption de lois régissant la vie en société dans l’État sans l’approbation préalable de l’Église et des autorités religieuses. C’était une extension du conflit opposant les philosophes des Lumières, qui plaçaient la raison au-dessus de la religion, et l’Église catholique qui plaidait pour la suprématie de la religion sur la raison et la science, affirmant qu’il appartenait à la religion (ou plus précisément aux autorités religieuses) de délimiter les compétences législatives de l’État.

Ce «Combat pour la civilisation» a commencé dans les années 1860, dans la région allemande de Baden, qui avait imposé aux prêtres un examen culturel visant à établir dans quelle mesure ils acceptaient l’État et lui prêtaient allégeance. Celui qui refusait cet examen se voyait interdire l’exercice de la fonction religieuse. En 1864, le Pape Pie IX a établi une liste de 80 erreurs en politique, en culture et en science, où figuraient la liberté d’expression, la liberté religieuse et la séparation entre l’État et la religion. Ensuite est venu le Concile Vatican I (1869-1870) affirmant l’autorité de l’Église, notamment à travers le dogme de l’infaillibilité du Pape. Ce geste a été perçu par les libéraux comme une violation de la liberté de pensée et de religion. L’État a appuyé ce courant libéral, et les relations entre l’Allemagne et le Vatican ont été rompues en 1872. Bismarck a alors promulgué plusieurs lois visant directement ou indirectement l’Église catholique. Ce fut le fondement de l’État moderne en Europe occidentale.

« La Suisse a rompu ses relations avec le Vatican en 1873, en raison du dogme de l’infaillibilité du Pape »

Le «Combat pour la civilisation» s’est étendu à la Suisse et a failli y provoquer un conflit armé entre les cantons catholiques et protestants. La Suisse a rompu ses relations avec le Vatican en 1873, en raison du dogme de l’infaillibilité du Pape et, une année plus tard, elle a adopté la Constitution de 1874 qui consolidait l’unité nationale et affirmait son indépendance à travers des normes visant à séparer l’État de la religion et à garantir les libertés individuelles. On citera ici les dispositions suivantes:

– Retrait du registre des personnes des mains de l’Église et son transfert à l’État, qui le baptisa «Registre de l’état civil»

– Imposition du mariage civil devant l’Office de l’état civil. Dès lors, une cérémonie religieuse ne pouvait intervenir qu’après le mariage civil. On ne parlait plus de mariage religieux, mais seulement de bénédiction religieuse. Un religieux qui donnait sa bénédiction avant le mariage civil était poursuivi, sanctionné pénalement, et son acte restait sans aucun effet juridique. Cela permettait à toute personne, quelle que soit sa religion, d’épouser qui elle voulait devant l’Office de l’état civil, sans se référer aux autorités religieuses.

– Suppression des tribunaux religieux et attribution exclusive des juridictions à l’État. Il devenait ainsi possible de dissoudre le mariage par le divorce dans des circonstances prévues par la loi civile, et non par l’Église.

– Garantie de la liberté religieuse, dont la liberté des parents de choisir la religion de leurs enfants et leur éducation religieuse dans les écoles, et ce jusqu’à l’âge de 16 ans. Par la suite, ce droit est transféré à l’enfant lui-même qui a le droit de changer de religion s’il le veut, ou de ne pas suivre d’éducation religieuse.

– Placement des cimetières entre les mains des autorités civiles. Ainsi, tous les cimetières sont ouverts à tous, quelle que soit leur religion. On a supprimé la séparation entre catholiques et protestants après la mort, et les autorités religieuses n’avaient plus le droit de décider qui serait enterré dans un cimetière. Toute personne avait désormais droit à un enterrement décent, sans discrimination religieuse.

« Par ces mesures, les autorités suisses ont mis la main sur toutes les compétences civiles de l’Église de la naissance à la mort. »

Voilà les normes qui ont assuré la paix confessionnelle en Suisse au XIXe siècle, laquelle a permis la prospérité.

