Gaza entre trêve et élimination de terroristes

Le 11 novembre 2018, Israël et les terroristes du Hamas dans la Bande de Gaza étaient sur le point de parvenir à un accord de trêve sur le long terme. L’inconvénient résulte de ce qu’Israël avait, préalablement, envisagé le lancement d’une opération anti-terroriste dans la zone côtière. Aussi, Tsahal a-t-il, le soir même, lancé une opération ayant permis l’élimination de 7 palestiniens, dont l’un des commandants de la Bande de Gaza et son garde du corps. Côté israélien, un lieutenant-colonel a été tué lors des échanges de tirs. La réaction palestinienne a été immédiate : dès le 12 novembre 2018, les factions palestiniennes ont tiré 480 roquettes sur le sud d’Israël, dont l’un a frappé un autobus de l’armée israélienne, blessant gravement un soldat.

L’armée israélienne a alors riposté aux tirs de roquettes et de mortiers palestiniens, en lançant des raids aériens, tuant 7 autres palestiniens et détruisant de nombreux immeubles palestiniens, dont celui qui abrite la chaîne de télévision Al Aqsa.

La question se pose donc de savoir s’il était nécessaire pour Israël de déclencher cette opération ciblée le 11 novembre 2018, alors même que les pourparlers de trêve avançaient sous la médiation de l’Egypte, des Nations Unies et du Qatar. D’ailleurs, le Premier Ministre Benjamin Netanyahu avait lui-même, quelques heures auparavant, préparé l’opinion publique israélienne sur le principe d’un accord de cessez-le-feu.

Pour Hugh Lovatt, chargé de mission au Conseil européen des relations étrangères, l’objectif de l’attaque israélienne serait de nature électoraliste : « Compte tenu de l’approche des élections en Israël, on ne peut exclure qu’il y ait eu derrière cette opération, une volonté au sein du cabinet israélien, de procéder à une démonstration de force politique ». Il n’a toutefois pas exclu que l’opération menée l’ait été dans le cadre d’opérations d’espionnage : « il semble bien que l’opération ait été motivée par la collecte de renseignements et non pour déclencher une nouvelle guerre ».

C’est également la position du correspondant militaire du quotidien Haaretz, Amos Harel pour qui le raid mené était vraisemblablement lié à « l’infrastructure militaire du Hamas (tunnels, développement des armes) », ou « une autre question brûlante pour Israël : les prisonniers et les personnes disparues à Gaza ».

La position du gouvernement israélien reste pour le moins délicate : d’un côté, il convient de rassurer les palestiniens sur les perspectives d’un desserrement de l’étau sur la Bande de Gaza. De nombreux palestiniens ont été tués en se livrant à des opérations terroristes ou en tentant de pénétrer sur le territoire palestinien depuis la clôture de séparation, à l’occasion des manifestations hebdomadaires qu’ils appellent « marche du retour » (qui sont en fait des tentatives d’invasion d’Israël) entamées le 30 mars 2018.

De l’autre côté, Israël ne veut, ni bloquer les discussions de trêve ni lancer une offensive, bien que ses capacités militaires lui permettent de vaincre rapidement le groupe terroriste tout en limitant les risques de probables pertes humaines.

Pour autant, Israël n’entend pas baisser la garde, quand bien même des discussions sont en cours avec les palestiniens. Il doit donc articuler le principe de négociation à celui de l’affirmation de sa force qu’il impose à son interlocuteur.

Du côté des palestiniens de Gaza, la situation n’est pas particulièrement confortable : ils vivent dans des conditions très précaires, n’ont aucune marge de manœuvre pour lutter contre Israël, et sont abreuvés des discours de leurs dirigeants qui leur prédisent une destruction prochaine d’Israël. Résultat, ils finissent pas le croire.

Aussi, ressassent-ils qu’il convient de lutter contre Israël, et tentent de se convaincre en se retournant en boucle dans la tête, qu’ils sont victimes d’injustice afin de pouvoir se positionner comme des résistants.

