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Les 20 et 21 juin 2015, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a entrepris un marathon afin de rencontrer les acteurs du Moyen Orient (le Président égyptien Sissi, le Roi Abdallah II de Jordanie, le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et le premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu), afin de les convaincre d’adopter la résolution qu’il entend soumettre à l’Assemblé générale des Nations Unies. Le Ministre souhaiterait modifier la méthode de ce qui est couramment (mais improprement) appelé «  les négociations de paix » : « la méthode doit évoluer. Celle des face-à-face directs entre Israéliens et Palestiniens, sous le patronage américain, a échoué. Il faut sortir de ce tête-à-tête avec un accompagnement international intense ».

 

Il n’est pourtant pas certain que le mode opératoire français soit parfaitement adapté. Le projet de résolution soumis aux partenaires européens et à la ligue arabe peut se résumer comme suit : soit les parties s’entendent dans un délai de 18 mois sur le principe de la création d’un État palestinien sur la base des frontières de 1967 avec des échanges mutuellement agréés de territoires, Jérusalem comme capitale des deux États, le retrait de l’armée israélienne des territoires palestiniens, et une solution pour les réfugiés palestiniens sous la forme de compensation financière, soit …la France reconnaîtra l’Etat palestinien (sic).

 

Pour fonder son diktat, Laurent Fabius a expliqué que : « le processus de paix n’a plus de processus que le nom, et on est encore loin d’une perspective des pourparlers ». Bien évidemment, cette course folle de la diplomatie française est parfaitement absurde en ce qu’elle impose les conditions de la paix à Israël en contournant les négociations, et qu’elle occulte les données géopolitiques nouvelles.

 

Les acteurs rencontrés sont en paix les uns avec les autres

La première observation qu’il convient de faire tient à la personne des acteurs rencontrés. Le Ministre des Affaires Etrangères opère un tour de force pour faire avancer les négociations de paix mais il ne rencontre que les acteurs qui sont en paix, les uns avec les autres. Israël a signé la paix avec la Jordanie et avec l’Egypte et entretient d’excellentes relations avec Mahmoud Abbas qui lui apporte un soutien considérable dans le cadre des engagements sécuritaires. Régulièrement, l’Autorité palestinienne procède à l’arrestation de terroristes en Cisjordanie ou de personnes qui y sont affiliés, comme les deux étudiants proches de la mouvance Hamas arrêtés le 19 juin 2015, après qu’une fouille ait été opérée dans leur habitation (ce qui n’a pas manqué de provoquer la colère du mouvement terroriste qui contrôle la bande de Gaza).

 

Inversement, il est regrettable que Laurent Fabius n’ait pas envisagé de rencontrer les Brigades Al Qassam (que Mahmoud Abbas ne contrôle pas), qui ont pourtant revendiqué l’assassinat perpétré à proximité de Ramallah le 19 juin 2015, alors même que ce mouvement vient de confirmer que « la résistance et le djihad se poursuivraient ». C’est la première erreur du Ministre des Affaires Etrangères.

Les palestiniens sont dans l’incapacité de s’autodéterminer

Laurent Fabius omet également de prendre en considération le fait que les palestiniens sont dans l’incapacité de s’autodéterminer. En d’autres termes, la France essaie de favoriser le droit d’un peuple à disposer de lui-même alors qu’il en est lui même incapable. En avril 2014, le Fatah et le Hamas ont entrepris un processus de réconciliation pour mettre fin à leur scission survenue en 2007 (c’est à dire depuis 8 ans), en vue de relancer le mécanisme des négociations avec israël. Or, peu de temps après l’annonce de cette réconciliation, trois jeunes juifs ont été enlevés et sauvagement assassinés par des membres du Hamas, ce qui fut à l’origine de l’opération bordure protectrice de l’été 2014 dans la bande de Gaza.

 

Or, en juin 2015, et bien qu’aucun scrutin électoral n’ait été proposé aux palestiniens plus d’un an après sa nomination, le gouvernement provisoire d’union nationale a présenté sa démission  au Président de l’Autorité Palestinienne (qui est lui-même illégitime en l’absence d’élection depuis 2009). Rappelons à cet égard que le Hamas a lui-même rejeté expressément cette démission qu’il assimile à une décision unilatérale puisqu’il n’y a pas été associé.

 

Il est surprenant que le Ministre français ne prenne pas en considération cet incapacité pour les palestiniens de s’auto administrer et de se réconcilier autour d’un projet national voire, plus généralement, de constater que les palestiniens n’ont aucun projet national. Lorsque les acteurs admettront que le peuple palestinien a été inventé dans le but exclusif d’éradiquer Israël, ils comprendront mieux pourquoi il est si difficile pour les palestiniens de vivre en paix aux côtés de l’Etat juif.

 

L’inutilité des négociations entre Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu.

 

La diplomatie française soutient que «l’affaiblissement de la partie palestinienne ne pousse pas à la reprise d’une discussion crédible. Mais nous sommes convaincus que l’inertie est mortifère. La poursuite de la colonisation met à mal la viabilité de la solution à deux États, et les fortes tensions sur le terrain risquent de nouveau de déboucher sur des violences : nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre à Gaza ». Le problème résulte précisément de ce que Mahmoud Abbas n’a pas la moindre légitimité auprès des palestiniens qu’il a d’ailleurs du mal à tenir. La mission du gouvernement d’union national, parfaitement moribond, sans pouvoir, sans prérogatives, sans objectifs, sans unité idéologique, était donc vouée à l’échec. Laurent Fabius n’a ainsi aucun interlocuteur pour avance, côté palestinien.

 

Daesh s’invite dans le processus de discussion

 

Enfin, le Ministère des Affaires Etrangères a motivé l’initiative française pour endiguer la progression du troisième acteur, en l’occurrence Daesh (dont l’essor constitue le problème majeur du Proche Orient selon le premier Ministre Netanyahu) « On ne peut plus isoler le conflit israélo-palestinien du contexte régional », d’autant que « Daesh pourrait s’intéresser au conflit israélo-palestinien. Ce prétendu califat, qui manque d’une cause, pourrait s’en saisir, ce qui serait catastrophique tant pour la région que pour la sécurité de nos propres pays car cela augmenterait son pouvoir d’attractivité ». Manifestement, Laurent Fabius s’obstine à régler un problème israélo palestinien sans en approcher les racines.

 

Il n’y pas de problème israélo palestinien : le seul problème est celui de la présence d’Israël dans cet endroit du monde. L’Olp a essayé de le régler en créant le concept de « palestiniens » et en incitant le peuple créé à combattre Israël sur un fondement national. Lorsqu’en 1987, l’Olp était sur le point de renoncer à son combat, le Hamas a pris le relais mais désormais sur un fondement religieux. Désormais, le Hamas est sur le point de renoncer à ce combat avec un projet de trêve sur une durée de 5 ans en contrepartie de l’ouverture d’un port. Une telle trêve deviendrait alors irréversible et les palestiniens commenceraient à construire leur unité économique localement. Daesh vient donc, à point nommer, se substituer au Hamas pour reprendre le flambeau de l’éradication d’Israël. Une fois encore, il est regrettable que le monde se focalise sur les évènements de 1967, sans prendre en compte des données de 2015.

 

Par Maître Ramas-Muhlbach

 

 

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