A 106 ans, Roberta McCain a été l’une des premières à s’installer face au cercueil de son fils vendredi au Capitole. — Nicholas Kamm / AFP

A 106 ans, Roberta McCain a été l’une des premières à s’installer face au cercueil de son fils vendredi au Capitole, frêle silhouette en chaise roulante pourtant fidèle à la force stoïque qu’elle avait montrée en apprenant, il y a cinquante ans, que l’avion de son «Johnny» avait été abattu au Vietnam.

Vêtue d’une fine chemise blanche à pois noirs, chevelure blanche impeccablement coiffée, elle a passé de longues minutes à côté de chaises vides, le regard fixé sur le cercueil drapé du drapeau américain de John McCaindécédé samedi à 81 ans d’un cancer du cerveau.

Elodie Cuzin

@elodiecuzin

Roberta McCain, 106 ans, devant le cercueil de son fils John au Capitole

Habitant à Washington, c’était le premier hommage public qu’elle pouvait lui rendre après les premières cérémonies organisées en Arizona, Etat de l’Ouest américain dont son fils était le sénateur républicain.

Présence imposante pendant toute la cérémonie, c’est elle qui a réconforté sa petite-fille, Meghan McCain, 33 ans, la tenant fermement par la main alors qu’elle pleurait. Puis elle est allée saluer le cercueil, faisant un délicat signe de croix sur sa poitrine, la tête inclinée.

USA TODAY

@USATODAY

Roberta McCain, Sen. John McCain’s mother, and granddaughter Meghan McCain, share a sweet moment during the ceremony inside the U.S. Capitol Rotunda.

McCain is the first identified Vietnam veteran to lie in state at the Rotunda: https://usat.ly/2C3rpxp  (Photo: AFP/Getty Images)

Ils le croient mort

En 1967, elle avait pendant un long moment déjà cru devoir dire ses adieux à son fils. Pilote de chasse de l’armée américaine, John McCain menait le 23e raid de sa carrière le 26 octobre 1967 lorsque son chasseur A-4 Skyhawk a été abattu au-dessus d’Hanoï, au Vietnam.

Son père, amiral également appelé John McCain, et Roberta sont à Londres et apprennent la nouvelle alors qu’ils s’apprêtent à se rendre à un dîner chez l’ambassadeur d’Iran.

Ils le croient mort. Mais pas question d’annuler. «Ca ne m’est pas venu à l’esprit. Vous savez, je suis quelqu’un d’assez stoïque», a-t-elle confié au magazine New Yorker en 2005. Le couple décide de ne rien dire à leurs hôtes.

On lui avait finalement annoncé que John McCain était prisonnier de guerre. «Pouvez-vous croire que ce soit la meilleure nouvelle que j’ai jamais reçue de ma vie? Vous voyez, les choses vous affectent différemment selon les circonstances».

A propos de cette capture et des cinq ans de captivité de son fils, torturé, elle avait dit simplement au magazine Time: «Mon époux avait choisi sa profession, et Johnny aussi».

«Fruits frais et légumes»

«Ma mère a été élevée pour être une femme forte, déterminée, qui profite entièrement de la vie et a toujours tenté de tirer le meilleur de ses opportunités», avait écrit John McCain.

Aventurière, Roberta McCain a su en effet savourer ses années. Japon, Inde ou Jordanie, elle aimait à voyager aux quatre coins du monde jusqu’à ses 90 ans passés, souvent avec sa sœur jumelle Rowena, décédée à 99 ans.

Le secret de sa longévité? Roberta McCain l’avait confié il y a déjà dix ans à la chaîne C-Span: «Ne vivre avec rien d’autre que des fruits frais et des légumes».

Fort caractère, elle n’avait pas hésité très longtemps lorsqu’en France, on lui avait dit qu’elle était trop âgée, à plus de 90 ans, pour louer une voiture. 

Roberta McCain en avait alors acheté une pour sillonner l’Hexagone avant de la faire envoyer sur la côte est des Etats-Unis… et de traverser le pays jusqu’à San Francisco, selon le New York Times.

Une rebelle

Rebelle à 19 ans, elle s’était échappée jusqu’à Tijuana, au Mexique, pour épouser John McCain. En 2000, elle avait décrit son âme voyageuse à Timecomme celle d’une «petite tortue»: «Je prends juste une petite paire de bottes, un imperméable et mes jumelles et je pars».

Se déclarant, paradoxalement, aussi assez «timide», Roberta McCain avait accompagné son fils sur plusieurs étapes de sa campagne présidentielle en 2008.

Elle n’hésitait pas à le réprimander publiquement pour son langage parfois fleuri. «Cette pauvre âme», avait-elle déclaré au Times. «Je crois vraiment qu’il me ressemble beaucoup… trop sensible».

20minutes.fr

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