Unité 8200 Tsahal
i24NEWS s’est entretenu avec la première femme officier de l’unité cyber-sécurité de l’armée israélienne
« Il n’y a actuellement aucune indication selon laquelle Israël aurait été touché par la vague de cyberattaques » qui a frappé quelque 130.000 systèmes dans plus de 100 pays depuis vendredi, a annoncé samedi le responsable de l’Autorité nationale du Cyber ​​d’Israël, Baruch Carmeli.

A l’heure du 2.0, la lutte contre la cyber-menace est devenue l’une des priorités des Etats, dont Israël, qui a investi en la matière des ressources considérables.

Pour tenter de comprendre les enjeux et les objectifs de la cyber-défense, i24NEWS s’est entretenu avec la première femme officier de l’unité cyber-sécurité de l’armée israélienne (Tsahal). L’occasion, par ailleurs, de faire le point sur l’étendue des capacités israéliennes dans ce domaine. Maya (nom d’emprunt), jeune israélienne faisant son service militaire au sein de l’unité de cyber-défense, vient d’être promue « cadette ».

Pour la première fois, une femme accède au rang d’officier dans ce domaine, réservé pendant longtemps aux hommes. La cadette affirme, toutefois, que la situation est en train de changer, « le changement est déjà en cours, de plus en plus de femmes intègrent cette fraction de l’armée, et donc de plus en plus accéderont au rang d’officier ».

Malgré le manque d’ouverture aux femmes, la jeune fille ne semble pas gênée par le fait d’évoluer dans un environnement dominé par les hommes. « A vrai dire, ça va. C’est un peu bizarre de ne pas dormir avec eux (les soldats de sexe masculin – NDLR), mais à part ça, tout est normal », assure-t-elle.

Benyamin Netanyahou à la conférence internationale consacrée à la cyber-sécurité le 31 janvier 2017
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Maya est passionnée par le domaine des nouvelles technologies. C’est au lycée qu’elle s’est découvert un véritable intérêt pour les technologies avancées, lors de classes dispensées dans son établissement. « Pour moi, ça a été une évolution naturelle quand j’ai rejoint l’armée de choisir cette unité pour mon service militaire. C’était une évidence de continuer dans le domaine de l’high-tech, j’aime vraiment ça! », explique-t-elle. La cadette, en s’engageant à devenir officier, a pris la décision de prolonger son service militaire, et de servir ainsi pendant cinq ans, le minimum pour une fille étant de deux ans.

Le rôle des cadets est de mener et diriger des équipes lors de mission. Ils sont tenus de suivre une formation spéciale en tant qu’officiers dans le domaine de la technologie.

Création d’un « Dôme de fer numérique »

L’armée israélienne a énormément investi pour faire face à ces menaces quotidiennes. Le chef d’état-major de l’armée, le lieutenant-général Gadi Eizenkot, avait annoncé en juin 2015 la création d’un cyber-commandement, qui aurait pour mission de superviser toutes les activités du domaine virtuel. Ce « Dôme de fer numérique » vise à protéger les institutions gouvernementales publiques et privées israéliennes face à l’intensification croissante des cyber-attaques.

L’idée de ce cyber-commandement, combinant les renseignements militaires israéliens et l’unité de télécommunication, se veut une réelle collaboration des services de l’armée afin d’employer de plus grandes ressources pour se défendre face à l’ampleur des menaces cyber.

Unité 8200
Tsahal

« La clef c’est le travail d’équipe. Dans le monde de l’informatique, il n’y a pas de balles. Il n’y a aucune manière simple de reconnaître ses ennemis. Pour réussir, il faut à la fois rassembler l’effort des programmeurs, ingénieurs et des experts en terme de guerre informatique », explique le commandant Itay Sagi, sur le site officiel de l’armée.

Certaines techniques du « Dôme de fer numérique » ont déjà été mises en fonction, comme le Cyber Net, mais la recherche continue de s’intensifier pour atteindre un haut système de protection, regroupant des chercheurs provenant d’organisations gouvernementales et du secteur privé. Cyber Net permet au CERT israélien (équipe d’intervention d’urgence en informatique), bureau qui encourage la prise de conscience en matière de sécurité basé à Beer Sheva, d’entrer en relation avec les équipes de cyber-défense provenant du secteur public et du secteur privé.

Ce système représente un véritable partage d’informations des cyber-attaques auxquelles chaque équipe est confrontée, pour éviter que les menaces ne se propagent en Israël.

Les cyber-attaques et le champ politique

Comme le démontrent les dernières élections française et américaine, la cyber-activité est devenue une arme politique, et impose de nouveaux défis aux institutions gouvernementales dont la protection de la vie politique et de l’espace démocratique. Tout comme le camp démocrate de la candidate américaine Hillary Clinton avait été hacké pendant la campagne de 2016, le mouvement En Marche! d’Emmanuel Macron a subi d’importants piratages de données personnelles et professionnelles, dont un la nuit précédant le second tour de l’élection présidentielle.

De nombreux spécialistes en cyber-sécurité, telle que l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), affirment que ces deux séries d’attaques portent la même signature, notamment des similitudes dans les adresses IP, et pointent la responsabilité de hackeurs pro-Kremlin.

Ces incidents mettent en exergue l’un des plus grands défis de la cyber-guerre se présentant aux Etats: lutter contre l’interférence extérieure dans la vie politique nationale. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, avait évoqué cette menace le 31 mars dernier, en aval d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles, mettant en garde la Russie contre toute velléité d’ »ingérence » dans l’élection présidentielle française. « Ce n’est pas à la Russie de choisir qui sera le futur président de la République française », avait alors lancé le chef de la diplomatie.

L’appellation « Dôme de fer numérique » incarne à cet égard la responsabilité que l’Etat hébreu compte tenir dans ce nouveau combat.

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PHILIPPE HUGUEN (AFP)

La « startup nation »: l’industrie florissante des nouvelles technologies

Si Israël détient, de manière incontestable, l’une des cyber-défenses les plus élaborées au monde, c’est en partie grâce à la prépondérance de l’industrie Hi-Tech dans le pays qui permet a priori d’élever le système de cyber-sécurité au plus haut niveau.

Ce que nous confirme la cadette Maya, « le système de cyber-défense israélien est très avancé, je constate qu’il y a de plus en plus d’innovations ». Elle poursuit: « Je présume en effet qu’une des raisons pour ces innovations est le boom de l’industrie high-tech en Israël. Par exemple, au lycée, il y a de nombreux séminaires dans les grandes entreprises auxquels nous assistons, pour parler de technologie. Donc cela devient très naturel pour nous, très tôt ».

Le challenge qui s’impose maintenant à l’unité de cyber-défense est de savoir préserver les cerveaux qu’elle a formé au sein de l’armée le plus longtemps possible, et éviter une fuite massive vers le secteur privé à la fin de leur service militaire.

L’industrie des technologies de pointe est en pleine croissance en Israël, la demande d’emploi est forte, et il en est de même pour les salaires. Difficile face à cette concurrence pour l’armée d’endiguer une expatriation des soldats qu’elle a formé vers les grandes entreprises. Tsahal risque donc d’être confronté à un renouvellement continu de ses experts en cyber-défense, ce qui alourdi le coût, mais aussi probablement la performance de cette unité.

Nul doute qu’à l’avenir, l’armée devra employer de grands moyens pour retenir ses cerveaux, ou bien approfondir la collaboration avec le secteur privé via le renforcement du « Dôme de fer numérique ».

Laurie Blanc est journaliste pour le site internet en français d’i24NEWS.

Source : I24 NEWS

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