Immigration économique : le gouvernement va instaurer des quotas

L’exécutif annoncera ce mercredi, à l’issue d’un Comité interministériel sur l’immigration, plusieurs mesures visant à durcir la législation, ainsi que l’instauration d’objectifs chiffrés pour l’immigration économique.

 Édouard Philippe va officialiser ce mercredi l’instauration de quotas pour les immigrés économiques.
Édouard Philippe va officialiser ce mercredi l’instauration de quotas pour les immigrés économiques. AFP/Ludovic Marin
Le 4 novembre 2019 à 23h48, modifié le 5 novembre 2019 à 06h53

Des quotas pour l’immigration économique? La droite en rêvait… Emmanuel Macron s’apprête à le faire. Début janvier, alors en pleine crise des Gilets jaunes, le président se fendait d’une lettre aux Français en posant ouvertement la question : « En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ». Dix mois plus tard, l’exécutif apporte la réponse. Elle sera officialisée ce mercredi à Matignon, à l’issue d’un comité interministériel consacré à cette thématique ô combien sensible qui agite la majorité depuis la rentrée.

Selon nos informations, les derniers arbitrages pris ce week-end s’acheminent vers un dispositif de remise à plat du système existant. Avec dès l’année prochaine un débat annuel au Parlement pour définir des quotas par secteur d’activité. « Les quotas, cela fait quinze ans qu’on en parle. Mais pour nous, ce n’est pas un sujet tabou. Il faut en parler, mais en parler correctement, calmement et objectivement », insiste un conseiller technique.

«Avoir la maîtrise des flux migratoires, c’est populaire»

Voilà effectivement des années que le sujet fait débat – et des vagues – dans le paysage politique. En 2007, déjà, Nicolas Sarkozy se prononçait en faveur de quotas nationaux. Dix ans plus tard, Emmanuel Macron y était au contraire hostile : « Je ne propose pas une politique idéologique en matière d’immigration », assénait le candidat en pleine campagne présidentielle, pour mieux se démarquer de François Fillon qui plaidait pour des plafonds d’entrées légales, en fonction de l’origine géographique des immigrés.

Deux ans plus tard, désormais président, et alors qu’il amorce un virage droitier et régalien pour sa seconde moitié de quinquennat, le chef de l’Etat change de pied! Certes, pas de sélection par pays d’origine dans les tuyaux, mais tout de même des entrées conditionnées aux besoins en main-d’œuvre des entreprises française, selon les secteurs en tension.

A l’occasion de la sortie de son nouvel album, Philippe Geluck, le père du Chat, illustre le Parisien-Aujourd’hui en France du mardi 5 novembre. /Philippe Geluck
A l’occasion de la sortie de son nouvel album, Philippe Geluck, le père du Chat, illustre le Parisien-Aujourd’hui en France du mardi 5 novembre. /Philippe Geluck  

De quoi raviver la polémique ? Même pas, à en croire Matignon. « Avoir la maîtrise des flux migratoires, c’est populaire, quelque chose vers laquelle les Français se projettent. Le sujet fait désormais consensus, y compris au sein de l’aile gauche de la majorité », jure un proche d’Édouard Philippe. L’exécutif est donc convaincu que la mesure passera comme une lettre à la Poste. Ce qui ne sera pas forcément le cas des autres sujets sur la table du conseil interministériel ce mercredi.

Immigration économique : le gouvernement va instaurer des quotas

Car si la pilule semble plus facile à faire avaler sur l’immigration économique, elle risque d’être plus indigeste sur les autres points à l’ordre du jour. Parmi lesquels la refondation de Schengen, l’aide médicale d’Etat (AME) que la majorité entend réviser pour contrôler les abus, l’instauration d’un délai de carence de trois mois pour l’accès à la protection universelle maladie (Puma) réservée aux demandeurs d’asile, le durcissement de l’immigration familiale, ou encore la réduction des demandes de droit d’asile. Des sujets pas exactement consensuels au sein de la macronie, qui plus est accusée de faire la course à l’échalote avec le Rassemblement national de Marine Le Pen à cinq mois des élections municipales.

Un virage à droite totalement assumé par l’Elysée, mais qui ne manque pas d’irriter – et même de dérouter – certains proches du chef de l’Etat qui, en cet automne marqué par un climat social plus explosif que jamais, s’inquiètent de le voir mettre la focale sur les questions régaliennes.

« Faire de l’immigration la priorité de la rentrée, c’est un choix politique. Bien sûr, il ne faut pas abandonner le sujet à d’autres. Mais y avait-il urgence ? s’interroge, perplexe, un député marcheur issu des rangs socialistes. C’est un pari. Mais appartient-il au président de faire des paris ? Ou attend-on de lui qu’il préserve la cohésion du pays ? »

leparisien.fr

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Asher Cohen

C’est une décision purement politicienne à l’approche d’un verdict électoral. Après des décennies de déplacements de populations à effet de repeuplement du pays, revenir au statut de travailleur immigré de l’époque 1968-74 serait totalement inefficace et inutile. Plus du tiers de la population du pays sont actuellement issus d’immigrés entrés depuis 1974, et seront majoritaires en nombre dans moins d’une génération, d’autant que la population des « français de souche » ne fera que baisser rapidement en dessous de 40 puis 35 millions. Il est beaucoup trop tard et c’est plié depuis déjà bien longtemps. Ce que n’ont pas compris les politiciens de la génération actuelle c’est que la coexistence « pacifique » entre chrétiens et arabes est totalement impossible, tout simplement parce l’un ne peut pas accepter que l’autre ne lui soit pas inférieur, et l’affaire du voile islamique le montre clairement. De Gaulle qui parlait de « l’Algérie de papa », avait parfaitement vécu l’Algérie coloniale, et a donné l’indépendance, n’aurait-jamais permis ce type de déplacement massif de populations. Hollande qui prétendait inverser le cours de l’Histoire a eu le mérite de reconnaître son échec, mais Macron est bien trop jeune pour prétendre résoudre un tel problème qui n’a pas de solution politique. Après 50 ans de corruption et d’errance, comme le reconnaît Macron, la guerre inter-ethnique en France est inéluctable, et la fuite des juifs de France n’en sera qu’un prélude.