LA TECHOUVA: DEVOIR PARTICULIER OU COLLECTIF ? RESPONSABILITÉ PARTICULIÈRE OU COLLECTIVE ?

Techouva que l’on traduit ordinairement par repentance vient du verbe hébraïque : לשוב soit revenir. L’homme fait teshouva c’est-à-dire qu’il revient sur… ses pas, sur ses actes, il revient vers son D.
La force de la teshouva est immense, les Sages nous enseignent que ceux qui, après la faute du veau d’or, ont fait une teshouva sincère ont été « sauvés » et, on cite fréquemment pour illustrer ceci l’exemple d’Elisha ben Abouya qui avait été « dévoyé » entièrement et sur son lit de mort, il se repentit de ses actes en pleurant amèrement ce qui permit à Rabbi Méïr Baâl ‘haness de déclarer : « il semble que mon maître soit mort dans le repentir »….. Le pleur traduisit la sincérité de ce retour effectué un instant avant sa mort.

Le repentir doit-il être sincère pour être accepté ? De quelles fautes devons-nous nous repentir expressément des fautes légères ? Des fautes graves ? Des fautes commises vis-à-vis de Dieu ? Ou d’un particulier ? Comment devons-nous nous repentir pour que notre teshouva soit acceptée ? Suffit-il de prier ? De jeûner ? De procéder à un sacrifice ?

Dans son ouvrage : על התשובה « âl hateshouva » (du repentir), le Rav Soloveitchik analyse toutes ces questions tout en s’appuyant sur les הלכות תשובה ou Lois du repentir de Maïmonide ou Rambam.
Ainsi, dit-il, « Yom Kippour expie les fautes même sans repentir » faut-il donc comprendre que la contrition en elle-même est suffisante pour être pardonné de ses fautes ? Cependant, Rambam précise que la journée même de Yom Kippour n’expie les fautes que de ceux qui se repentissent qu’il s’agisse de fautes graves ou légères. Et de nombreux Sages partagent la même opinion: Yom Kippour ne peut expier les fautes que s’il y a repentir…. Ainsi, le « verdict » posé, la sentence peut être suspendue et les Sages ajoutent que les fautes ne peuvent être expiées que pendant la journée de Kippour.
En ce cas quel est le rôle du bouc émissaire : quelles sont les fautes qu’il permet de faire pardonner ? Le bouc émissaire aiderait à expier les fautes légères sans repentir. Quelles sont ces fautes : les fautes légères sont celles commises par une infraction envers un commandement positif ou même un négatif sur lequel ne pèse pas la peine de retranchement ni peine de mort. Les fautes graves seraient des fautes pour lesquelles le tribunal aurait prononcé une peine de mort. Pour les peines légères, le repentir seul expie peu importe quand et à plus forte raison lorsque le repentir a lieu lors du jour de contrition qui est Yom kippour. En étudiant de très près ce que dit Maïmonide, on peut constater une certaine contradiction : en effet il considère dans la ‘halakha 2 que les commandements négatifs sont légers avec le bouc émissaire alors que deux ‘halakhot plus loin il considère les mêmes fautes sont graves….
Le rôle du bouc émissaire est de montrer un mouvement solidaire public de toute la communauté pour demander le pardon. En effet, généralement, un sacrifice offert appartient à son propriétaire : un individu alors que le bouc émissaire appartient car il a été acquis par les deniers publics ou demi-shekelמחצית השקל : don fait une fois par an ; mais le peuple, nous fait remarquer le Rav Soloveitchik, est individualisé par le fait qu’il est dénommé : כנסת ישראל ou assemblée d’Israël. Le peuple est donc une entité personnelle ou individuelle. L’assemblée d’Israël est donc assimilée à un corps composé de millions de cellules comme le peuple est composé de millions d’individus.
En suivant le même exemple des cellules contenues dans le corps humain, si une ou plusieurs des cellules ne fonctionnent pas convenablement, le corps ne se porte pas bien. De même si dans une assemblée, un ou plusieurs individus ne se repentent pas, cela peut-il avoir une influence sur le peuple tout entier ?

C’est ici que nous voyons que le moi individuel va se fondre dans le moi global de toute la כנסת ישראל, de tout le peuple.

Nous nous trouvons en pleine période de repentir, et les « jours redoutables » approchent. Pour nous préparer à aborder cette période sérieuse, nous devons faire notre bilan personnel, prendre conscience des actions que nous devrons améliorer et demander pardon à notre Créateur mais non pas seulement : nous devons demander pardon aussi à notre prochain même si nous n’avons pas conscience d’avoir blessé un tiers mais nous avons très bien pu « heurter » ou blesser ou manquer de respect même sans nous en être rendu compte involontairement car le Créateur pardonnera les fautes que nous aurons commises envers Lui mais nous devrons nous faire pardonner aussi par autrui si nous voulons être pardonnés à notre tour.
Le jour de Kippour, nous allons prier 5 prières : arvit (soir), shaharit (matin), moussaf (ajout), minha (après-midi) et néîla (clôture) ces offices sont au nombre de 5 en rapport avec les 5 niveaux d’élévation de l’âme : qui sont : נשמה, רוח, נפש, יחידה וחיה. Avec la sainteté du jour de Kippour, le jeûne et nos prières, les kapparoth et la tsedaka que nous allons faire en sorte de faire grandir nos âmes pour que la bénédiction que nous prononçons lors de la âmida se réalise :

« Loué sois-Tu Éternel, notre D. qui est indulgent et pardonne nos fautes et celles de tout Son Peuple la Maison d’Israël et transfère nos fautes chaque année, Seigneur de la terre entière qui sanctifie Israël et le Jour de Kippour ».

Caroline Elishéva REBOUH

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