Affaire 4000 : une juge et un avocat accusés de collusion contre Netanyahou, exclus du dossier.
Un trafic d’influence cousu de fils blancs à gauche?
Jack GUEZ (AFP)
Un échange de messages présumés entre la juge présidant les audiences dans le cadre de l’affaire 4000, et l’avocat représentant l’Autorité israélienne de régulation des marchés financiers (ISA), semble montrer une collusion contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, mis en cause dans le dossier, a rapporté dimanche soir la chaîne israélienne Channel 10.
Des révélations chocs qui ont mené dans l’heure, à l’exclusion des deux protagonistes dans ce dossier par ordre direct du ministère de la Justice.
Le reportage montrait une correspondance présumée via la plateforme de messagerie Whatsapp entre la juge Ronit Poznanski-Katz et l’avocat Eran Shahm Shavit, évoquant la durée de la mise en examen des suspects arrêtés dans l’affaire Bezeq.
Dimanche dernier, sept suspects ont été arrêtés par la police israélienne : le principal actionnaire de la société, Shaul Elovitch, son épouse Iris Elovitch et son fils Or Elovitch, la PDG du groupe, Stella Handler, le directeur de la stratégie et du développement commercial de la société Amikam Shorer, l’ancien directeur général du ministère des Communications, Shlomo Filber, et l’ancien porte-parole personnel du Premier ministre, Nir Hefetz.
« Super, au moins la bonne nouvelle c’est que Or et Amikam seront relâchés demain sous conditions. Aie l’air surprise », a écrit M. Shavit selon Channel 10. « Je commence à travailler sur une expression appropriée de surprise totale », a alors répliqué la juge.
Lors d’une autre conversation, l’avocat de l’ISA a déclaré au sujet de Stella Handler et Iris Elovitch : « nous demanderons trois jours, mais tu peux nous en donner deux ». « Continue à m’informer de tout, nous devrons avoir l’air d’être vraiment, vraiment surpris », a répondu la juge.

Court Authority website
Selon la presse, les investigations dans l’affaire 4000 portent sur des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, en contrepartie d’une couverture favorable à Benyamin Netanyahou et son épouse Sara dans Walla, un des sites d’information les plus influents, propriété de M. Elovitch.
Ces accusations seraient basées sur des enregistrements livrés aux enquêteurs par un témoin clé de l’affaire, le PDG de Walla, Ilan Yeshua, a-t-on appris jeudi.
Mercredi, Shlomo Filber, ancien proche conseiller de Netanyahou, a conclu un accord avec la police acceptant de se porter témoin d’accusation dans cette affaire, afin d’éviter la prison en échange de précieuses informations.
M. Filber est soupçonné par la police d’avoir servi d’intermédiaire entre les Netanyahou et Shaul Elovitch dans les affaires concernant Bezeq et Walla.
De leurs côtés, les enquêteurs tentent toujours de convaincre Nir Hefetz, principal conseiller de Netanyahou qui aurait négocié l’accord présumé entre Netanyahou et Elovitch, de devenir aussi témoin d’accusation.
Par ailleurs, un nouveau suspect a été arrêté et interrogé, a déclaré dimanche la police israélienne, sans révéler l’identité de l’individu.
Plus tôt dimanche, les médias israéliens ont révélé que Benyamin Netanyahou devrait être interrogé vendredi en tant que suspect dans le cadre de l’affaire 4000, et en tant que témoin dans l’affaire 3000.
Dans « l’affaire 3000 », dite des sous-marins allemands, M. Netanyahou sera questionné à propos de soupçons de corruption présumée autour de la vente par l’Allemagne à Israël de trois sous-marins militaires du géant industriel ThyssenKrupp.
Cette information n’a toutefois pas encore été confirmée par la police.
La police, qui a interrogé M. Netanyahou à sept reprises depuis début 2017, avait recommandé le 13 février son inculpation pour corruption, fraudes et abus de confiance dans deux autres dossiers.
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