Malgré les efforts pour enrayer la chute de la livre, les Turcs inquiets

The Turkish central bank’s rate hike ends days of suspense after Erdogan pressed for lower rates to boost growth OZAN KOSE (AFP)
La livre turque a perdu 16% de sa valeur contre le dollar en un mois

Après l’affaiblissement de la livre turque face au dollar cette semaine et malgré les tentatives du gouvernement pour les rassurer, les Turcs restent inquiets au sujet de l’économie, à un mois d’élections cruciales.

La livre turque s’est brièvement échangée à 4,92 TRY contre un dollar mais a compensé une partie de ses pertes mercredi après un relèvement inattendu d’un des principaux taux d’intérêt de la banque centrale.

Mais pour beaucoup, cette mesure reste insuffisante: ne montrant pas de signe réel d’amélioration, la livre s’échangeait à 4,7 contre un dollar à la clôture vendredi et a perdu 16% de sa valeur contre le billet vert en un mois.

Dans un bureau de change situé sur l’une des principales rues commerçantes d’Ankara, les esprits sont tournés vers la dégradation de la situation et la crainte que le pays ne traverse déjà ce que des économistes de la Commerzbank ont décrit cette semaine comme une « crise monétaire ».

Des dizaines de personnes affluent dans ce bureau de change pour convertir leurs livres en or, dollars, ou euros.

Le gérant du bureau de change, Yahya Yilik, explique que plus de Turcs viennent acheter des euros et des dollars avec l’inquiétude que la livre ne chute davantage.

« Ils pensent que la livre va continuer à perdre de sa valeur », rapporte-t-il, ajoutant que la levée des taux d’intérêts n’est qu’une « mesure temporaire ».

OZAN KOSE (AFP/Archives)Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d’un rassemblement à Istanbul le 18 mai 2018
OZAN KOSE (AFP/Archives)

Très inquiet

Les économistes appelaient depuis des mois à un redressement des taux d’intérêt pour enrayer l’inflation à deux chiffres et éviter une surchauffe de l’économie, mais le président Recep Tayyip Erdogan n’a eu de cesse de critiquer ce type de mesures, appelant au contraire à une baisse de ces taux.

La dégringolade de la livre de ces derniers jours a été provoquée par des commentaires du président turc la semaine dernière, affirmant qu’il souhaitait peser davantage sur la politique monétaire s’il était réélu le 24 juin.

Necdet Güven, un étudiant venu acheter des dollars en prévision d’un voyage aux Etats-Unis, se dit « très inquiet » de la situation économique.

« Notre économie empire de jour en jour. Par le passé, la Turquie était un pays leader en termes d’agriculture et d’élevage, mais maintenant on importe de la viande de Serbie et du foin de Russie », déplore-t-il.

Afin d’apaiser les esprits, le vice-Premier ministre Mehmet Simsek, un ancien de chez Merrill Lynch qui a la confiance des milieux économiques, a déclaré, lors d’une interview télévisée, que la banque centrale « ferait tout ce qui est nécessaire ».

« Il n’est pas question de reculer, que ce soit sur l’indépendance de la banque centrale ou sur une économie de marché régulée », a-t-il assuré, sur la chaine privée NTV.

Puissances étrangères

Certains sont néanmoins convaincus par la rhétorique du gouvernement qui impute la chute de la livre à un « complot » visant à affaiblir la Turquie.

Pour Orhan Albayrak, un grossiste, l’augmentation de la valeur du dollar et de l’euro est « artificielle », causée par « la pression économique des puissances étrangères ».

« Mais à cinq ou dix jours des élections, je pense que cette augmentation sera inversée », espère-t-il.

Après l’annonce de la décision de la banque centrale mercredi, M. Erdogan a insisté sur le fait que la Turquie continuerait d’adhérer aux principes internationaux en matière de politique monétaire.

Mais il a tout de même ajouté qu’il ne laisserait pas ces principes « achever notre pays ».

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Sydney cohen

Pauvre turquie d’erdogan. C’est de nouveau la descente aux enfers