Or, dois-je vous le rappeler, les usages islamiques appliqués par la communauté musulmane, et dont certains sont admis par votre pays, s’opposent aux normes que je viens de citer.  Ce sont ces usages qu’on doit qualifier d’apartheid, ou qui conduisent à l’apartheid social que vous dénoncez. Voyez vous-même:

– Les musulmans refusent le mariage d’une musulmane avec un non-musulman, alors qu’ils se permettent d’épouser les femmes non musulmanes. Si un chrétien en France veut épouser une musulmane, la communauté musulmane française lui impose la conversion à l’islam. S’il ne s’y plie pas, sa femme musulmane et son mari non musulman risquent de se faire tuer par leur propre famille. Or sans mariages mixtes, aucune intégration sociale n’est possible pour la communauté musulmane. Et ces mariages doivent avoir lieu dans le respect des normes françaises, sans les discriminations spécifiquement musulmanes. Un musulman qui refuse que sa fille épouse un chrétien ne doit pas avoir le droit de séjourner en France, d’y demander l’asile politique ou d’en obtenir la nationalité.

– Des imams en France célèbrent des mariages religieux à l’insu des autorités françaises, et certains de ces mariages sont polygames, en violation du droit français. Ces imams doivent être sanctionnés, déchus de leur nationalité et expulsés de France.

– La communauté musulmane en France ne reconnaît toujours pas la liberté de changer de religion. Les apostats, ceux qui quittent l’islam, doivent rester discrets par peur de se faire harceler, voire tuer dans votre propre pays. Aucun imam et aucun musulman ne doit être accepté en France s’il n’admet pas la liberté religieuse, y compris le droit de changer de religion, de quitter l’islam.

– La communauté musulmane demande la création de cimetières ou de carrés réservés exclusivement aux musulmans, parce que le droit musulman interdit qu’on enterre un musulman à côté d’un mécréant. Votre pays doit interdire la création de cimetières religieux, supprimer ceux qui existent et exiger que les morts soient enterrés les uns à côté des autres sans distinction de religion. Aucun imam et aucun musulman ne doit être accepté en France s’il n’admet pas ce principe d’égalité et de non-discrimination devant la mort.

– La communauté musulmane place la loi religieuse au-dessus de la loi française. Il suffit d’observer les restrictions vestimentaires que la communauté musulmane impose à ses membres malgré l’interdiction du voile intégral en France. Un de vos ressortissants musulmans va jusqu’à payer les amendes infligées aux femmes qui portent le niqab en violation de la loi française. La France doit être ferme dans ce domaine et renvoyer les imams et les musulmans qui refusent de se plier aux normes françaises dans ce domaine.

– La communauté musulmane cultive une vision de rejet par rapport aux non-musulmans dans leur propre culte. La prière de la Fatiha, premier chapitre du Coran, que chaque musulman doit répéter 17 fois dans les cinq prières quotidiennes, dit: «Dirige-nous vers le chemin droit. Le chemin de ceux que tu as gratifiés, contre lesquels tu n’es pas en colère et qui ne sont pas égarés. Or, l’écrasante majorité des exégètes affirment, sans réfutation aucune, que ces deux catégories désignent respectivement les juifs et les chrétiens, comme je le démontre à travers l’examen de 88 exégèses anciennes et modernes, dans mon ouvrage intitulé La Fatiha et la culture de la haine. Et ceci est enseigné aussi aux enfants. Comment voulez-vous que des musulmans répétant 17 fois par jour de telles invocations haineuses à l’égard des non-musulmans puissent s’intégrer dans la société française? En outre, comment voulez-vous que des musulmans puissent s’intégrer parmi des gens que le Coran qualifie de mécréants (kafirs, terme constituant la pire insulte possible en langue arabe) et avec des juifs que le Coran dit transformés en porcs et en singes?

« Ces normes islamiques doivent être combattues par votre pays afin d’assurer l’intégration de la communauté musulmane en France »

À ces problèmes juridiques et cultuels qui favorisent l’apartheid, j’ajouterai le jeûne du Ramadan, qui empêche toute activité normale et freine tout progrès économique pendant un mois, et affecte la santé des musulmans.

Monsieur le Premier ministre, ces normes islamiques doivent être combattues par votre pays afin d’assurer l’intégration de la communauté musulmane en France. Il est de votre devoir d’assurer la suprématie de la loi française sur le territoire de votre pays et de refuser l’octroi de l’asile politique, du permis de séjour et de la nationalité à ceux qui refusent de se plier aux lois françaises. Vous devez exiger des imams qui officient dans votre pays qu’ils prêtent un serment d’allégeance à votre pays, qu’ils se soumettent à ses lois et ne prônent pas de normes islamiques contraires à ces lois. Cela nécessite une profonde remise en question des enseignements islamiques qui contribuent à l’apartheid dans votre pays et menacent la paix religieuse entre les communautés. Ces imams doivent être formés en France, dans le respect des lois françaises, et non pas importés, avec leurs normes désuètes contraires à vos lois et aux conventions internationales signées par votre pays.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma haute considération.