Benjamin Netanyahou est donc bien conscient qu’il ne peut y avoir de solutions diplomatiques à long terme avec les palestiniens de Gaza (persuadés de la disparition prochaine de l’entité sioniste). Il doit également rassurer la population israélienne sur sa fermeté à l’égard de l’organisation terroriste, d’autant que les élections en Israël sont prévues pour le mois de novembre 2019, et qu’elles risquent, vraisemblablement, d’être anticipées. L’impossibilité de croire dans les dispositions pacifiques des palestiniens amène donc le gouvernement israélien, à faire preuve de fermeté à l’égard des terroristes palestiniens.

De même, les palestiniens savent pertinemment que la paix est préférable à la guerre, surtout lorsque l’adversaire se nomme Israël. C’est leur dilemme : ils sont programmés, intellectuellement, pour le détruire, tout en sachant bien qu’il ne parviendront jamais à y arriver. Aussi, le Hamas contraint sa population à lutter contre Israël. Ce faisant, il maintient les palestiniens de Gaza dans le plus grand dénuement, en les privant de conditions socio économiques favorables, de sorte qu’ils ne perdent pas le goût de la lutte et que les images puissent servir de publicité à leur victimisation.

Israël doit donc donner du leste, tout en gardant son gant de fer, en prenant le risque de voir la région s’embraser, sporadiquement. Début novembre 2018, Israël a autorisé le Qatar à verser 15 millions de dollars pour payer les salaires des fonctionnaires de la Bande de Gaza. Il a néanmoins procédé à son opération à Gaza, prenant le risque de briser l’équilibre précaire dans sa relation avec la population gazaouite.

Tant que le Hamas sera au pouvoir dans la bande de Gaza, Israël n’aura d’autre choix que d’alterner entre gestes d’accalmie en direction de la population de la zone, et poursuite des opérations de guerre contre l’organisation terroriste, ayant parfaitement à l’esprit que le calme relatif sera prochainement brisé par les actions violentes des terroristes.

Le plan de paix concocté par le Président américain Donald Trump ne devrait donc pas changer la donne. Il devrait juste faciliter la mise en place d’une organisation politique qui corresponde à la situation géopolitique : il n’y a pas un Etat palestinien au sein duquel doivent se réunir les palestiniens mais bien deux : un mini Etat palestinien en Cisjordanie/ Judée-Samarie (sur les zone A et B qui représentent 40 % du territoire) et un autre Etat palestinien sur la Bande de Gaza.

Le renonciation à la lutte armée par les palestinien de Cisjordanie/ Judée-Samarie permettra de relier les blocs importants de zone A et B, de sorte qu’il n’y ait plus de check point entre les grande villes palestiniennes de ce futur Etat palestinien de Cisjordanie. De l’autre côté, la renonciation à la lutte armée des palestiniens de l’Etat de Gaza permettra la mise en place de mesures économiques de nature à améliorer leur confort de vie, tout en maintenant la clôture de sécurité pour protéger les israéliens.

Cette configuration déplaît certes à Mahmoud Abbas qui perdra son statut de Président de l’Autorité palestinienne (pour n’être que le représentant des palestiniens cisjordaniens), tout comme au Hamas, contraint de pactiser avec son ennemi de toujours. C’est toutefois, la seule qui vaille. A défaut, c’est la disparition du concept palestiniste et de ce peuple palestinien inventé. L’équilibre entre trêve et élimination de terroristes n’est donc pas simple à trouver à Gaza.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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William

Il semble que ce site soit parcouru par des personnes qui ne cherchent qu à contredire.
Bahija ?

Élie de Paris

Cher Maitre, votre démonstration serait plausible si ce futur état palestinien etait validable. Hélas, son existence n’aurait comme but que supplanter son voisin puis finalement prendre sa place. Ils ne s’en cachent pas.
Aussi, nombreux dont votre serviteur, pensent qu’il n’y a rien à négocier avec des gens qui ruminent notre extermination.