LE PLUS. Il l’avait promis, François Hollande serait un président « normal », normal comme « surtout pas bling-bling », comme « surtout à l’opposé de Nicolas Sarkozy ». Sauf qu’après un mois à bouffer du normal tous les matins au petit déjeuner, Dom. B. a hâte de passer de la « normalitude » à la « banalitude ».

Moi, président normal, je prendrai le train, la voiture, le pédalo, mes ministres viendront en jeans aux conseils des ministres. Moi président normal, ma « normalitude » suscitera chaque jour la polémique, normalitude d’un trajet en train qui coûterait plus cher que le même en avion présidentiel, « normalitude » de mes excès de vitesse en voiture, « normalitude » de ma photo les pieds dans le gazon, « normalitude » de mon taux de cholesterol, « normalitude » de mon voisinage, « normalitude » de mon gouvernement, de mon Premier ministre qui prend le métro à Marseille, de ma ministre de l’Égalité des territoires et du Logement qui se pointe au premier conseil des ministres en jeans et en métro, « normalitude, normalitude », est-ce que j’ai une gueule de « normalitude » ?

Normal, François Hollande ?

Depuis bientôt un mois que François Hollande a été élu, pas un matin, pas une journée sans ce mot : normal. Qu’on l’utilise surtout pour souligner l’opposition à son prédécesseur ou pour critiquer, se moquer, « normal » est à 2012 ce que « bling-bling » était à 2007.

J’en peux plus. J’overdose. Je sature.

Ras le bol du normal à toutes les sauces, le train, le métro, les jeans, les ministres normaux, les photos normales, les G8 avec ou sans cravate normale, le normal du pied gauche ou le normal du pied droit, le normal d’une « première dame » qui ne veut pas l’être tout en l’étant quand même sur toutes les photos, et qui tweete « normal » à la première dame Michelle Obama.

Merci à @MichelleObama pour son accueil chaleureux à la Maison blanche et à Chicago, sa ville natale.Merci aussi pour ses précieux conseils
— Valerie Trierweiler (@valtrier) Mai 21, 2012

Le normal d’un appartement dans le XVe qu’on aimerait bien garder, quand même, mais avec la Lanterne à Versailles aussi, c’est sympa la Lanterne pour les week-ends.

Passe, passe, passera, le normal, le normal, passe, passe, passera, le normal overdosera. STOP, ASSEZ, ENOUGH IS ENOUGH, comme dirait Donna depuis l’enfer.

À qui la faute ? À ce président ou à ce gouvernement qui nous ont vendu la normalité comme on vend des canapés à des retraités, avec force promesses et argumentation ? À nous tous qui n’en pouvions plus de ce président Ray-Ban, top model en guise de it-bag, copains milliardaires avec yatch incorporé, et qui exigions, à juste raison, un peu de simplicité, bordel ?

La faute aux journalistes, aux médias, qui de droite à gauche en passant par le milieu ont trouvé là le nouvel os à ronger et un nouvel élément de langage incontournable ?

Un peu de tout cela en même temps, sans doute.

Et là, j’ose espérer vivement la banalitude. Oui, vivement.

Que vienne ce moment où prendre le métro pour un ministre, comme dans ces pays du Nord dont on cite l’exemple dès qu’on parle d’éthique, de simplicité et de proximité, que ce moment soit d’une banalité consommée.

Qu’un ministre en métro, en RER, ou qu’un ministre qui paye son loyer, qu’un président qui part en vacances dans sa maison de famille, soit tellement normal qu’on n’y fasse plus attention.

Que vienne ce moment où il n’y aura pas systématiquement une nuée de journalistes chaque fois qu’un membre du gouvernement franchira, en payant son écot, un portillon de la RATP.

Bien sûr, j’ai conscience de l’utopie de mon vœu, comment espérer une démocratie simple, modeste, exemplaire quand à l’Elysée le travail de certaines personnes consiste à fermer les portes, comment espérer plus d’économie dans le train de vie de l’État, quand quelqu’un comme Chirac n’a sans doute jamais sorti un franc, ni un euro de sa poche de toute sa vie, ne serait-ce que pour se payer une Corona ?

Ces histoires de train, de TGV, d’excès de vitesses ne sont que des points de détail, ce n’est sans doute pas un hasard si la France entière est restée scotchée à son téléviseur durant deux jours pour admirer le ridicule des cérémonies du jubilé d’une reine d’Angleterre, comme elle était restée captivée par le mariage d’un prince et d’une princesse l’an passé. Les Français sont républicains, mais les ors de la monarchie les font tout de même drôlement rêver.

De fait, à quoi cela sert d’avoir un président qui prend le train si, à côté, il multiplie les résidences royales, les petits joggings à Versailles, l’été à Brégançon, et si le cœur lui en dit, les chasses aux sangliers. À quoi servent toutes ces demeures présidentielles qui coûtent si cher ?

Personne ne peut revenir en arrière, à l’époque où les portables n’étaient pas autant de regards et d’oreilles indiscrets, où un président pouvait flâner sur les quais de la Mégisserie pour y chiner quelques vieux livres chez les bouquinistes. Mais entre cette proximité impossible aujourd’hui et le grand cirque médiatique actuel, entre nos monarchies républicaines passées et présentes, entre le bling-bling de Sarkozy et la simplicité des démocraties du Nord, il serait bien et urgent de trouver le juste milieu, la vraie normalité.