Sami Aldeeb, Dr en droit, professeur des universités

Directeur du Centre de droit arabe et musulman: http://www.sami-aldeeb.com  

Auteur d’une traduction française du Coran par ordre chronologiqued’une édition arabe du Coran par ordre chronologique et d’autres ouvrages

 

memri.fr

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Danielle

Non Monsieur Aldeeb vous ne pourrez jamais changer la mentalité des fondamentalistes musulmans si vous ne faîtes pas de la « religion expliquée ».
La France et la Suisse, deux pays si différents à ne pas comparer. Ils n’ont pas eu la même histoire et ils n’ont pas les mêmes richesses.
l’immigration d’un temps a asphyxié la France, alors que la Suisse choisit ses immigrés si peu nombreux, car il faut être fortuné pour y vivre. Est-ce que les Musulmans veulent s’intégrer sans pour autant s’assimiler ? là est toute la question ! Ils ont gardé une culture primitive qui perdure. Alors dans ces cas là, aucun dialogue n’est possible.

Yossef

Ce sont toujours les IMMIGRES qui mettent en place l’APARTHEID.

En Afrique du Sud, l’APARTHEID a été instaurée par les Colons Blancs venus d’Europe.

En France, l’APARTHEID est mise en place par les immigrés eux même. Ce sont eux qui créent des « ZONES de NON DROIT »

David

Les membres du gouvernement actuel , de gauche , persistent dans leur cécité , à considérer que la France , telle l’Afrique du sud , « célèbre » par son apartheid, aurait une partie de sa population , d’origine immigrée en particulier , vivant dans une misère intolérable serait confinée dans ses quartiers

Alors que sa population « blanche » elle , serait dans les beaux quartiers

Cette vision est mensongère et ne fait que mettre de l’huile sur le feu en prétendant que les gens de l’immigration « auraient raison de se révolter « .

Elle existe d’ailleurs depuis 30 ans et a rendu les les jeunes beurs et noirs enragés contre les institutions ou contre les nantis dont les Juifs .

Faut il rappeler qu’un seul gamin en collège coute à la collectivité 8 000 E par an sans compter les bourses , les allocations de toutes natures , les dépenses de santé ? C’est même ce sacrifice suicidaire qui plombe l’économie du pays .

Ils n’ont qu’une chose à faire , c’est dire « Merci la France qui leur permet de ne pas vivre dans les bidonvilles d’où ils viennent .

Dans leurs activités et dans leurs loisirs , aucun territoire , aucun espace public ou recevant du public ne leur est interdit , faute de quoi, la loi est saisie . Vous ne pouvez pas refuser la candidature d’un locataire maghrébin sinon vous êtes poursuivi par des tribunaux

Donc l’apartheid n’existe pas est combattu par les pouvoirs publics et par tout un réseau associatif de gauche qui ilote et étrangle le pays. .Mais suite à cette fausse idée, les jeunes de l’immigration ont la haine du pays

germon

M.Valls s’est mélangé les pieds: ce sont les islamofascistes qui « apartheid » les AUTRES: femmes, juifs, chrétiens; en France, ce sont les « nouveaux et jeunes barbares » qui caillassent les Pompiers, les ambulanciers et tous les représentants de la République car ils trafiquent de la drogue, possèdent des armes de combats et ont la panoplie du parfait djihadistes et bien sûr, ils NE VEULENT PAS nous laisser entrer dans leurs cités. Rappelons que ces cités furent construites et habitées dans les années 60 et qu’il n’y avait aucun problème de sécurité car les habitants étaient FRANCAIS. Je peux en attester car j’y ai travaillé cinq ans dans tout le départ. de la Seine. Ce sont les gouvts. depuis 20 ans qui n’ont pas VOULU intervenir pour assurer la sécurité et punir les agresseurs; voilà le résultat. Merci uand même MM. les Politiques incompétents et responsables indirectements de la mort et des blessés .