L’Amérique vote avec un FBI divisé et une sécurité écornée

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A la suite des élections américaines du 8 novembre, son principal service d’application des lois et de maintien de l’ordre, le FBI (ainsi que ses principaux médias nationaux) va être confronté à un examen douloureux sur la façon dont les décisions publiques du Directeur du FBI, James Comey ont été prises, durant cinq mois, au cœur de la campagne présidentielle à couteaux tirés. Ces mesures concernaient la question négligences commises par la candidate démocrate Hillary Clinton, dans sa gestion de ses e-mails par le biais d’un serveur privé, alors qu’elle était responsable du Secrétariat d’Etat.

En juillet, il l’avait déjà absoute de toute accusation criminelle. Puis, le 28 octobre, Comey a annoncé une révision du dossier à la lumière de nouveaux indices matériels, découverts parmi les 65.000 e-mails de l’ordinateur partagé par la principale aide de camp de Clinton, Huma Abedin et son mari dontelle s’est séparée, l’ancien membre du Congrès Anthony Wiener.

Puis, dimanche, deux jours avant l’élection, le chef du FBI lance sa deuxième bombe explosive. Il annonce qu’il n’a rien changé de son avis d’origine, en juillet, qui consiste à ne pas poursuivre la candidate démocrate.

A la suite de ces trois décisions successives et contradictoires, une enquête de longue haleine est en cours sur la conduite d’Hillary Clinton. Cependant, le FBI lui-même va être confronté à une enquête à grande échelle de la part du Congrès, afin de découvrir ce qui a bien pu se passer au sein du bâtiment Edgar J. Hoover et ce qui se cache derrière les revirements humiliants de son directeur.

Ce service dirigeant en matière de maintien de l’ordre, qui, d’ordinaire, maintient le secret le plus total sur ses enquêtes, est, depuis cinq mois, devenu une source de fuites fréquentes sur ses controverses internes, qui agissent comme un briquet à essence, pour la campagne présidentielle américaine la moins conventionnelle et imprévisible de mémoire vivante.

Par le passé, l’inspection des organismes secrets des Etats-Unis était conduite par des commissions bipartisanes. Cependant, dans le climat de discorde corrosive d’aujourd’hui, un panel d’inspecteur trouvera presque impossible d’aller au-delà des politiques partisanes afin d’aboutir à des conclusions conjointes.

Les experts des renseignements de Debkafile rappellent la solution adoptée au cours d’autres sortes de dilemmes concernant  d’autres intrigues, à la fin des années 1990. Elle avait été mise en avant par le Sénateur Daniel Patrick Moynihan, dans le dossier d’Aldrich Ames, qui servait de taupe de la CIA pour le compte des Russes, durant de nombreuses années, avant qu’il ne se fasse prendre en 1994.

Moynihan avait expliqué que, puisqu’il n’y a pas moyen de sonder jusqu’au bout les secrets entourant une affaire donnée au sein de ces services clandestins, la seule façon de les nettoyer est de les fermer pour de bon et de les démanteler.

Cet avis n’est pas appliquable à ce jour. Personne ne propose de fermer les bureaux du FBI et de construire une nouvelle organisation. A ce point, deux choses deviennent claires :

1. L’enquête fédérale sur le passé de Clinton, concernant ses e-mails et ses inconvenances eu égard à la Fondation Clinton, ne s’arrêtera pas le 8 novembre.

2.Le FBI est agité par des guerres internes particulièrement âpres : certaines, mains pas toutes, sont directement liées au dossier Clinton. C’était fortement implicite, au cours des trois apparitionpubliques de Comey au cours des cinq derniers mois.

Il serait erroné de l’accuser de protéger la candidate démocrate, comme l’a fait Donald Trump, son rival, après la dernière décision de Comey de l’exonérer à nouveau (Trump : « hillary Clinton est coupable, elle le sait, le FBI le sait, le peuple le sait et, à présent, il revient au peuple américain de se faire Justice lors du suffrage électoral du 8 novembre ». )

Ce pour quoi Comey luttait, c’était afin de couvrir les vendettas internes divisant le Bureau, tout en préservant, en même temps, sa réputation en tant que nno-acteur apolitique et sans orientations particulières, entre les deux camps rivaux.

A en juger par les expériences passées au sein d’autres organisations sous couverture, en Amérique comme dans d’autres démocraties, y compris le Shin Bet, le Directeur du FBI ne devrait pas pouvoir espérer un succès. Il est, à présent, ouvertement critiqué d’être orienté, par les deux camps politiques rivaux. En outre, les luttes intestines au sein du Bureau ne sont pas moins sauvages que les guerres en jour. Le FBI doit, par conséquent, se carapacer et s’attendre à la publicité malveillante dans les mois à venir, comme le dossier des e-mails Clinton se déploie pour surgir comme le sommet d’un iceberg hautement préjudiciable.

Ces batailles peuvent aussi se révéler comme touchant à des domaines et régions qu’on ne soupçonnait pas et dévoilant tout d’un coup des scandales jusqu’alors inconnus.

Si Hillary gagne l’élection, elle ne perdra pas de temps avant de se débarrasser de James Comey et de le remplacer par un de ses pions, en qui elle pourra avoir confiance pour qu’il travaille vite pour dissimuler les failles divisant l’équipe dominante du Bureau et qu’il l’absolve de tous ses écarts de conduites, délits et crimes.

Il est aussi probable que si Trump l’emporte, il investisse rapidement un nouveau chef du FBI sur lequel il puisse compter pour mener à bien sa promesse de campagne d’enquête approfondie sur les méfaits des Clinton, à la fois dans l’affaire des e-mails et dans le dossier sur les pots-de-vin au sein de la Fondation.

Aucun des deux candidats n’a la moindre chance de résoudre la crise interne au FBI sans un traitement du canal radiculaire (une extraction de la mauvaise dent qui fait mal), qui pourrait bien prendre des années. Actuellement, une supervision radicale du FBI pourrait s’avérer trop dangereuse, parce que cela compromettrait le principal gardien de l’Amérique contre la menace contre de terrorisme islamiste. En même temps, ses capacités à combattre le terrorisme sont entravées par ses controverses internes.

DEBKAfile Analyse Exclusive 7 Novembre 2016, 10:55 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

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