Trump, l’Ambassade à Jérusalem, l’annulation de l’accord iranien, mais aussi le partenariat avec Poutine/Iran en Syrie?

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Peu ou pas de réaction officielle, à cette heure à Jérusalem, le Premier Ministre israélien ayant donné des instructions strictes à ses ministres pour que rien ne fuite, tant que les jeux n’étaient pas faits. C’est maintenant le cas et la région n’attendra pas la fin des cent jours d’un « Etat de grâce ». 

On peut se douter que le retour en masse des Républicains aux affaires met un terme au mandat désastreux sur le plan des relations personnelles, mais pas aussi sombre qu’on pouvait le redouter, sur le plan de la coopération militaire, de Barack Hussein Obama.

La personnalité, assez imprévisible de Donald Trump, en tant que telle, mérite qu’on accueille avec prudence certaines de ses promesses de campagne, selon l’ordre de priorités internationales qu’il sera conduit à leur donner.

  • La plus symbolique, c’est celle de l’installation de l’Ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, qui marquerait la reconnaissance officielle de la revendication de longue date de l’Etat d’Israël : Jérusalem capitale unifiée du peuple juif. Mais nombreux sont les Présidents américains avant lui qui ont fait la même promesse, restée sans suite. On lui fait crédit du culot nécessaire et suffisant pour franchir le pas. Ses proches conseillers l’ont rappelé et ses attaches familiales, par le mariage de sa fille Ivanka avec Jared Kushner, pencheraient en ce sens.
  • La realpolitik et le désir prédominant d’entente avec Poutine peut jouer longtemps contre la réalisation de ce rêve, puisque la carte palestinienne reste dans la manche de la Russie comme de la Chine, et coule telle l’eau de roche, on le voit, lors du vote de l’UNESCO. Cela pourrait, d’autre part, alimenter la colère arabe contre l’Amérique, qui date de son prédécesseur, George W Bush et qu’Obama n’a fait que flatter dans le sens du poil, pendant 8 années de désengagement américain.
  • Derrière ce geste fort, il y a, dans le programme de Trump la reconnaissance qu’un Etat Palestinien (coquetterie clintonienne  sous le premier Bill de Camp David) au milieu de l’Etat Juif porterait atteinte à la sécurité de celui-ci : ira t-il jusqu’au bout de cette évaluation, dans toutes ses conséquences?
  • Autre dénonciation du Donald en campagne : le très mauvais accord signé par les 5+1 Etats nucléaires avec l’Allemagne, et favorable à l’Iran qui, depuis, n’a fait que multiplier les provocations (prise d’otages de 2 vedettes de la marine en dérive, tirs contre des navires américains dans le Golfe, essais balistiques, cris récurrents de « mort à l’Amérique…). Son principal conseiller militaire et probable futur patron du Pentagone est Mike Flynn, ancien chef des Renseignements Militaires, chassé de l’Adminisation Obama pour son opposition à l’accord avec l’Iran et sur de nombreux autres points « stratégiques » (cette qualité de discernement qui manquait curellement à Obama) : d’Israël ou de l’Iran, il est certain que la balance sur ce point penche dans le sens d’un retour à la « normale », où Téhéran risque la remise en place de certaines sanctions, tandis que Jérusalem pourra avoir l’oreille, tant du Président que du Congrèsq et du Sénat républicains : le mano-en-la mano entre Jérusalem et Washington reprendra alors du service, comme l’escomptait Netanyahu lors de son discours de mars 2015 devant les instances décisionnaires américaines. sur ce plan, Trump va rassurer autant les Egyptiens que les Saoudiens.
