Benny Gantz, head of Blue and White party, speaks at a rally, part of final election campaign events, in Tel Aviv, Israel April 7, 2019. REUTERS/Ammar Awad

AMMAR AWAD / REUTERS

À l’issue des élections législatives, la tâche de former un gouvernement pourrait ne plus revenir à Benjamin Netanyahu.

INTERNATIONAL – Pour la première fois en treize ans, une nouvelle figure pourrait émerger des élections législatives qui se déroulent ce mardi 9 avril en Israël. Son nom? Benny Gantz, de la liste “Bleu-blanc”, devenu le nouvel ennemi d’un Benjamin Netanyahu fragilisé.

Ce mardi 9 avril, les Israéliens se rendent aux urnes pour élire les députés qui siégeront à la Knesset. Mais le choix du premier ministre découle en grande partie de ce vote: il appartient en effet au président de l’État hébreu de choisir, en fonction des résultats, qui il charge de former une coalition gouvernementale.

Depuis dix ans, la tâche est revenue à Benjamin Netanyahu. Mais les élections de ce mardi pourraient bien offrir le pouvoir à un homme “novice” de la politique.

Benny Gantz, 59 ans, n’a lancé son parti “Résilience pour Israël” qu’en décembre 2018. Pourtant, il a immédiatement suscité un certain engouement: lors du lancement de sa campagne en janvier, les sondages publiés par la radio et la télévision publiques, ainsi que par une chaîne privée, créditaient son parti de 15 sièges sur 120 au Parlement.

Depuis, les sondages n’ont cessé d’évoluer en sa faveur. Et à la veille de l’élection, “Résilience pour Israël” arrivait au coude à coude avec la liste conduite par le Likoud de Benjamin Netanyahu, avec une trentaine de sièges prédits pour chaque parti.

Un passé dans l’armée, point fort de Gantz

Cette popularité, Benny Gantz la doit en grande partie à son passé au sein de l’armée. Aux yeux de nombreux Israéliens, ses services sous l’uniforme, bien connus de l’opinion, sont comme un résumé de l’histoire militaire nationale, des guerres du Liban à celles de Gaza, en passant par les soulèvements palestiniens.

Né en juin 1959 dans un village du sud d’Israël fondé par des immigrants rescapés de la Shoah, Benny Gantz, marié et père de quatre enfants, a une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, un master en sciences politiques de l’université de Haïfa et un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux États-Unis.

Mais c’est essentiellement son parcours militaire qui lui vaut les faveurs de la population. Après avoir rejoint l’armée en 1977 pour y faire son service national, Benny Gantz intègre les rangs des parachutistes.

Par la suite, il prendra les commandes de la Shaldag, unité d’opérations spéciales de l’armée de l’air, avant d’être nommé chef d’une brigade puis d’une division en Cisjordanie occupée. Entre 2005 et 2009, il est nommé attaché militaire d’Israël aux États-Unis, puis chef d’état-major entre 2011 et 2015.

Dans un pays où la défense et la sécurité comptent parmi les principales préoccupations, ces faits d’armes jouent bien évidemment en faveur de Benny Gantz.

L’ancien parachutiste l’a d’ailleurs bien compris et mise sur son image d’homme “fort” pour attirer les électeurs: avant même le lancement de sa campagne, il a publié trois vidéos relatant ses faits d’armes, dont l’élimination d’un chef du Hamas ou une partie de la destruction de Gaza.

“Les jours où je commandais l’unité de combat Shaldag dans des opérations en territoire ennemi au risque de nos vies, toi, Benjamin Netanyahu, tu progressais avec courage et détermination d’une séance de maquillage à l’autre sur les plateaux de télévision”, a taclé Gantz en février devant ses partisans, jouant sur l’image controversée de stratège (trop) rusé de l’actuel chef de gouvernement.

Gauchiste” pour Netanyahu, centre-droit sur le papier

Politiquement parlant, Benny Gantz est situé au centre-droit de l’échiquier politique israélien. Et sur bien des points, ses positions ne sont pas si éloignées de celles de l’actuel premier ministre, qui a cependant affirmé que ceux qui comme Gantz se disent “ni de droite ni de gauche, sont en fait de gauche”.

