Qatar : quand les « experts » jouent au pays des collecteurs de fonds du djihadisme

 
 
 
 

INTERNATIONAL – Hasard funeste du calendrier sportif international, le Mondial de handball qui se tient cette année au Qatar a débuté une semaine après les attentats criminels commis à Paris par des terroristes islamistes fanatisés agissant au nom des succursales de l’Internationale djihadiste et, assurent-ils, du prophète Mahomet et d’Allah. L’équipe française des « experts », avec à sa tête Nicolas Karabatic, l’idole mise en cause dans l’affaire des paris et match truqués, a donc rejoint les salles de sport high-tech et les hôtels de luxe de la monarchie wahhabite pour vivre « sans amalgames » ni « diabolisation » une compétition « organisée de manière tout à fait performante » aux dires de Claude Onesta, l’entraîneur des Bleus (AFP, 14 janvier 2015). Les bons vœux de réussite du gouvernement français, un dispositif sécuritaire « rassurant » et l’argent du contribuable les accompagnent dans cet enfer climatisé où meurent chaque année des milliers de travailleurs migrants qui construisent les stades du Mondial de football de 2022 et quelques autres infrastructures mégalomaniaques. Alors qu’est encore vive l’émotion provoquée par la barbarie meurtrière qui s’est déchaînée dans Paris, il s’agit là d’une grave compromission des instances sportives et politiques françaises avec un régime qui est l’un des principaux foyers idéologiques de l’intégrisme islamique, celui-là même qui a assassiné des membres de Charlie Hebdo, des policiers et des Juifs. Il est temps que cesse le discours hypocrite qui prétend qu’il ne faut pas « mélanger le sport et la politique ». Le Qatar, lui, n’hésite pas à faire du sport un vecteur décisif de conquête médiatique, financière et idéologique.

Les grands événements sportifs mondiaux achetés par le Qatar aux fédérations sportives internationales – en même temps que leur silence – servent à la fois d’appareils de légitimation du régime et de vitrines propagandistes qui voilent la véritable nature archaïque et obscurantiste de l’Émirat. Il faut bien s’en rendre compte, le Qatar tente de réaliser l’alliance de l’islamisation des consciences et de la sportivisation du monde en teintant l’opium sportif aux couleurs de l’islam. En devenant en effet l’incontournable trésorier du sport-spectacle de compétition dont l’appétit ne cesse de croître (achat de clubs emblématiques en Europe, sponsoring tentaculaire, chaînes et opérateurs de sport, fonds d’investissement dans l’événementiel sportif, etc.), la pétromonarchie influence directement les mesures prises par les organisations du sport mondial. La FIFA et le CIO n’ont pas mis longtemps à autoriser le port du voile dans le football et les sports féminins. Et cela ne scandalise aucun handballeur français venu « faire son métier » à Doha de savoir que les campagnes officielles de sensibilisation de la population qatarie au handball reposent sur des mini tournois pour les garçons et des cours de chant pour les filles… Le Qatar – qui exploite les travailleurs migrants dans des conditions de travaux forcés et maintient la cage de fer de la charia, de la peine de mort et de la flagellation – bafoue ouvertement les droits de l’homme et les libertés démocratiques les plus élémentaires. Les prétendues « valeurs universelles » du sport seraient-elles à présent devenues islamo-compatibles ? Les sportifs français doivent-ils se muer en ambassadeurs du modèle qatari ?

Les attentats de Paris obligent aujourd’hui à une prise de conscience et les autorités sportives ne peuvent plus éluder leur responsabilité : les terrains de handball et de football du Qatar sont aussi des lieux qui confortent une dictature religieuse expansionniste. Nul ne peut plus ignorer en effet que le régime qatari, dont la religion d’État est l’islam wahhabite, est lourdement suspecté par divers services de renseignement français et américains de financer la propagande djihadiste, des camps d’entraînement militaire en Tunisie et en Libye et des opérations terroristes de l’islamisme radical. Les diplomaties du monde entier connaissent bien l’implication du Qatar dans la montée en puissance des rebelles islamistes en Syrie et, par voie de conséquence, du groupe de l’État islamique Daesh. Il est aussi de notoriété publique que le Qatar aide le Hamas à concrétiser son rêve de « rayer » Israël de la carte et d’établir une théocratie islamique en Palestine. Il n’a échappé à aucun observateur que l’idéologie islamiste qui se répand dans les médias qataris prône la répression des « infidèles », des « apostats », des libres penseurs, des homosexuels et que la « police des mœurs » entend imposer la soumission des femmes « rebelles », y compris par la violence physique.

C’est pourquoi en acceptant de participer au Mondial de handball organisé par le Qatar, une semaine seulement après avoir témoigné son soutien à Charlie Hebdo, l’équipe des « experts » censée « faire rêver » les Français se rend complice d’une lâcheté politique que Cabu, Charb, Honoré, Wolinski, Tignous et Maris ont toujours dénoncée : celle qui consiste à jouer au ballon pendant qu’on étrangle les libertés au nom de la Théocratie, qu’on extermine au nom du fascisme, ou qu’on massacre au nom d’Allah.

Jacques Ardoino, Professeur émérite en sciences de l’éducation à l’Université Paris VIII
Patrick Baudry, Professeur de sociologie à l’Université Bordeaux III
Jean-Marie Brohm, Professeur émérite de sociologie à l’Université Montpellier III
Renée Fregosi, Philosophe et directrice de recherche en science politique à l’Université Paris III Sorbonne Nouvelle
Jacques Gleyse, Professeur des Universités en STAPS
Claude Javeau, Professeur émérite de sociologie de l’Université Libre de Bruxelles
Robert Misrahi, Professeur émérite de philosophie éthique à l’Université Paris I
Fabien Ollier, Directeur de publication de la revue Quel Sport ?
Louis Sala-Molins, Professeur émérite de philosophie politique à l’Université Toulouse II
Pierre-André Taguieff, Philosophe et politologue, directeur de recherche au CNRS
Magali Uhl, Professeure de sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), Canada
Patrick Vassort, Maître de Conférences à l’Université de Caen
Georges Elia-Sarfati, Professeur des Universités, Directeur Pédagogique du Centre Universitaire Sigmund Freud (Paris)

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yaakova

C’est incompréhensible qu’Israël accepte cela, cela surprend. Quant à la France, rien de surprenant ; nous savons tous qu’elle joue double-jeu depuis plus de trente ans !

blum

Cet article, qui fait écho à un article, plus haut: ‘La Qatar finance l’élite du football israélien » , me laisse une impression de malaise.
Oui, nous sommes vendus au Qatar!
Oui, nos dirigeants ont livrél le peuple français, toute honte bue, à l’islam conquérant.
Nos intellectuels, nos médias —à peu d’xceptions près—, ont été, sont des pièces-maîtresses dans la félonie. Alors, les sportifs !…
Là où je saisis moins, c’est que le club israélien de SAKHNIN ACCEPTE L ARGENT DU QATAR QUI FINANCE LE HAMAS QUI TUE DES SOLDATS ET DES CIVIS ISRAELIENS.