Griveaux reprend l’antijuif Maurras en pensant citer un résistant

Le porte-parole de l’Élysée, Benjamin Griveaux, est l’auteur ce jeudi d’une boulette pas très cachère.  Pensant faire le malin, le porte-parole de l’Élysée a repris une phrase de l’écrivain antijuif Charles Maurras en pensant citer un résistant.

“C’est le pays légal qui rencontre le pays réel, pour reprendre les propos de Marc Bloch il y a bien longtemps “, a assuré Benjamin Griveaux, au micro de France Inter jeudi matin.

Le porte-parole du gouvernement a attribué cette distinction à l’historien résistant Marc Bloch, exécuté après avoir été torturé par la Gestapo en 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale. En réalité, le concept a été théorisé par l’écrivain Charles Maurras, connu pour son fervent soutien du régime collaborationniste de Vichy et son antisémitisme.

L’antisémite distinguait ainsi “le pays officiel et légal, qui s’identifie au gouvernement parce qu’il en retire l’aliment de sa vie, ce petit pays constitutionnel” du  “pays vrai, le pays qui travaille et qui ne politique pas”. Pour Charles Maurras, le  “pays légal” reposait sur “quatre États confédérés” : les “juifs, protestants, maçons, et métèques”.

La semaine dernière, Benjamin Griveaux n’a pas hésité à mentir publiquement pour tenter de venir à la rescousse du président Macron après ses propos polémiques sur Pétain.

Fin janvier, Françoise Nyssen, alors ministre de la Culture, avait justifié la présence de l’écrivain antijuif dans la publication d’un “Recueil des commémorations nationales 2018”, élaboré sous la supervision du ministère de la Culture et préfacé par la ministre.

Le 10 janvier, suite au soutien affiché du Premier ministre Edouard Philippe à la réédition des pamphlets antisémites de l’écrivain Louis-Ferdinand Céline, l’avocat Arno Klarsfeld avait dénoncé qu’il y a “quelque chose qui ne va pas en France au sein du gouvernement”.

Éric Hazan