Les effets de la musique sur le moral sont bien connus, mais on sait moins qu’elle est bienfaisante pour le cerveau, même dans le cas de maladies neurologiques.

À l’écoute d’une chanson, il peut arriver de taper du pied et de dodeliner de la tête en rythme. C’est parce que la musique stimule les aires motrices du cerveau. «Son impact est très net. Elle peut même nous donner la chair de poule», observe le Dr Pierre Lemarquis, neurologue et attaché d’enseignement à l’université de Toulon. «Ce frisson est lié à la libération d’endorphines qui agissent comme des antidouleurs.» Et de fait, la musique peut être proposée dans certains services hospitaliers en complément des médicaments antalgiques.

Plus surprenant, depuis quelques années, elle se révèle aussi un instrument précieux pour réduire les troubles consécutifs à une lésion cérébrale. On a ainsi constaté que l’écoute de la musique favorise la récupération du langage chez les victimes d’accident vasculaire cérébral (AVC). «Ce support est particulièrement efficace dans la rééducation des personnes qui souffrent d’aphasie (troubles de la parole). Les patients répètent des mots ou des phrases en chantant. Et ceux qui avaient perdu la fonction du langage sont capables de fredonner en entendant une mélodie connue», explique le spécialiste.

Soigner par le piano

Un neurologue allemand a, quant à lui, montré qu’on rééduque mieux la motricité d’un patient frappé par un AVC ou d’une victime de traumatisme crânien en lui faisant apprendre le piano. Et dans le cadre du traitement des rigidités musculaires et des troubles de l’équilibre de la maladie de Parkinson, c’est le rythme qui est utilisé.

On fait écouter au malade des sons réguliers sur lesquels il synchronise ses pas, et la marche devient plus fluide. «Le rythme du tango associé à la danse produit parfois des effets miraculeux, ajoute le Dr Pierre Lemarquis. Cela fonctionne si bien qu’à New York et désormais en France des établissements montent des cours spécialement dédiés aux malades de Parkinson!»

Le réveil de la mémoire dormante

Les vertus thérapeutiques de la musique ne s’arrêtent pas là. Au niveau cognitif, elle stimule presque toutes les formes de mémoire. «Plusieurs études ont montré que la pratique musicale améliore la mémoire de travail ou mémoire à court terme», indique Hervé Platel, professeur de neuropsychologie à l’université de Caen. «Et certains travaux ont mis en avant des effets sur l’apprentissage scolaire: les capacités d’attention et de concentration sont renforcées.»

«Nous avons aussi constaté auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer qui suivent des ateliers de chant à quel point la mémoire musicale est précieuse, ajoute le spécialiste. Même à un stade avancé de la maladie, ils restent capables d’apprendre de nouvelles chansons, alors qu’on pensait leurs capacités de mémorisation perdues.» La musique semble ainsi réveiller une mémoire dormante mais encore active. Enfin, au niveau psychologique, ces ateliers redonnent à ces patients le goût de communiquer, même si la musique ne peut restaurer les fonctions cognitives perdues.

Peut-on cependant dire que la pratique musicale préserve des effets du vieillissement cérébral? «C’est une hypothèse qui demande à être confirmée, répond Hervé Platel. Mais on sait que les musiciens ont un cortex plus épais au niveau de l’hippocampe, qui est la porte d’entrée de la mémoire. Et que la pratique d’un instrument augmente par ailleurs le nombre de neurones dans les régions sollicitées.» Affaire à suivre, donc.

Juliette Camuzard

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