La normalitude, ce n’est pas le beurre, l’argent du beurre, et le cul de la crémière. Ce n’est pas d’un côté vouloir prendre le train, de l’autre avoir un mec pour vous touiller votre jus d’orange, d’un côté baisser son salaire, de l’autre ne plus jamais rien payer de sa propre poche.

La normalitude, ce n’est pas prétendre ne pas vouloir être la potiche de l’Elysée, désirer rester journaliste, mais être « mon pied-ton pied » sur toutes les photos, sortir de l’avion avant même le ministre français des Affaires étrangères.

Connaît-on même la tête du compagnon d’Angela Merkel, Joachim Sauer, qui ne l’accompagne pas toujours partout et n’était même pas présent à son intronisation en 2005, chercheur scientifique, chimiste de renom ?

La faute en revient aussi aux médias qui se jettent sur la moindre robe, le moindre clignement d’œil de Valérie Trierweiler, mais sans doute un peu à elle, qui, tout en affirmant vouloir rester journaliste, répond aux interviews de façon quelque peu « royale » en prétendant ne « pas être différente des autres femmes », ni « vouloir vivre aux frais de l’État ». Elle balaie d’un revers de main les critiques au prétexte que, « selon un sondage, 70% des Français approuveraient le fait qu’elle reste journaliste ». Tiens, revoilà les sondages inutiles ?

« Il n’y a pas de statut de première dame, tout est à définir, c’est un rôle avant tout de bénévolat au service des Français. » Pas simple à concilier, mais la « normalitude » voudrait justement qu’on oublie Valérie au profit de François, non l’inverse.

La normalitude serait aussi, et surtout, enfin, que l’exemple venu d’en haut ne rejaillisse en cascade sur ceux du bas. Que penser d’un voyage en train quand nos députés s’offrent des vacances sur les deniers publics en toute légalité ?

Le « c’est légal », que ne l’a-t’on trop entendu, d’ailleurs, cette si pratique réponse qui a justifié et justifie encore tout, y compris ce qui choque. Leurs retraites cumulées, c’est légal. Les députés partent avec leur ordinateur, c’est légal.

Et quand l’Assemblée nationale veut enfin supprimer la pratique indécente de l’écrêtement (qui consiste à reverser le montant au-dessus du plafond à un autre élu de son choix, parfois des épouses, la famille, ou simples relations amicales), que fait alors le Sénat ? Il fait sauter le texte. C’est légal. Et quand on leur « impose » un code de déontologie, il n’implique aucune sanction en cas de non-respect. C’est encore légal.

« C’est légal parce que je le veux », disait Louis XVI.

Oui, vraiment, vivement la « banalitude » d’un président et de son gouvernement. Que leur façon de vivre les rende à nouveau humains, proches dans leur simplicité de vie de ceux qui les ont élus, que leur banalité soit si banale qu’on ne la remarque plus et qu’ils puissent enfin faire leur travail, sans qu’on ne se focalise sur une place de métro, un excès de vitesse, ou un dimanche champêtre à Versailles.

Par Dom B.
Chroniqueuse- Nouvel Obs Article original


Valérie Trierweiler par

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marman68

Les 100 jours de monsieur hollande sont une vraie catastrophe, et pour la france, et pour l’éconnomie française, ainsi que pour la politique étrangère. Mais attendez, car ça ce n’est qu’un début. Vous allez constatez que monsieur hollande peut faire bien pire, et il va le faire .

marman68

et puis il y a autre chose : si 54% des français sont insatisfait de sa politique et de sa façon de gérer le pays Pourquoi ont-ils voté pour lui ??? Autre chose : Regardez le blocage des prix des carburants, ils fera comme le blocage d’EDF, GDF ET ce n’est qu’a la fin de son mandat qu’il y aura une augmentation pour les 4 ans qui auront passés, alors à vous automobiliste économisez maintenant, car dans 4 ANS JE VOUS PROMET LA DOULOUREUSE Alors que le prix du baril augmente en taxes et en T V A ( qui entre nous soit dit: Que c’est hollande et son gouvernement qui l’a augmenté, Croyez-vous que vous allez payer moins chère votre carburant pendant bien longtemps ??? LÀ VOUS RÉVEZ .

James

La vraie  »normalite » est de retablir une securite  »normale » pour tous les citoyens francais, en particulier les juifs que l’on attaque sans cesse.
Ces juifs francais se font attaquer non pas directement a cause des maghebins mais a cause de la classe politique antisemite et anti sioniste des Melenchon, des Joly…… qui les encouragent !
MR LE PRESIDENT, APPLIQUEZ VOTRE NORMALITE A TOUS VOS CITOYENS !

marman68

On voit hollande dans un magasin d’alimentation mais ne vous leurrez pas le magasin est fermé, moi président a t-il dit: je prendrai le train, mais il a quand même prit l’avion pour rentré chez lui, et ca tout de suite après qui l’est été élu, NON… ne vous leurrez pas il prendra le temps de nous prendre pour des C…

marman68

Je suis à deux cent pour cents d’accord, au moins sako quand il était président de la république avait la descence d’être marié, mais… en parlant de descence peut-être que hollande n’en a aucune ???

Marguerite

Valerie Machin ne peut pas etre « premiere dame ». Ell n’est pas l’epouse de Hollande, mais sa maitresse.

Qu’elle reste dans son appartement du 15eme, elle n’a rien à faire à l’Elysée.