Ille-et-Vilaine. « J’ai été sauvée de la barbarie nazie en Bretagne »
« Je souhaitais qu’elle soit reconnue aux yeux du Monde. » Liliane Brulant, 77 ans, a tout mis en œuvre pour qu’Angèle Breton, qui l’a cachée pendant la Seconde guerre mondiale, soit reconnue Juste parmi les Nations.
Ce mardi soir à Rennes, l’État d’Israël a remis à titre posthume la médaille et le diplôme de Juste parmi les Nations à Angèle Breton. En 1942, cette couturière avait caché chez elle, à Fougères, Liliane Mazuras Brulant, la petite fille juive. Angèle Breton est décédée en 1981. C’est son fils, Raymond-Jean Breton qui l’a représentée pour recevoir la plus haute distinction honorifique civile de l’État d’Israël.
Château des Renardières à Fougères
Liliane raconte son histoire. « Je suis née pendant l’exode en juillet 1940. Mon père venait d’être fait prisonnier. Et ma mère n’avait plus de nouvelles. En septembre 1941, la Fédération de femmes de prisonniers a organisé des colonies de vacances. Nous sommes allées au château des Renardières près de Fougères avec ma mère, ma sœur et mon frère ». C’est là que Paulette Mazuras et Angèle Breton font connaissance. « Son mari était également prisonnier. Elle avait un fils, Raymond. »
Cet été 42, ils sont premiers visés par les lois antijuives de Vichy, et c’est la rafle du Vel d’Hiv. « Un oncle, une tante et des cousins ont été déportés. Ma mère a alors exhorté toute la famille à cacher les enfants. Mon frère et ma sœur et moi-même avons été baptisés. » Et le souci de Paulette Mazuras est de protéger ses enfants. Très vite ils sont expédiés à la campagne. Ses frère et sœur dans une famille en Vendée et Liliane chez Angèle Breton à Fougères.
« Grand frère de guerre »
La petite Liliane restera cachée à Fougères pendant deux ans, jusqu’à la libération de Paris. « Ma vie était normale en Bretagne. On me faisait passer pour la fille d’une cousine parisienne. J’y ai mené une vie paisible, je n’ai jamais eu à prouver mon identité. » La petite fille se sent adoptée par la famille Breton. Là-bas elle a un « grand frère de guerre » : Raymond. « Il avait entre huit et dix ans. Malgré son jeune âge, il avait conscience du danger. Je lui en serai éternellement reconnaissante. »
Après le débarquement des alliés en Normandie, en juin 1944, la famille Breton est évacuée de Fougères qui a été bombardée, vers Sainte-Anne. N’ayant plus de nouvelles de Liliane, dès la Libération de Paris en août 1944, Robert Mazuras part à Fougères. « Mon père m’a ramenée à Paris avec son vélo. Nous avons fait du stop. Je me souviens très bien de ce voyage. »
Montée de l’antisémitisme
Les deux familles n’ont jamais perdu le lien. Mais par pudeur, personne n’a évoqué ces années de guerre. « Angèle ne cherchait pas de reconnaissance particulière pour ce qu’elle a fait. Elle en parlait d’ailleurs très peu. »
Depuis deux ans, Liliane a constitué le dossier pour que la Fougeraise soit reconnue Juste parmi les Nations à titre posthume. Aujourd’hui quand elle en parle, elle a les larmes aux yeux. « Cette médaille est une façon d’honorer la mémoire d’Angèle et de faire en sorte que son histoire ne soit pas oubliée. Surtout pas en ce moment où l’on sent la montée de l’antisémitisme. »
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[…] Ce mardi soir à Rennes, l’État d’Israël a remis à titre posthume la médaille et le diplôme de Juste parmi les Nations à Angèle Breton. En 1942, cette couturière avait caché chez elle, à Fougères, Liliane Mazuras Brulant, la petite fille juive. Angèle Breton est décédée en 1981. C’est son fils, Raymond-Jean Breton qui l’a représentée pour recevoir la plus haute distinction honorifique civile de l’État d’Israël.Lire la suite sur jforum.fr […]
Cette femme, désignée Juste parmi les nations, n’était ni la mère biologique de cette petite-fille juive, ni juive elle-même et pourtant, la peur au ventre certainement, elle a pris soin de cette enfant pendant deux longues années comme si c’était la sienne; cela fait énormément de bien en ce moment où certains hommes et femmes juifs, style actrices célèbres hollywoodiennes, crachent sur l’Etat Juif et sur leur judéité.
Depuis enfant, je me suis toujours demandée si la femme qui sauve l’enfant dans le jugement du roi Salomon était sa mère biologique puisque rien ne le dit : de la façon dont se comportent indignement certaines mères « juives » et de la façon dont se comportent admirablement certaines mères non-juives, je me poserai la question jusqu’à mon dernier souffle croyant parfois que cette femme n’était pas la mère biologique de ce nourrisson mais que c’est elle qui était digne de l’être et de l’élever.
Dans l »histoire rapportée dans cette article, la petite fille a eu la chance d’avoir 2 mères qui l’ont sauvé : sa vraie mère (sa mère biologique) qui a accepté de s’en séparer pour la cacher et la protéger, et sa mère adoptive bretonne.