Incroyable mais vrai, la rancoeur d’avoir perdu les élections a fait perdre le sens commun à certains militants de la gauche radicale israélienne.

Pour preuve, l’infâme campagne nommée en hébreu, “Lo Latet”, en référence à  l’ONG israélienne “Latet” («donner»), un groupe de charité majeur qui recueille des dons pour les nécessiteux.

La campagne a commencé par une page Facebook, gratifiées de plus de 3000 “j’aime”. “Comme les fête de Pessah approchent, je voudrais vous rappeler qu’il y a des centaines de personnes qui n’ont pas les moyens de célébrer dignement la fête. Il est important que vous ne leur donniez pas un seul shekel.”

Les gauchistes ont rajouté sur un ton sarcastique: “Après tout,  ils ont élu un gouvernement qui va changer leur situation, alors pourquoi intervenir et gâter les choses? Bonne vacances! “

Coolamnews

CULTUREL

L’exemple de Tel Aviv n’est pas le seul : De Sdérot à Yerouham, d’Ashkelon à Ashdod, de Tibériade à Kiriat Shemona, entre 30 et 40% des électeurs ont donné leur voix au Likoud le 17 mars dernier. La situation socio-économique des habitants de ces localités est pourtant inférieure à la moyenne nationale. À Jérusalem aussi, les habitants du quartier défavorisé de Katamon ont voté majoritairement à droite, alors que les Israéliens plus riches du quartier d’Ein Karem ont donné leurs voix à la gauche.

La première explication avancée est que pour les familles les plus défavorisées, le choix du parti politique est d’abord culturel : « on ne change pas de parti politique tout comme on ne change pas d’équipe de football » a expliqué l’avocat Youval Albashan sur le site Ynet. L’universitaire, qui analyse depuis longtemps les clivages sociaux en Israël, poursuit son explication : « Changer de parti politique, c’est aussi perdre un bout de son identité, d’où la difficulté de quitter le Likoud ou de quitter Meretz ».

Les seuls politiciens qui ont su utiliser la « fibre culturelle » sont ceux de la droite, et du Likoud en particulier. C’est le message qu’a transmis Benyamin Netanyahou en mettant en garde contre le danger potentiel que représenterait le vote des Arabes israéliens : « Parmi les couches défavorisées, l’identité juive est une des principales préoccupations et la gauche n’a pas su se rattacher au sentiment juif ».

UN CHOIX ETHNIQUE

Autre explication du paradoxe électoral israélien : la base sociale des partis politiques en Israël serait ethnique. Le professeur Sammy Smooha de l’Université de Haïfa estime que « l’Union sioniste est la continuation du parti Travailliste dont la majorité des électeurs sont des Ashkénazes de la classe moyenne et supérieure, tout comme les électeurs de Yaïr Lapide au centre ».

À l’opposé, explique le sociologue Smooha, « la droite bénéficie d’une majorité orientale ; il s’agit des couches défavorisées qui habitent à la périphérie géographique du pays, tout comme à la périphérie des grandes villes ».

Ce facteur « ethnique » expliquerait que le parti de Moshe Kahlon ait obtenu la majorité de ses mandats d’électeurs orientaux issus de couches défavorisées qui ont voté précédemment pour le Likoud : « ils savent que la conception du monde de Kahlon est à droite et que celui-ci les aidera aussi sur le plan socio-économique » ajoute Sammy Smooha. Et de conclure : « les sépharades des villes de développement se souviennent des années cinquante et ils gardent rancœur à la gauche ».

UN CHOIX IDENTITAIRE

Reste le reflexe identitaire que le sociologue Smooha avance aussi comme explication : « En Israël, il existe une identité juive et une identité israélienne : l’identité des Juifs originaires des communautés orientales est surtout juive, religieuse et traditionnelle, alors que l’identité israélienne est plus présente parmi les électeurs de la gauche ».

Que reste-t-il de la place des enjeux économiques et sociaux qui ont été mis en exergue par les formations de la gauche aux dernières législatives ? Elle se réduit à une peau de chagrin. La gauche n’a pas réussi à convaincre les électeurs israéliens de la nécessité d’un changement de politique économique ; la droite, en revanche, a été plus convaincante en mettant l’accent sur les enjeux sécuritaires et existentiels.

Jacques Bendelac (Jérusalem) – Israël Valley

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Sam

Bien que je sois de la gauche décomplexée !!! Par éthique juive pratiquante mais aussi par éthique humaine socle minimal de l’être humain, je me désolidarise clairement de la privation de tsedaka pour qui que ce soit qui en a besoin !!!

Maintenant, les électeurs de droite qui jouent les vierges effarouchées, je leur dirais : êtes-vous schyzo ou cyniques en vous offusquant de cette campagne contre la tsedaka pour les pauvres de droite et en acceptant la politique économique libérable de Netanyahou et qui abouti à des inégalités sociales qui explosent, à 30% du peuple israélien sous le seuil de pauvreté… ???

Dieu ne nous a pas fait cadeau d’Israël pour en faire le pays le plus économiquement libéral après les États Unis !!! Un pays de l’argent roi, du Chacun pour soi…
Tsedaka= tsedek = justice = état Providence, système économique et social de gauche point barre !!!!! N’en déplaise aux électeurs de droite !

Un juif Français pratiquant qui aime la France et Israël.

Diachronos

Faut-il en être surpris?
L’avènement d’un réel non conforme à leurs certitudes ne peut être autre que choquant ou même insupportable pour les tenants de tout dogmatisme ou intégrisme ?