Moins radical que Benjamin Netanyahu sur le conflit israélo-palestinien, Benny Gantz se dit favorable à une “séparation avec les Palestiniens”, sans ouvertement évoquer la solution des deux États.

Il a cependant pris position contre tout retrait israélien du plateau de Golan, de la vallée du Jourdain en Cisjordanie occupée, ou encore de Jérusalem-est annexée, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’État auxquels ils aspirent.

À propos de l’Iran, ennemi juré d’Israël, il a également affirmé qu’il constituera -s’il en a l’occasion- un gouvernement qui fera ”échec à tous les complots du président Rohani”, quitte à miser sur des opérations militaires.

Mais son angle d’attaque favori reste l’actuel chef du gouvernement, empêtré dans un scandale de corruption qui pourrait bien coûter des voix au Likoud.

“La simple idée qu’un premier ministre puisse exercer le pouvoir alors qu’une inculpation est présentée contre lui me semble ridicule, cela n’arrivera pas”, a déclaré Gantz en janvier.

Moi, j’ai les mains propres, je ne dois rien à personne et mon gouvernement fera preuve de zéro tolérance envers toute forme de corruption”, a-t-il assuré.

À défaut de proposer un changement politique radical, Benny Gantz mise donc surtout sur la lassitude des Israéliens vis-à-vis de celui qui les dirige depuis dix ans.

Derrière le choix du premier ministre, le jeu des alliances

Malgré les sondages qui placent la liste “Bleu-blanc” au même niveau que celle du Likoud, l’avenir de Benny Gantz et de Benjamin Netanyahu peut cependant ne pas directement dépendre du choix des urnes.

41 listes ou partis sont en effet représentés lors de ces élections, et il est quasi impossible que l’un d’eux obtienne la majorité nécessaire (61 sièges) pour former un gouvernement.

La tâche revient donc au président, qui consulte l’ensemble des partis pour savoir qui a le plus de chances de former une coalition. Et il n’y a aucune obligation à ce que le premier ministre soit issu du parti qui remporte le plus de sièges.

Tout l’enjeu pour Benny Gantz repose donc sur les alliances qu’il réussira (ou pas) à créer afin de former un gouvernement de coalition.

Au cours de la campagne, il s’est déjà assuré le soutien de deux autres listes, celle de Moshe Yaalon, ex-chef militaire réputé très à droite, et celle du centriste Yaïr Lapid, à la tête du parti Yesh Atid (“Il y a un avenir”), qui compte actuellement 11 députés sur 120 au Parlement.

Mais s’il veut avoir une chance, le chef de “Bleu-blanc” va aussi devoir grappiller d’autres voix à droite de l’échiquier politique, chasse gardée de Netanyahu.

Pour éviter de voir ses soutiens céder à Gantz, le premier ministre actuel a d’ailleurs forgé ces dernières semaines des alliances controversées.

“Quels que soient les résultats, former une coalition n’aura probablement jamais été aussi compliqué depuis 1961”, avance auprès de l’AFP Abraham Diskin, professeur de sciences politiques, en faisant référence aux mois nécessaires à David Ben Gourion pour constituer un gouvernement.

Jade Toussay avec AFP

Le HuffPost

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

3 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
ixiane

Il veut séparer les palestiniens…. mais ils resteront au cœur d’ISRAEL ?? Il va faire comme SHARON , créer un 2ème gaza au cœur du PAYS !!!! pour donner du boulot à l’armée !! Il faudrait un homme sérieux qui annexe la zone C !!! BENNETT !!!!

gerardnium

Article très clair et impartial, il faut que les soutiens de Bibi arrêtent avec la schizophrénie ça devient ridicule !!!!!

KIGEM

ÉDITORIAL ANTI BIBI CELA N ÉTONNERA PERSONNE SACHANT QUE L’AFP A PARTICIPÉ À SON ÉCRITURE.