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  •  Le point le plus litigieux de la politique extérieure de Trump, telle qu’il l’a énoncée concerne règlement de la situation en Syrie et en Irak, deux pays trop proches d’Israël pour être ignorés. Le souhait du Donald, jusqu’à présent, était de « laisser faire le sale boulot à Poutine », ce qui veut aussi dire à ses alliés, parmi lesquels trouve l’Iran et ses milices, dont le Hezbollah, au premier rang des menaces pour Israël. L’entente avec Poutine ne peut se faire au détriment des alliés de l’Amérique, comme Obama s’est entendu à le faire jusqu’à présent. Il serait contradictoire, mais possible, que Trump laisse l’Iran progresser sur le terrain irako-syrien à la faveur du bouclier russe, jusqu’à tracer avec Poutine une ligne rouge à ne pas franchir.
  • Quelle pourra être la politique de Trump à l’égard d’Erdogan? Il est très possible qu’il n’en ait actuellement aucune idée. Néanmoins sa politique d’entente avec Poutine peut mettre à terre les visées turques, Erdogan comptant sur un affrontement américano-russe permanent en Syrie pour jeter de l’huile sur le feu, en tant qu’Outsider et troisième larron tirant les marrons du feu : son objectif principal est l’élimination des Kurdes… L’arrivée d’un « homme à poigne » à la tête des Etats-Unis ne devrait pas arranger les affaires du Vizir d’Ankara, quoi que Trump peuve aussi poursuivre la politique isolationniste d’Obama et se désintéresser d’un sujet lourd de conséquences, notamment pour les Kurdes et pour Israël.
  • Du fait du plébiscite populaire dont il bénéficie, Donald Trump devra essentiellement répondre à ses inquiétudes intérieures, sur le plan économique et des valeurs, pour la majorité silencieuse qui vient de s’exprimer bruyamment et les classes moyennes et laborieuses (sentiment de déclin, baisse des revenus, absence de croissance, poussée migratoire). Il se peut donc qu’il ait tendance à déléguer ce qui lui paraît moins urgent, comme le rayonnement des Etats-Unis au Moyen-Orient. Quoi qu’on en pense, les hauts-fonctionnaires maintiennent les grandes lignes d’une politique décidée au-delà et par-dessus l’épaule des candidats présidentiels… Sur ce point, inutile de s’attendre à des miracles, mais on pourrait avoir quelques (bonnes) surprises, dans une région déstabilisée pour longtemps. A n’en pas douter, on assiste à la victoire par K.O de la génération des Tea Parties, ces contestataires ultra-libéraux de l’Establishment de Washington. Il devra d’abord récompenser sélecteurs et répondre à leurs aspirations de grandeur.
  • Les Etats-Unis restent marqués par l’ère Obama-Clinton en politique extérieure, notamment avec l’affaire Benghazi et le sentiment d’abandon en rase campagne d’un diplomate, Christopher Stevens et de ses proches aux mains du djihad, que la Cour ait ou non sanctionné une faute. L’Affaire des e-mails, les écarts de la Fondation Clinton en matière d’influence sont pour beaucoup dans la chute de la Maison Clinton et son échec à s’approprier la Maison Blanche comme résidence secondaire. Une bonne raison pour mettre un coup de balai dans une politique étrangère d’Obama qui aura en partiecoûté sa place à Mrs Clinton. Pourtant, cette fois encore, 70% des Juifs Américains ont voté Clinton, contre à peine 24% qui font confiance au Donald. Quelle que soit la magnificence du sourire d’Ivanka ou ses appuis communautaires…
  • Un effet de ces élections mouvementées qu’il ne faut en aucun cas mésestimer : les médias, les sondeurs et une certaine intelligentsia en place ont pris une déculottée, quant à tous les pronostics défavorables et Donald Trump suscite un élan populaire qu’on n’a pas vu depuis longtemps, dans un Occident largement blasé ou devenu cynique. Une bonne partie des réseaux sociaux pro-israéliens dégoûtés de l’époque Obama sont à fond derrière l’antithèse du précédent Président marqué comme hostile à l’Etat Juif. Cela laissera des traces et une dynamique s’enclenche qui aura ses répercussions Moyen-Oirent comme en Europe, autour de la crise migratoire et dans le cadre de la lutte anti-terroriste.
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Par Marc Brzustowski

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