«La capacité éprouvée d’Israël à effectuer simultanément plusieurs missions est sur le point d’être mise au défi comme jamais auparavant», a déclaré Binyamin Netanyahu jeudi 26 septembre, lors d’un toast du Nouvel An au forum de l’état-major de l’armée. Le Premier ministre et le ministre de la Défense a poursuivi en déclarant : « Jusqu’à présent, nous avons piloté les affaires (militaires) avec audace et responsabilité dans plusieurs arènes, parfois simultanément, mais pas jusqu’à présent dans le cadre d’une confrontation globale ».

Netanyahu n’a jamais évoqué la guerre totale comme une éventualité distincte, mais seulement comme une issue qu’on peut encore éviter (« jusqu’à présent ») par une navigation «audacieuse et responsable» sur plusieurs fronts.

DEBKAfile explique ce changement de ton par les événements survenus au cours des deux dernières semaines. Les efforts pour organiser un sommet entre les présidents américain et iranien à l’ONU ont échoué, et l’Iran sait que des sanctions encore plus sévères sont donc à prévoir, y compris une interdiction frappant les navires chinois qui brisent l’embargo sur ses ventes de pétrole. Téhéran a, par ailleurs, estimé que son attaque par drones et missiles de croisière sur une infrastructure pétrolière saoudienne était un grand succès ; il ne cache pas son intention de poursuivre par des frappes plus dévastatrices encore contre les alliés régionaux de l’Amérique.

En effet, le 22 septembre, le porte-parole iranien Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, et les médias de Téhéran ont désigné les Émirats arabes unis comme la prochaine cible après l’Arabie saoudite. Un communiqué cité par les médias iraniens a révélé : « Un ultimatum final est lancé aux Émirats arabes unis, explicitement et par l’intermédiaire d’une tierce partie, soit pour qu’ils se retirent de la guerre au Yémen, au nord et au sud, soit pour se préparer à recevoir leur part d’attaque punitive.  ”L’avertissement ajoute : “ Ce serait une attaque cruelle contre un pays qui n’a jamais été confronté à l’épreuve du feu à l’intérieur de sa maison (du pays). ”

En l’absence de réponse militaire américaine à l’attaque contre le pétrole saoudien, Téhéran pense qu’il peut frapper en toute sécurité quand et comme il le souhaite.

Les médias israéliens étant exclusivement préoccupés par l’impasse politique nationale, une troisième élection générale apparaît, dans la conscience nationale, plus réaliste qu’une guerre générale. Cependant, l’avertissement de Netanyahu à la veille du Nouvel An était solidement fondé sur une série d’événements inquiétants. Les généraux auxquels il s’adresse travaillent donc sur deux hypothèses :

1. Il n’y a aucune certitude que la prochaine «attaque punitive» de l’Iran ne s’abattra pas contre Israël avant les Émirats arabes unis. Tsahal est donc en train de se préparer à repousser les missiles de croisière iraniens et les drones explosifs susceptibles de viser des cibles stratégiques en Israël à partir de différentes sources – Iran, Irak, Syrie, Liban et / ou de la bande de Gaza.
2. Même si l’Iran frappe d’abord les EAU, Téhéran n’abandonnera pas l’option de punir Israël ensuite.

La décision de l’administration Trump de ne pas entrer en guerre avec l’Iran laisse au régime des ayatollahs toute latitude pour tenter de briser l’alliance entre le renseignement militaire et le renseignement liant l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Israël. L’opinion dominante dans le forum de l’état-major de Tsahal est que les Iraniens ne laisseront pas passer cette occasion. Ce que les stratèges israéliens essaient de décider en ce moment est donc de savoir si l’armée israélienne devrait attendre que l’Émirat du Golfe et Israël soient frappés de plein fouet – dans quelque ordre que ce soit – ou si elle doit mener une action préventive. Dans les deux cas, la guerre totale apparaît inévitable.